Sur le plan du campus, le quartier Mayencin 2 apparaît à l’extrême nord-est, coincé entre l’avenue de Vignate et la rocade, à Gières. On y trouve des bâtiments gris, d’autres couverts de vitres, des hôtels d’autoroute et des œuvres d’art en tout genre. Un curieux mélange des genres !
Tout commence rue des Essarts, tout près de l’arrêt de tram Condillac Universités. Alors que les boîtes de chaussures se succèdent (ces magasins aux façades de métal ondulé plus tristes les unes que les autres), il y a un étrange arrêt de bus. Depuis plusieurs années, il est abandonné aux tags, mais la sculpture subsiste.
Cette « structure en cloche est marquée par des formes abstraites. Les lignes horizontales qui font le tour de la sculpture peuvent évoquer les strates du temps se déposant au fil des siècles », explique le site qui décrit l’oeuvre de Max Herlin, le sculpteur. Mais, à s’y pencher de plus près, et en adoptant une lecture plus féministe, on croit deviner dans ces formes abstraites l'évocation de l’organe féminin, avec ses voluptueuses formes et sa symétrie naturelle. À l’intérieur de cet abri, sur les murs, on trouve des mots, des chiffres, « et des symboles gravés sur les parois évoquent la cité industrielle dans lequel l’Homme évolue », poursuit le site internet.
Cette parenthèse poétique et évocatrice est vite balayée par la réalité, car la cité industrielle apparaît dans sa quintessence, au rond-point qui suit l’arrêt. Il y a d’abord sur la droite, Eurofins Optimed, une entreprise qui propose des tests expérimentaux de médicaments contre rémunération. Son emplacement à proximité du campus et de ses étudiants précaires est idéal et illustre à merveille notre société du profit aux dépens des plus pauvres. De même, l’Hippopotamus est lui le symbole pachydermique de notre société de consommation, version restauration de masse. Max Herlin avait vu juste.
Après le restaurant aux couleurs rouges s’étendent les bâtiments du campus. On y trouve une résidence étudiante (toute vitrée), Floralis (le bâtiment tout orange accueille la branche « entreprise » de l’UGA) ou encore d’autres bâtiments en rez-de-chaussée, où se trouvent des entreprises technologiques. On tourne en rond, on bâille. Il reste à revenir sur nos pas, à la première sculpture, rue des Essarts. Il faut alors bifurquer à gauche, sur la rue de la Condamine. On retrouve nos boîtes à chaussures et même une école de communication.
Après le concessionnaire automobile Mercedes, il faut prendre à gauche, de nouveau, et rejoindre l’Ibis Hôtel de Gieres. Curieuse destination pour trouver de l’art si précieux dans le quartier. Et pourtant, c’est bien ici qu’une exposition d’art contemporain a eu lieu. L’artiste, Clode Coulpier (http://clode.coulpier.free.fr/) s’est entiché du lieu atypique où travaille un de ses amis.
La connexion est surprenante, et lors du vernissage, les élèves d’école d’art se réjouissent devant les œuvres disposées dans l’« espace internet » de l’hôtel, quand les familles en vacances avalent un rapide repas avant de se reposer, et reprennent la route des congés. Les milieux se côtoient et s’étonnent de l’existence de l’un et de l’autre. Le thème de l’exposition (le sentiment amoureux) réconcilie tout le monde. Il est décliné dans une multitude de médiums, avec des photos, de petites sculptures et une boule à facette au sol, où une forme de slow se joue entre un jaguar et un mammifère.
On laisse derrière nous l’hôtel, et on reprend la rue de la Condamine - encore des bâtiments gris et disgracieux -, mais on garde en tête un éclair d’espoir artistique dans cette zone où les voitures filent sur la rocade toute proche.
Alors que cette pensée traverse l’esprit, la rue de la Condamine s’achève, et avec elle apparaît un nouvel abribus. L’univers est plus enfantin, avec des formes abstraites. Là aussi, les graffs sont nombreux, mais les formes colorées dessinées à la bombe semblent répondre aux sculptures, qui peuvent pour certaines être assimilées à des lettres de l’alphabet. Une conclusion qui laisse songeur, avant de revenir à la ville.
Crédits photo : Jérémy Tronc
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