Mauve, lierre terrestre, consoude, plantain, bardane… Ces plantes sauvages comestibles abondent en milieu urbain mais elles nous sont pour la plupart étrangères. Un lien avec le végétal rompu que Mathilde Simon, formatrice ethnobotanique, vous propose de retisser au cours de sorties nature, le nez dans l’herbe, les sens en éveil.
Pour vous, c'est une banale prairie, un carré d'herbe ou un parc où jouer au mölkky. Pour Mathilde Simon, c'est un vivier, un espace de cueillette de plantes comestibles, aromatiques ou médicinales.
Lors de notre sortie d'initiation à l'arboretum Ruffier-Lanche sur le campus de Saint-Martin-d'Hères, quelques mètres de marche ont suffi à la jeune femme pour repérer la mauve sylvestre, là où nous aurions posé notre plaid à pique-nique sans nous douter que nous écraserions la douce Malva sylvestris (son nom latin). Sacrilège !
« La mauve est entièrement comestible. Elle a été cultivée comme plante potagère au temps de la Grèce antique et on retrouve tout au long de l'histoire des utilisations en phytothérapie, notamment pour les muqueuses irritées. Je l'utilise personnellement pour épaissir certains potages », explique Mathilde aux participants qui photographient, prennent des notes, sentent, touchent et goûtent les plantes tout au long du circuit riche en découvertes.
« Pour des sorties courtes comme celle-ci, je privilégie une approche sensorielle des plantes. L'odorat, le goût, le toucher accrochent mieux les personnes et complètent ce que l'on peut trouver dans les livres ou sur les sites. »
Pour les sorties plus longues, d'autres manières d'appréhender les plantes sont utilisées : philosophique, poétique, symbolique, thérapeutique, historique ou culinaire (avec des ateliers de cuisine en partenariat avec le restaurant l'Aiguillage). Un savoir encyclopédique que Mathilde Simon a accumulé au cours de ses années d'étude jusqu'au doctorat.
Cet intérêt pour le monde végétal remonte à son enfance à la campagne : « Mon métier est la continuité d'une passion pour la biologie que j'entretiens depuis que je suis petite. J'aimais observer et comprendre comment ce monde-là fonctionnait. Je ramenais de la bibliothèque des livres sur les cellules, l'anatomie, les fleurs. »
Mathilde envisage ses formations comme un moyen de reconnecter l'homme au végétal, afin qu'il retrouve sa place parmi la biodiversité. « Je suis persuadé qu'il y a beaucoup de choses à faire avec les plantes pour améliorer la vie des hommes, particulièrement en ville », estime Mathilde qui note un certain engouement pour ses formations mais des motivations diverses selon les participants.
« Pour certains, c'est le simple plaisir de ramener quelques plantes à déguster après une balade. D'autres visent la possibilité de pouvoir se nourrir occasionnellement. Plus surprenant, beaucoup de personnes sont inquiètes pour l'avenir au regard des problèmes environnementaux et elles sont rassurées de savoir qu'elles peuvent trouver à manger autrement que par les circuits d'alimentation traditionnels. » Si la ville, avec ses parcs et ses prairies, est un milieu accessible et facile pour s'entraîner à identifier les plantes, Mathilde ne recommande pas d'y faire ses cueillettes en raison de la pollution. Mieux vaut faire quelques kilomètres à vélo ou à pied pour trouver des lieux préservés peuplés de plantes saines aux nombreuses vertus pour la santé, foi de scientifique !
Crédits photo : Jérémy Tronc
Infos pratiques
Plus d'infos : https://lechosauvage.fr/
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