La canicule, encore, revient. Et ce n’est qu’un début nous assurent les scientifiques qui préviennent : les Alpes vont être particulièrement sensibles. Alors pour les citadins étouffés, Spot passe en revue les petits coins de fraîcheur planqués dans la cuvette.
Vous n’avez pas de voiture ? La flemme de prendre un bus pour se mettre au frais à Chamrousse ? Encore moins utiliser l’avion pour la Laponie ? Il reste, dans la ville accablée par la canicule, quelques coins de fraîcheur bienvenus et méconnus. Et sans climatisation mortifère, s’il vous plaît. Tour d’horizon en vélo.
Le plus petit
Au musée de Grenoble, la température de l’air est stable pour permettre une conservation idéale des œuvres. Pour conserver aussi les corps des Grenoblois, il offre bien malgré lui, un vent frais qui sort de ses entrailles. Inutile de se rendre à l’intérieur du parking, trop chaud. Il reste un petit coin, bien planqué, qui permet de se rafraîchir naturellement. Pour cela, il faut emprunter la voie de Corato, puis, au niveau de la tour de l’Isle, il faut longer le mur du musée pour rejoindre le parc Albert-Michallon. Sur le sol, au pied du mur du musée, vous verrez des grilles qui permettent l’aération dudit parking. C’est dans la toute dernière section de cette grille métallique que se trouve le coin de fraîcheur tant convoité. L’air sort du sol entre 15 et 20 °C. Certes, on se doit de rester sur un petit mètre carré pour tirer parti de l’air pur. Un plaisir solitaire et fugace, en somme.
Le plus abrité
Pour un abri plus couvert, on peut se tourner vers le parc des Berges de l’Isère. Depuis le musée, il suffit d’emprunter le boulevard Maréchal-Leclerc, en direction du sud, pour tomber sur une muraille au niveau de la tour Belledonne. Là, un parc presque inconnu (si ce n’est aux vététistes, qui ont un terrain de jeu dans le parc) permet de grimper sur la muraille datant du Moyen Âge, et parcourir ce confetti de forêt qui offre un air de sous-bois agréable. Les bestioles s’agitent partout, et le vent qui parcourt les arbres fait bruisser les feuilles. Une petite balade urbaine à la fraîche.
Le plus aquatique
Pour apprécier encore plus la fraîcheur, on peut encore suivre l’Isère, tout en restant côté Île Verte. Depuis le chemin de halage et sa piste cyclable, on rejoint rapidement le pont menant au CHU. Il suffit alors de remonter les quais jusqu’à approcher le débarcadère de l’école d’aviron. Posée sur l’eau, la structure orange flotte et permet aux chercheurs de fraîcheur d’atteindre le Graal : le vent, qui doucement glisse sur l’eau qui ondoie, et vient caresser les peaux suantes.
Le plus sauvage
Enfin, on regrimpe sur le bicycle en direction de Saint-Martin-le-Vinoux. Après les quais, il faut rejoindre la route de Lyon et poursuivre jusqu’à la frontière entre les deux villes. À ce niveau, sur la droite, deux pans de murailles fendent la Bastille. Entre les deux se trouve un ruisseau couvert d’un sous-bois encore sauvage. Il descend de la montagne grenobloise, et part se jeter dans l’Isère, mais entre-temps autorise le visiteur à prendre le soleil tout en bénéficiant d’une température de dix degrés plus basse que la rue. Parfois, on étend une serviette sur l’herbe, tout près de la route. Parfois, on grimpe en cherchant la source de ce ruisseau béni, à travers une forêt bordélique et presque glaciale.
Le plus haut
Enfin, le coin n’est pas secret, mais le sommet de la Bastille est parfait pour tenir le coup. On peut profiter d’un coucher de soleil époustouflant entre Vercors et Chartreuse. Du site, on voit le monument aux morts de la Bastille qui rougeoie sous le soleil. Depuis ces ruines qui dominent la vallée, les températures là aussi baissent drastiquement. Pour les courageux, on prend la tente sur le dos, et on grimpe en une heure ou deux. Pour les moins motivés pour suer, il reste les bulles, puis seulement quelques minutes de marche avant d’atteindre le monument. Tout autour, de petits espaces herbeux attendent les sangliers à la recherche de nourriture, mais aussi des Grenoblois assoiffés de températures en baisse. Si la nuit y est douce, le lever de soleil — que l’on fuit en ville — ne fait que nous bercer à cette altitude.
Crédits photo : JBA
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