Alors qu’on célèbre, comme chaque mois de mai, la fin de la Seconde Guerre mondiale, partons sur les traces de la Résistance à Lyon et du plus célèbre de ses héros, Jean Moulin.
Lyon, capitale de la Résistance ? L’appellation peut sembler un peu chauvine, voire aussi cliché que les quenelles et autres traboules. Pourtant, elle n’est pas usurpée. Durant les quatre années de l’Occupation (1940-1944), Lyon fut bien le cœur français du refus de la barbarie nazie. Et cela en raison non seulement de sa situation géographique (la ville est à la bonne distance, ni trop près ni trop éloignée, à la fois de la Suisse neutre, de Vichy et de la ligne de démarcation qui sépare jusqu’en novembre 1942 la zone Nord et la zone Sud) mais aussi de sa topographie.
Avec ses collines et ses fameuses traboules (auxquelles, décidément, on n’échappe pas !), Lyon offre aux Résistants un terrain de lutte secrète idéal. Ajoutons que, durant l’Occupation, la ville est beaucoup plus peuplée qu’avant-guerre en raison de l’afflux de réfugiés et que ce foisonnement humain favorise toute sorte d’activités clandestines (Résistance, bien sûr, mais aussi marché noir).
Lieux de rencontre
Pieusement conservées après-guerre, les traces de ce passé à la fois douloureux et glorieux sont encore nombreuses à Lyon. Il y a, bien sûr, les lieux de rencontre où se retrouvaient les combattants de l’ombre dans la plus absolue discrétion.
C’est par exemple dans le bouchon Le Garet (au n°7 de la rue du même nom, Lyon 1er) que Jean Moulin rencontra pour la première fois en 1942 celui qui allait devenir son secrétaire particulier, un jeune homme de 22 ans à peine, Daniel Cordier. Avec sa grande salle toujours animée leur garantissant l’anonymat, la Brasserie Georges (Lyon 2e) était un autre point de rendez-vous prisé des Résistants, tout comme la place Carnot toute proche ou le jardin du Musée des Beaux-Arts (Lyon 1er). C’est d’ailleurs non loin du palais Saint-Pierre que Jean Moulin avait établi un temps (mars-juin 1943) ses bureaux clandestins, au n°1 de la place des Capucins.
Mais ces lieux de rencontre n’étaient hélas pas toujours sûrs et Jean Moulin est, comme on le sait, arrêté le 21 juin 1943 dans la maison du Docteur Dugoujon, à Caluire-et-Cuire, en compagnie d’autres Résistants (dont Raymond Aubrac). Il est amené à la prison Montluc (Lyon 3e) ainsi qu’au siège lyonnais de la Gestapo (dans ce qui est aujourd’hui le Centre Berthelot, Lyon 7e) où il est torturé par le sinistre Klaus Barbie. Une plaque commémorative lui rend aujourd’hui hommage (ainsi qu’à ses compagnons de lutte) sur la maison du Docteur Dugoujon.
Une statue pour mémoire
Les noms des cinq Résistants lyonnais Albert Chambonnet, Gilbert Dru, Léon Pfeffer, René Bernard et Francis Chirat sont moins connus que ceux de Jean Moulin ou de Raymond Aubrac. Pourtant, leur mémoire est honorée par une statue, le Veilleur de Pierre, édifiée en 1948 à l’endroit même de leur exécution. À cette intersection où la rue Gasparin débouche sur la place Bellecour (Lyon 2e) se trouvait sous l’Occupation un café ("Le Moulin à vent") prisé par les soldats allemands et les membres de la Gestapo. Le 26 juillet 1944, six semaines avant la libération de la ville, des Résistants y firent exploser une bombe.
Celle-ci ne fit aucune victime mais les Allemands, en représailles, décidèrent de fusiller dès le lendemain ces cinq Résistants emprisonnés à Montluc, à l’endroit même où avait eu lieu l’attentat raté. "Passant, va dire au monde qu’ils sont morts pour la liberté" nous enjoint le monument commémoratif de quatre mètres de hauteur, régulièrement fleuri lors de cérémonies officielles. En janvier 2014, la statue a été vandalisée. Preuve, s’il en fallait, que plus soixante-dix ans après la fin de la guerre, le souvenir de la Résistance lyonnaise est toujours nécessaire.
Crédits photo : Le Veilleur de Pierre, à l'angle de la rue Gasparin et de la place Bellecour (Lyon 2ème) © Fred RomeroInfos pratiques
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, 14 avenue Berthelot-Lyon 7 / 04.72.73.99.00 / www.chrd.lyon.fr
Mémorial Jean Moulin, 2 place Jean Gouailhardou-Caluire-et-Cuire / 04.78.98.85.26
Mémorial national de la prison de Montluc, 4 rue Jeanne Hachette-Lyon 3 / 04.78.53.60.41 / www.memorial-montluc.fr
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