Depuis la rénovation achevée en 2013, la rue est toute pimpante. Le sol de Saint-Laurent est clair et les façades rafraîchies sont chatoyantes. Mais les commerces ont disparu (ou presque), alors qu’elle était jadis si vivante. Reste les ateliers de dessins qui sont désormais rejoints par de nouveaux lieux dédiés à l’art.
Discrète et isolée sur la rive droite de l’Isère, la rue Saint-Laurent recèle des secrets autant historiques qu’artistiques. En arrivant par l’est, la Casemate et l’église Saint-Laurent, vieilles de plusieurs centaines d’années, se dressent sur la place du même nom. Puis, l’une des premières fontaines de la ville, reliée à la source de Rochefort, apparaît au niveau du n° 27 de la rue.
Ces symboles historiques rappellent un temps où la rue était autrefois occupée par une multitude de petits commerces et de troquets. Or, la rue semble parfois anesthésiée. Certes, quelques locaux au rez-de-chaussée sont occupés par des associations de dessins ou d’autres activités, mais l’animation n’est pas folle.
Pourtant, ce sont les espaces culturels qui tiennent le haut du pavé. Ainsi, depuis 20 ans, l’une des plus anciennes galeries de la rue se trouve au croisement à l’angle des rues Saint-Laurent et André-Chevalier. La galerie l’Étranger est créée en 2001 par Hervé Allard, séduit par les grandes baies vitrées de cet ancien restaurant.
En quelques années, il le transforme en galerie qui va accueillir des dizaines d’artistes différents. Depuis quelque temps, des œuvres d’art africaines trônent dans la galerie qu’on peut découvrir d’un coup d’œil à travers les vitres.
Plus récente - elle s’est montée en 2009 et a déjà organisé plus de 100 expositions depuis sa création — la galerie Alter-Art est située au 75 rue Saint-Laurent. Cette mini-galerie associative s’est installée dans un ancien garage, transformé pour accueillir du public. Ici, les médiums affichés aux murs se mêlent, entre peintures, photographies ou expérimentation autour de la nature.
Dernièrement, ce sont les dessins étranges et dérangeants de Tatiana Samoïlovaont (elle vit près de Grenoble) qui ont eu les honneurs de la galerie. Pour octobre et novembre, les photos de Sophie Luchier, plus douces et intrigantes, mêlant portraits et nature lui succédent.
En effet, Alter-Art se consacre à la promotion des créations d’artistes de la région, qui sont peu ou pas assez connus selon les membres de l’association. La structure associative se concentre sur la production artistique locale, et ne prend pas de commissions sur les ventes des œuvres. C’est assez rare pour être souligné.
Entre ces deux (presque) ancêtres de la rue, on trouve au 38 rue Saint-Laurent le Midi-Minuit. Depuis deux ans, l’équipe de bénévoles fait vivre l’ancien antre de la compagnie de Chantal Morel, grande dame du théâtre français.
Le petit collectif organise des concerts (avec des musiciens locaux, des booms, des soirées déguisées), du théâtre (la pièce À tous ceux qui aiment se salir en parlant est en cours de représentation en octobre, une version de Phèdre y a été jouée) et des artistes hybrides et inclassables (comme David Lafore) ont pu s’y défouler.
Ils ont eu la chance de proposer leurs spectacles sur une dizaine de représentations - une manière pour eux de travailler en profondeur leurs créations. D’autant que l’intérieur montagnard du lieu invite à s’y réfugier lors des bruines de novembre.
On s’y sent bien, assis sur les bancs fragiles, avec ces murs couverts de bois et la tête de biche empaillée, presque sympathique. Les événements divers, comme des soirées jeux, prennent aussi pied dans ce petit lieu aux multiples cultures.
Enfin, quelques numéros de rues plus loin, c’est un tout nouveau lieu - ouvert en 2019 - que l’on découvre au numéro 53. L’Écoutille, c‘est son nom, se définit comme un « petit lieu d’art vivant ». On les a vus participer cet été à Digital N [Art] atives (DNA), le festival d’art numérique de Grenoble, et on y a découvert une programmation fournie.
Des représentations théâtrales ont lieu, comme avec le spectacle de Benjamin Renard, Oratorem, qui met en scène un homme qui écrit une lettre sur son vélo, coincé dans un carré dont il ne peut sortir, mais d’où une réflexion profonde va émerger.
Le lieu propose aussi de la location d’espace, pour des sessions de yoga ou des cours de danse et de clown. Enfin, les associations pourront louer des espaces pour organiser différents événements. Dans la rue Saint-Laurent, ces nouveaux venus viennent redonner un coup de neuf, à la fois sur les programmations et les publics attirés, a une rue qui en avait sûrement besoin.
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