INTERVIEW / Pour la troisième année, le Lyon Bière Festival réunit ce qui se fait de mieux en matière de brasseries artisanales en France, en Europe et même dans le monde. Nicolas Dumortier, programmateur du festival et cofondateur de bieronomy.com, revient sur l'effervescence autour de la bière ces dernières années et sur les nouveautés de ce 3e brassin du LBF.
La bière artisanale, mode éphémère ou tendance durable ?
On est clairement en train de s'inscrire dans un phénomène durable. Il s'explique par un changement des modes de consommation. Aujourd'hui, les gens reviennent aux circuits courts et à une consommation plus raisonnable. De plus, ils veulent des bières moins uniformes. On assiste donc à un fort regain d'intérêt pour la bière artisanale, grâce notamment à l'apparition de brasseries innovantes qui permettent de proposer des bières très différentes. C'est simple : aujourd'hui, il y en a pour tous les goûts.
À quand remonte cette tendance ?
Je dirais au début des années 2000. Avant-guerre, on a coutume de dire qu'il y avait une brasserie par village. Un phénomène qui a disparu avec l'explosion des brasseries industrielles qui ont contribué à uniformiser les goûts. Aujourd'hui, on revient à cette recherche de bières plus originales avec des brasseries artisanales qui produisent 500 à 1200 hectolitres de bières par an, contre des millions pour les industriels.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est-elle reconnue dans le milieu brassicole ?
Absolument ! C'est même l'une des championnes en la matière. Car dans les années 2000, plusieurs brasseries régionales comme La Soyeuse (69) ou L'Agrivoise (07) ont ouvert la voie de ce retour à l'artisanat. La région reste l'une des plus importantes en nombre de brasseries : on en compte plus de 200 ! On voit aussi s'y développer beaucoup de projets autour de la bière, comme la malterie Malteurs Echos (07) ou des brasseurs qui produisent leur propre houblon ou leurs céréales.
Comment s'annonce ce 3e Lyon Bière Festival ?
Cette année, on voit les choses en encore plus grand !
Je souhaite que le LBF devienne l'un des festivals majeurs de la bière en France et en Europe. Ce ne sera pas une foire à la bière mais bel et bien une sélection de ce qu'il se fait de mieux en matière de bières.
Pour cela, nous avons choisi une centaine de brasseurs dont 40% viennent de l'étranger. En parallèle des dégustations, nous proposerons aussi de nombreuses conférences et des ateliers aux visiteurs.
Pourquoi avez-vous choisi les Etats-Unis comme fil conducteur ?
Parce que je voulais revenir aux origines des brasseries artisanales indépendantes. Ce mouvement de la "craft beer" est né aux États-Unis dans les années 70 et il ne nous est arrivé que des années après. Depuis, les Américains ne cessent de faire bouger les lignes et d'innover. Il était important de les inviter pour montrer les nouveaux terrains qu'ils explorent en matière de goûts, de fabrication, etc.
Quelles sont les tendances actuelles en matière de bière ?
Du côté du grand public, on voit une grosse appétence pour les Indian Pale Ale (IPA), des bières très houblonnées, amères et aromatiques. A tel point que même les industriels s'y mettent. Du côté des connaisseurs, je dirais que les New England IPA et les Sour Ale ont la cote. Les premières sont très houblonnées très fruitées et consistantes, alors que les secondes sont très acides. Enfin, on commence aussi à voir apparaître des bières vieillies en bariques de vins. Cela risque de bientôt cartonner chez nous, d'autant que la France a une carte à jouer avec son immense patrimoine viticole.
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Crédits photo : LBFVIDÉO
Infos pratiques
À la Sucrière, 49-50 quai Rambaud (Lyon 2e)
De 6 à 14 €
Programme et préventes sur www.lyonbierefestival.fr
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