Il y a trente ans, Michel Noir était élu maire de Lyon. Si son mandat s’est achevé dans la disgrâce et les affaires, il a aussi vu la concrétisation ou le lancement de plusieurs grands projets.
De l’unique mandat de Michel Noir, élu maire de Lyon il y a trente ans tout juste (en mars 1989), on se souvient surtout qu’il s’est terminé dans la débâcle de l’affaire Pierre Botton, pour laquelle il fut condamné pour recel d’abus de biens sociaux. Mais ses six années à l’Hôtel de Ville ont également été marquées par plusieurs réalisations architecturales ou urbanistiques importantes, à tel point que nos confrères de Tribune de Lyon ont pu écrire en 2013 qu’elles ont “symbolisé la renaissance de la ville à la fin des années quatre-vingt”. On vous propose donc ce mois-ci une visite thématique reliant quelques-uns des symboles les plus marquants de “l’ère Noir”.
S’il n’a ni initié le projet (lancé par son prédécesseur, Francisque Collomb), ni vu son achèvement durant son mandat, la Cité internationale (Lyon 6e), entre le Rhône et le Parc de la Tête d’Or, n’en porte pas moins fortement l’empreinte de Michel Noir. Les travaux ont en effet débuté en 1993 ; la première construction à sortir de terre fut le Centre des congrès (en 1995) et la dernière l’hôtel Crowne Plaza Lyon (en 2006).
Sur l’autre rive du fleuve, la verrière de l’Opéra de Lyon (Lyon 1er) est devenue, en un quart de siècle, l’un des éléments architecturaux les plus emblématiques de la Presqu’île. C’est entre 1989 et 1993 que Jean Nouvel et ses associés rénovèrent l’austère théâtre édifié en 1831 par Antoine-Marie Chenavard et Jean-Marie Pollet. Si la verrière fut critiquée lors de son dévoilement, force est de constater qu’on a aujourd’hui du mal à imaginer l’Opéra de Lyon sans sa coiffe. Du reste, les travaux ne concernaient pas que l’extérieur du bâtiment : l’intérieur (notamment la salle) fut également entièrement rénové.
Déconne pas, la Manu
C’est également à cette époque qu’une partie de l’Université Lyon III – Jean Moulin emménage dans la Manufacture des Tabacs (Lyon 8e). L’usine, construite entre 1912 et 1932, produisait à son apogée près de 30 millions de cigarettes par jour. En 1987, elle cesse ses activités et en 1990, le bâtiment est racheté par la Ville, qui souhaite alors réinstaller l’université au cœur de Lyon, après la création des campus de Bron et Villeurbanne. Sous la houlette de l’architecte Albert Constantin, trois ans de travaux ont été nécessaires pour réaménager le lieu, qui abrite désormais 56 000 m² dédiés à l’étude. La façade d’origine de l’édifice, déjà très colorée le jour, se pare de mille feux une fois la nuit tombée et contribue à en faire un repère dans la ville.
Un peu plus au sud, un autre lieu également dédié à la transmission du savoir a lui aussi vu le jour au début des années 90 : le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation ou CHRD (Lyon 7e), qui prend la suite d’un premier musée inauguré vingt-cinq ans plus tôt rue Boileau (Lyon 6e). Il est symboliquement installé dans les bâtiments mêmes où sévissaient durant l’Occupation la Gestapo et son chef, Klaus Barbie. Le procès de ce dernier, à Lyon, en 1987, relance l’intérêt pour cette période sombre et c’est ainsi que, sous l’impulsion de Michel Noir et de son adjoint Alain Jakubowicz (avocat des parties civiles lors du procès Barbie), le CHRD est inauguré en octobre 1992 en présence du Résistant Jacques Chaban-Delmas et du déporté (et prix Nobel de la Paix) Elie Wiesel. Aujourd’hui encore, c’est sans doute l’une des réalisations les plus importantes de ce tournant des années 80 et 90 qui vit Lyon se transformer pour entrer de plain-pied dans le XXIe siècle.
Crédits photo : Manuel FarnlacherInfos pratiques
Jusqu’au 26 mai, le CHRD accueille Génération 40, une exposition consacrée à celles et ceux qui furent jeunes durant l’Occupation. Des visites guidées (sur réservation) sont proposées le week-end.
CHRD, 14 avenue Berthelot (Lyon 7e) / 04 72 73 99 00 / www.chrd.lyon.fr
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