Produire des légumes et des fruits en cultivant un toit, un jardin public ou des balcons n’est pas une utopie. À Grenoble c’est même du concret. Les 48 heures de l’agriculture vous invite à découvrir ces initiatives et à mettre les mains dans la terre. Petit topo sur la manifestation et cette tendance avec Lucas Courgeon de l’association Cultivons nos toits.
Présentez-nous les 48h de l’agriculture urbaine.
La manifestation a été lancée il y a 3 ans à Paris par l’association La Sauge dans le but de mieux faire connaître l’agriculture urbaine et d’inciter les gens à mettre les mains dans la terre. Cette année elle concerne une quinzaine de villes dont Grenoble. La Sauge a fait appel à notre association Cultivons nos toits pour coordonner l’organisation du festival au niveau local. Nous avons fédéré une dizaine de structures et imaginé ensemble des animations motivantes pour le public.
Quelle définition donneriez-vous de l’agriculture urbaine ?
C’est en cours de définition mais c’est difficile car très large, de très nombreuses pistes sont envisageables. C’est un mouvement citoyen parti de la production alimentaire en ville. Il s’agit de la réappropriation citoyenne des espaces publics pour les mettre en culture, notamment sur le modèle du mouvement des incroyables comestibles : ses membres bénévoles ont pris une pelouse, l’ont cultivée et ont produit de la nourriture accessible à tous. C’est un acte de sensibilisation sur lequel se sont greffées des collectivités et des entreprises. Il y maintenant une espèce de pot-pourri constitué de dynamique citoyenne, de collectivités, de start-up innovantes. Désormais on réfléchit à une dynamique économique avec des créations d’emplois et des volumes de culture permettant de nourrir une partie de la population.
Quels sont les enjeux de l’agriculture urbaine et ceux de l’événement ?
Il y a d’abord une mission de sensibilisation en amenant à réfléchir à la provenance de l’alimentation. Nos villes sont approvisionnées chaque jour par des centaines de camions, la nourriture est dispersée dans des centrales d’achat puis des supermarchés. Notre autonomie alimentaire est très courte. À Paris elle n’est que de 3 jours. En cas de grosse grève ou de pénurie de pétrole, c’est la guerre civile à Paris après 3 jours ! Or il faut se rendre compte qu’il est possible de produire une partie de l’alimentation et d’être du coup moins dépendant de grosses chaînes d’alimentation. De l’autre côté, il y a aussi la mise en pratique : il faut faire découvrir aux gens les dispositifs qui permettent de jardiner en faisant découvrir les lieux possibles, en proposant des formations et en incitant à créer de nouvelles choses. À terme, l’idée est de créer en pleine ville des structures économiques pouvant produire de la nourriture, avec des circuits de distribution très courts, voire directs du producteur au consommateur.
Poussée à l’excès, l’agriculture urbaine prend-t-elle le risque de devenir un supplétif du mouvement de destruction des terres agricoles ?
Non, bien entendu. Nous on se positionne plutôt comme moyen de sensibilisation, mais on ne pourrait pas nourrir toute la ville, même si on mettait en production tous les toits de Grenoble. On a toujours besoin des producteurs locaux et des surfaces agricoles péri-urbaines. L’intérêt, c’est de pouvoir faire du lien entre les deux en disant : on peut produire localement mais insuffisamment, du coup où chercher les compléments de nourriture, dans un supermarché ou auprès des producteurs locaux ? Il y aura d’ailleurs une table de producteurs locaux. On va les associer au maximum avec cette même démarche : produire localement et de qualité !
Que faire pendant ces 48h ?
> Conférence organisée par Terre Vivante.
> Vélorution potagère et fruitière. Découverte des espaces de jardinages, de glanage et collecte de fruits et légumes
> Salade collective au parc Paul-Mistral.
> Agora de l'agriculture urbaine : animations, ateliers, forum, jeux dégustations, four solaire mobile, production.
> Concert de fanfare à la Bifurk en partenariat avec Retour de Scène, discosoupe et ateliers festifs.
> Plantation collective de pommes de terre dans les jardins à adopter de la Ville de Grenoble.
Infos pratiques
> Dates, horaires, lieux et détails sur www.les48h.fr
Laisser un commentaire