Si Lyon a été épargnée par l’occupation allemande et les bombardements de la Première Guerre mondiale, de nombreux monuments de la ville portent la mémoire de cette période tragique.
À l’heure où l’on commémore le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, l’attention médiatique se concentre souvent sur les régions qui ont le plus souffert de la Première Guerre mondiale, notamment dans le Nord et l’Est de la France. Pourtant, l’historiographie moderne tend à relativiser l’opposition un peu trop facile entre “villes du front” et “villes de l’arrière” au profit d’une approche plus globale du conflit. À Lyon, ville située loin des combats, les traces de la Grande Guerre sont ainsi plus nombreuses qu’on pourrait le penser.
La plus impressionnante est sans doute le monument aux morts de l’Île du Souvenir, au Parc de la Tête d’Or. Édifié entre 1924 et 1930 par l’incontournable Tony Garnier, il rend hommage aux 10 600 Lyonnais tombés au combat, dont les noms sont inscrits sur le cénotaphe (récemment rénové) sculpté par les frères Jean et Auguste Larrivé. À l’origine, l’architecte avait conçu un projet plus monumental encore : un temple à colonnes situé à l’extrémité est du boulevard de la Croix-Rousse, qui devait se situer dans le prolongement de la rue de la République. Mais son idée, trop dispendieuse, a rapidement été abandonnée.
Non loin de là, le lycée du Parc a connu des débuts agités en raison de la Grande Guerre. Sa première rentrée a en effet eu lieu à l’automne 1914, quelques semaines seulement après le commencement du conflit. Dans la cour, les premiers élèves côtoient alors les soldats ! En 1916, le lycée devient même un hôpital militaire, tout comme son voisin (et grand rival) du sixième arrondissement, le lycée Édouard Herriot. Cependant, à la différence de ce dernier, il ne cesse pas pour autant ses fonctions d’enseignement. Ces deux lycées ne sont pas des exceptions : durant la guerre, Lyon devient un immense hôpital. La gare des Brotteaux, toute proche, “devient alors la principale gare d’arrivée en France des grands malades ou blessés évacués du front” écrit l’historien Bruno Benoît dans le Dictionnaire historique de Lyon. On compte ainsi 16 812 blessés à Lyon à la fin du conflit.
Une maman en or
Un peu plus en aval du Rhône, le pont Wilson a fêté cette année son centenaire, puisqu’il a été inauguré le 14 juillet 1918. Il porte le nom du président américain d’alors, façon de remercier les États-Unis de leur entrée en guerre au côté des Alliés l’année précédente.
Plus au sud encore, en passant devant la gare de Perrache, ayez une pensée pour Clothilde Bizolon, dite “la maman des Poilus” ! En 1914, cette authentique “mère” lyonnaise installe dans le hall de la gare une buvette en plein-air (un “pied humide” en parler lyonnais) pour servir gratuitement du café et du vin aux soldats en transit. La mort de son propre fils au front, en 1915, ne l’empêche pas de continuer sa mission qui lui vaut rapidement une très grande renommée. En 1925, elle sera même décorée de la Légion d’honneur pour service rendu à la nation par le maire Édouard Herriot !
Enfin, dans le septième arrondissement, le musée d’histoire militaire de Lyon et sa région consacre évidemment une partie de son exposition permanente à la Grande Guerre. Il offre ainsi à ses visiteurs une bonne occasion de se replonger dans cette période dont les contemporains ont aujourd’hui tous disparu, mais qui continue de marquer le paysage urbain de notre ville.
Crédits photo : La mère Bizolon offrant la soupe à des soldats devant la gare de Perrache durant la Première Guerre mondiale ©DRInfos pratiques
Expositions à voir :
Les Armées dans la victoire, jusqu’au 10 novembre à la Mairie du 6e arrondissement, 58 rue de Sèze (Lyon 6e) / 04 37 27 21 97 / www.museemilitairelyon.com
Souvenir de la Grande Guerre - Les monuments aux morts du Rhône et de la Métropole de Lyon, jusqu’au 15 mars aux Archives départementales et métropolitaines de Lyon, 34 rue du général Mouton-Duvernet (Lyon 3e) / 04 72 35 35 00 / www.archives.rhone.fr
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