Le quartier le plus touristique de Lyon offre au regard curieux le loisir d’inspecter ces quelques 2 000 ans d’histoire. Un paradis architectural qui a bien failli être rasé par Louis Pradel aka « Zizi-Béton », maire de Lyon dans les années 60. Sauvé in extremis par les riverains, le quartier est devenu l’emblème d’une ville où les pouvoirs religieux, économique et judiciaire se côtoient.
Pour un Grenoblois, le Vieux Lyon concentre une richesse historique et architecturale inconnue de nos contrées alpines. Tenez, à Grenoble, comptez environ 30 bâtiments protégés au titre des monuments historiques. Dans le 5e arrondissement de Lyon, qui englobe le Vieux Lyon, on dénombre plus d’une centaine de maisons classées. De quoi donner le tournis. Il faut dire que depuis la Renaissance, de richissimes marchands s’y sont installés et ont développé le commerce de la soie. En mal de reconnaissance, et afin d’étaler leur opulence, ces derniers ont construit de véritables palaces. La maison Thomassin sur la place du Change est l’un de ces exemples. Sa façade du XVe siècle, de style gothique avec ses fenêtres finement ciselées, témoigne de l’essor lyonnais. Or, le piège du Vieux Lyon est de le considérer comme un attrape touriste. Certes, durant vos pérégrinations, vous croiserez des Russes en quête d’un beaujolais trop jeune, et des groupes de Japonais shootants à tout va. Mais le Vieux Lyon est bien plus vaste que la rue Saint-Jean, l’artère ultra-fréquentée et mythique. En réalité, le Vieux Lyon s’articule autour de trois quartiers distincts, avec chacun leurs trésors. Au sud se trouvent Saint-Georges et l’immeuble Blanchon, datant de 1845 où chaque étage a son propre style de fenêtres quand au Nord s’étale le quartier Saint-Paul et le Palais Bondy, monument historique construit au tout début du XXe. Comme quoi, il n’y a pas que la cathédrale de Saint-Jean !
La rue Juiverie
Cachée tout près de Saint-Paul, cette rue discrète conserve le souvenir des grands de ce monde. Le fameux Nostradamus, apothicaire devenu célèbre pour ses Prédictions, y a même vécu. On découvre aussi des superbes réalisations architecturales, comme au 8 de la rue. Philibert de L’Orme, a 26 ans, y conçoit avec des contraintes techniques alambiquées, une galerie pour relier deux corps de bâtiments. Encore visible, elle est considérée comme un des chefs-d’œuvre lyonnais. À noter, Joëlle Sevilla, mère de Alexandre Astier (le roi Arthur de Kaamelot) a installé son école dramatique au 10.
Les escaliers du Vieux Lyon
Amis traileurs : le vieux Lyon a ce qu’il faut pour exercer vos guiboles. Depuis le quartier, des escaliers partent en pagailles. La montée des Chazeaux est l’un des plus costauds (on l’appelait montée du Tire Cul pour sa raideur). Une fois les marches gravies, on se retourne, et on admire la vue sur la cathédrale. Côté Saint Georges se trouve un escalier beaucoup plus moderne, en acier, qui part de la Place du Bâtonnier Valensio, qui traverse un petit coin de verdure au cœur d’un quartier très minéral.
La nuit à Saint Jean
Si la journée, les touristes envahissent les rues, la nuit est propice aux rencontres plus intimes. Le quartier abrite de nombreux pubs et bar. Mais l’adresse à ne pas manquer se trouve rue de la Fronde : la Coulée douce, installée depuis 3 ans, propose des vins locaux (et pas que du beaujolais), dans un écrin de pierres apparentes. Pour les plus aventureux, on déniche le bar à cocktail Le Florian, où les mélanges sont toujours de bon goût. Et pour achever une nuit arrosée, un seul lieu pour finir la soirée : le Look bar, qui propose son nuage noir : un délice dangereux, mais un classique lyonnais.
Secret de cours
Le Vieux Lyon regorge de secrets. Les traboules en sont l’exemple le plus vivant. Pour les trouver, rien de plus simple : il suffit de repérer les petits médaillons qui signalent les portes ouvertes en journée. On en compte 14, entre la rue Saint-Jean et la rue du Bœuf, qu’on parcourt sans jamais se lasser des curiosités architecturales et de cette minéralité si vivante. À noter, au 18 rue Saint-Jean, on peut visiter la traboule la plus connue. Quant au 10, rue Lainerie (côté Saint-Paul), se trouve un fameux escalier, en colimaçon, mais sans noyau. Mais les vestiges architecturaux ne sont pas seuls à conserver leurs secrets. Les commerçants ont aussi leurs mystères. Emmanuel Estève, potier au 26, rue Saint-Jean entrepose dans son arrière-cour des secrets sur les émaux. Enfin, rue du Palais de Justice, un magasin donnera quelques conseils sur la lithothérapie, le soin par les pierres. La magie du Vieux Lyon.
Crédits photo : © Michael MurazInfos pratiques
Site généraliste : www.lyon-france.com
Bar La coulée douce : 4 rue de la Fronde, Lyon 5è / 04 78 95 39 98
Bar Le Florian : 4, place de la Baleine / 04 78 42 24 37
Le Look Bar : 2 rue du Palais / 06 70 12 38 46
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