Elles ne figurent pas forcément sur les guides touristiques ou les cartes postales, mais elles n'en font pas moins partie du patrimoine de notre ville : voici une sélection de sculptures lyonnaises dont on ignore parfois l’histoire.
Enfin, c’est fait : après deux ans de rénovation, et comme un clin d’œil à la renaissance printanière, la fontaine Bartholdi, qui trône sur la place des Terreaux depuis 1892, a été inaugurée dans sa version restaurée jeudi 22 mars. Si cette sculpture est l’une des plus célèbres de Lyon, notre ville en compte bien d’autres, moins connues mais dont l’histoire et le sens ne se révèlent pas moins intéressants.
Prenez par exemple celle qui orne la place Louis Pradel en son centre et sur le socle de laquelle les skateurs aiment s’exercer. On ne sait pas toujours que cette statue de bronze en forme de triangle inversé représente la plus grande poétesse lyonnaise, Louise Labé (1524-1566). À l’extrémité ouest de la place, la fontaine Le Soleil est surmontée d’un disque gravé d’un de ses vers : « Permets m’amour penser quelque folie… ». Les deux monuments sont l’œuvre du sculpteur Jean Robert, dit Ipoustéguy (1920-2006), à qui on doit également, toujours sur cette même place, un buste de celui qui lui a donné son nom, le maire de Lyon (1957-1976) Louis Pradel.
Autre hommage rendu à un personnage historique : depuis 2011, la place Eugène Verlin (Lyon 3e) abrite un buste du Prix Nobel de la Paix 1964 Martin Luther King (1929-1968), sculpté par l’artiste suisse Cornelius Ricman. S’il faut bien avouer qu’on peine à y reconnaître le célèbre pasteur noir américain, la sculpture a au moins le mérite de rappeler un fait méconnu : sa venue à Lyon, à la Bourse du Travail (qui jouxte la place), en 1966, à l’invitation d’associations de défense des droits humains. Une exposition à la galerie de la Bibliothèque de la Part-Dieu (à voir jusqu’au 28 avril) revient actuellement sur cette visite historique, ainsi que sur l’épopée du mouvement des droits civiques aux États-Unis.
Face au Palais de justice, en bordure de Saône, le quai Romain Rolland (Lyon 5e) accueille depuis 2013 l’une des statues les plus récentes de Lyon, et aussi l’une de celles dont la charge (homo-)érotique est la plus forte. Conçue par le duo (et ex-couple) d’artistes danois Michael Elmgreen et Ingar Dragset, The Weight of Oneself (« le poids de soi-même ») représente un homme nu portant dans ses bras un autre homme, dont les traits sont exactement similaires aux siens. Le trouble naît bien sûr de cette ressemblance entre celui qui semble rescapé de la noyade et son sauveur, mais aussi de ces deux corps masculins parfaitement proportionnés, qui rappellent à la fois les canons de la sculpture antique et ses imitations les plus douteuses (comme les œuvres du sculpteur officiel du nazisme, Arno Breker). Sublime ou ultra-kitsch ? À vous de vous faire votre opinion !
Connaissez-vous le cyclope à trois yeux de l’Hôtel de Ville ? Non, ce n’est pas le surnom que des opposants politiques mal intentionnés ont donné à notre nouveau maire… Il s’agit plutôt d’une statue de Polyphème (fils du dieu Poséidon, qu’Ulysse rend aveugle dans un passage célèbre de L’Odyssée), qui orne la cour de la mairie centrale de Lyon.
Mais si, au final, la statue la plus méconnue de Lyon était celle qui n’existait plus ? Dans le passage de l’Argue (Lyon 2e), on pouvait admirer autrefois une statue du dieu Mercure, le messager aux pieds ailés. Las, elle a été dérobée il y a quelques années par de mauvais plaisantins. Pour la remplacer, un cœur en mosaïque réalisé par le couple de street artists lyonnais Skéné a été dévoilé il y a deux mois, à la veille de la Saint-Valentin ! À quelques enjambées de la place Bellecour, ce joli pied de nez nous rappelle qu’en matière de sculptures lyonnaises, il n’y a pas que Louis XIV et son canasson dans la vie…
Crédits photo : The Weight of Oneself (2013) par le duo danois Elmgreen et Dragset. ©Flickr - Mout1234Infos pratiques
> Le Murmure des statues : ce titre poétique est celui d’un projet lancé à l’occasion des Journées du patrimoine 2016 par le collectif artistique SpaceOpera. Disponible gratuitement sur l’application pour smartphones Troubadour Story, il s’agit d’un audio-guide qui fait parler une quarantaine de statues lyonnaises. L’occasion de mieux découvrir le patrimoine de notre ville !
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