Entre Vieux Lyon et Presqu’île, balade de fontaine en fontaine, à la recherche de beauté et d’un peu de fraîcheur en cette période estivale.
Longtemps responsables de l’approvisionnement des habitants en eau potable, les fontaines de Lyon ont désormais essentiellement un rôle d’agrément, tant visuel que sensoriel (que celui qui n’a jamais trempé ses pieds dedans par un temps de canicule vienne nous contredire !). La capitale des Gaules compte aujourd’hui encore 370 points d’eau, dont 80 fontaines ornementales.
L’une de nos préférées se trouve sur la place Saint-Jean (Lyon 5e), en face de la cathédrale, et représente l’épisode le plus célèbre de la vie du prophète : le baptême qu’il a donné au Christ. L’oeuvre, datant de 1844, est dû au sculpteur Jean-Marie Bonnassieux et à l’architecte de la ville, René Dardel. De style Renaissance, elle représente un petit temple à colonne antique, surmonté par un édicule inspiré de certains détails des maisons avoisinantes.
De l’autre côté de la Saône, sur la presqu’île, la fontaine des Jacobins (1885) est l’une des plus célèbres et les plus belles de la ville. Rénovée entre 2011 et 2013, elle est ornée des statues de quatre artistes lyonnais (un architecte, un sculpteur, un graveur et un peintre), appartenant à quatre siècles différents, symboles de l’apport de la cité au “génie français”. Admirez la finesse des poissons, tortues, coquillages et crustacés en marbre blanc qui ornent ces quatre vasques circulaires se jetant l’une dans l’autre !
Des fontaines de tous styles
À peu près au même niveau sur la Presqu’île, mais côté Rhône cette fois, la fontaine de la place Gailleton est de style bien différent. Normal, elle est beaucoup plus récente : elle a été installée en 2005 et propulse, à un rythme irrégulier, des jets d’eau qui forment des arcs de cercle, ce qu’on appelle des “jumping jets”. La nuit, lorsque le plan d’eau s’éclaire, le spectacle est assez fascinant à contempler. Il est à noter qu’avant que la place ne prenne le nom du médecin et maire de Lyon Antoine Gailleton, en 1913, elle s’appelait place Grolier et comprenait déjà une pompe à eau.
Joyau de la place des Terreaux, la fontaine Bartholdi (du nom de son sculpteur, à qui on doit également la statue de la Liberté à New York), dont la (superbe) restauration a été dévoilée l’an dernier, était à l’origine conçue pour la place des Quinconces, à Bordeaux. C’est donc la Garonne, et non le Rhône ou la Saône, qui y est représentée ! La fontaine est rachetée par Lyon en 1890 et inaugurée deux ans plus tard. En 1994, elle quitte son emplacement initial (face à l’Hôtel de Ville) pour s’installer face au Musée des Beaux-Arts.
Si la place ressemble actuellement à un vaste chantier, c’est justement pour une histoire de fontaines, contemporaines celles-ci. Créés par Daniel Buren à la faveur du réaménagement des années 90, ces 69 jets d’eau alignés au carré ont été victimes de malfaçons puis d’une dégradation rapide et n’ont fonctionné que très peu de temps. L’artiste a alors engagé une guerre ouverte de près de 20 ans avec la mairie, exigeant une rénovation de son oeuvre et attaquant en justice un éditeur de cartes postales qui avait eu le malheur de proposer à la vente des photos de la place qui reproduisaient partiellement sa création. La Ville a fini par céder et a engagé en octobre dernier une restauration (qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année) pour un montant de quatre millions d’euros. On espère que pour ce prix, les fontaines Buren vont enfin fonctionner et, qui sait, produire un mariage harmonieux des époques et des styles sur la place des Terreaux.
Crédits photo : Weekend Wayfarer sur FlickrInfos pratiques
Les soirs de fête et par temps chauds, il arrive que les fontaines (notamment celle des Jacobins et des Terreaux) soient littéralement prises d'assaut par des jeunes gens plus ou moins éméchés qui tentent de grimper à leur sommet pour se rafraîchir. Le 15 juillet 2018, après que l'équipe de France ait décroché la deuxième étoile de son maillot en Russie, on en a même vu se baigner en tenue d'Adam... À toute fin utile, et dans l'éventualité d'une victoire des Bleues à la finale de la Coupe du monde de football féminin (qui se jouera au Groupama Stadium de Décines-Charpieu, juste à côté de Lyon, dimanche 7 juillet), on vous informe quand même que « l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende » (art. 222-32 du Code pénal). Et que si certains et certaines ont parfaitement le droit d'apprécier le spectacle, d'autres le ressentiront tout aussi légitimement comme une forme de violence sexuelle. À éviter, donc.
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