À l’occasion de la réouverture de la passerelle Saint-Laurent (en octobre), il était temps de se pencher sur l’histoire de nos ponts poussant comme des champignons depuis le siècle dernier. Petit tour chronologique des ouvrages grenoblois.
Sept au-dessus du Drac et onze sur l’Isère : aujourd’hui, les ponts de Grenoble forment autant de traits d’union entre les villes de l’agglomération. Les deux millénaires précédents, c’est l’une des préoccupations quotidiennes des Grenoblois : comment traverser les tempétueuses rivières ?
Coincés dans cette vallée humide, ils ne disposent alors que de la passerelle Saint-Laurent, seul lien tangible qui raccroche la Chartreuse à la ville. Et puis ? Et puis rien, si ce n’est les bacs reliant les rives des fleuves. Il faudra attendre une deuxième réalisation, suite aux ordres du duc de Lesdiguières, en 1621 (il est déjà à l’origine du pont de Pont-de-Claix). Il est achevé en 1670, bien après sa mort.
Dès le siècle suivant, le « pont de pierre », nommé en contradiction de la passerelle (Saint-Laurent) de bois, est fortement endommagé par les crues en 1733, puis en 1740. Il est reconstruit la même année. Nouvelle crue, nouvelle reconstruction en 1839. Cette fois, la pierre de Sassenage est chargée d’ancrer l’ouvrage dans le temps, jusqu’à nous.
Un Drac enjambé tardivement
Si l’Isère a été assez vite franchie, il n’en est pas de même pour le Drac. Jusqu’au XIXe siècle, les bacs reliés par câbles restent le principal moyen de déplacement. Il faudra attendre 1827 pour qu’un premier édifice en fer suspendu fasse le lien entre les deux villes, près de l’actuel pont du Drac.
Géré par une entreprise privée, le pont du cours Berriat est doté d’un péage : chaque passage à un coût, on ne traverse pas pour rien à cette époque. Les Fontainois payeront durant 60 ans jusqu’à ce que la ville de Grenoble, sous la pression des habitants, se décide à bâtir un pont concurrent en 1889.
Ce sera l’ancêtre du pont du Vercors, donnant sur la rue Felix Esclangon. Là aussi le pont est en métal, mais dans un style Eiffel, avec de grosses poutres métalliques qui lui conféreront le surnom de « la cage de fer ». Sur les gravures, on voit d’antiques voitures le parcourir, puis c’est le tram pour la ligne Grenoble–Villard-de-Lans dès 1911.
Obsolète, le premier pont suspendu est remplacé par des arches de béton flambant neuves en 1938. Ce pont, définitivement baptisé « pont du Drac », n’a pas le temps de souffler ses 10 bougies qu’il est déjà détruit par l’armée allemande lors de son départ de la ville, en 1944. Après la guerre, il sera reconstruit tel qu’on le connaît, avec ses affiches et ses messages nombreux, endossant le rôle de crieur public immobile.
Flambant neuf
La pierre et le béton ont composé les ponts d’avant. Dans un mouvement circulaire, les architectes utilisent de nouveau le bois. C’est le cas du pont de Chartreuse qui relie le centre-ville à la Casemate. La partie pietonne est couverte de bois. La chaussée a d’ailleurs été pensée pour les piétons et cyclistes qui disposent de plus de la moitié de l’espace du pont.
Inauguré en 2011, c’est le petit dernier des ponts de Grenoble. Contrairement à son plus vieil ancêtre — la passerelle Saint-Laurent, qui était ancrée par des fondations faites de pieux de bois —, celle du pont de Chartreuse repose sur du béton.
Pendant plusieurs semaines, il a fallu mettre au sec les piles du pont avec des lamelles de métal plantées dans la rivière. Opération compliquée s’il en est, mais qui devrait lui permettre de ne pas se laisser emporter, comme ses prédécesseurs, par le courant de l’Isère.
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