D’adresse, de plateau, d’ambiance, de rôle, de figurines… les jeux sont dans la place à Grenoble entre le 29 janvier et 4 février. Ce festival est le moment rêvé pour découvrir les multiples facettes du jeu. En une quinzaine d’année, cet univers a en effet subit une profonde mutation. Retour sur cette épopée.
Bientôt 10 ans que ce festival fait jouer les grenoblois. Après ses premiers balbutiements au jardin de ville puis dans la cours de la Maison des jeux, Place aux jeux a trouvé son terrain à la halle Clémenceau.
Sa fréquentation ne cesse d’augmenter : 5500 l’année dernière, presque 6000 personnes attendues cette année dont la majorité sur le week-end. « Pour éviter la saturation, les horaires d’ouverture ont encore été élargies, on ouvre dès le matin pour clôturer le dimanche à 18h. »
En effet, est apparu ces dernières années une population de gros joueurs, souvent des connaisseurs. «Il n’est pas rare de trouver 300 personnes en train de jouer à 2h du matin, de même quand on se passe le relais le dimanche à 8h, il peut y avoir encore une centaine de personnes », témoigne-t-on à la Maison des jeux.
Surprenant mais pas tant que cela pour les organisateurs qui ont vu la popularité du jeu exploser depuis les années 2000. « De confidentiel, le jeu est devenu un phénomène culturel, ce n’est pas un effet de mode, il y a une culture du jeu. C’est d’ailleurs un vecteur de socialisation, le jeu pose un cadre et facilite les interactions entre individus», analyse Julos Bruneau, administrateur à la Maison des jeux. On est donc bien loin du Monopoly des dimanches pluvieux ou du bridge pratiqué en club très fermé…
Comment est né ce phénomène ?
« Auparavant, l’offre de jeu étaient d’une part très limitée, jeu de dames, de carte, scrabble… D’autre part, les règles pouvaient être compliquées, les parties interminables, enfin le but était souvent de battre l’autre : cela était moins ludique », explique Claude Carrara, cofondateur de la Maison des jeux en 1991. « Quand il y avait une nouveauté, elle venait souvent d’Allemagne, tels que les Colons de Catane. En France on avait 20 ans de retard ! » renchérit Julos Bruneau.
Arrivent le Pictionnary et autre Tabou dans les années 1990. Ces premiers jeux d’ambiance, c’est-à-dire jeu de groupe où le moment passé prime sur le résultat, rencontre un franc succès, mais le véritable tournant s’opère dans les années 2000.
L’offre de jeu s’étoffe et trouve enfin un large public. « Des nouveaux mécanismes de jeux apparaissent, les joueurs ne sont plus des adversaires mais des concurrents, les designs sont travaillés, les règles simplifiées, les parties plus courtes », note Claude Carrara. Les créateurs de jeu sortent de l’ombre.
Certains deviennent des stars comme Antoine Bauza, l’auteur de Seven Wonders. Son jeu vendu à 100 000 exemplaires a été réédité quatre fois depuis 2010. « Le secteur du jeu fonctionne maintenant comme celui du livre : il y a les créateurs de jeu et les éditeurs, d’où une grande variété de jeux pour tous les goûts, avec des best-sellers et même des prix !» remarque Julos Bruneau.
Aujourd’hui, ce sont les jeux de rôle et les jeux grandeur nature qui explosent : « Ces jeux très sophistiqués mettent les participants en immersion avec des déguisements, des décors. Il s’agit par exemple de résoudre des énigmes pour sortir d’une pièce lors d’un escape game ou d’échapper à des revenants dans un jeu de rôle ».
Aucune facette du jeu n’a échappé aux organisateurs, elles seront toutes à découvrir durant cette semaine. Place aux jeux donc.
Infos pratiques
Temps fort les 3 et 4 février à la Halle Clémenceau. PAF : 3 €
Programme complet : http://placeauxjeux.wixsite.com/place-aux-jeux
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