Si Astérix et ses copains ont résisté à l’envahisseur, les Allobroges (le peuple gaulois de Grenoble) acceptent la domination romaine. Les soldats en sandalettes font chuter les tribus du coin, et leur apportent leur commerce, leur route et leurs remparts dont on retrouve quelques traces dans l’hypercentre grenoblois.
« Les barbares sont à nos portes ». Non ce n’est pas une déclaration de l’inénarrable Alain Finkelkraut. Mais c’était l’état d’esprit de Rome en 288 après J.-C lorsqu’elle s’empresse de transformer les palissades de bois de Cularo la Gauloise, en un rempart de 9 m de haut.
Les envahisseurs romains craignant d’être submergés à leur tour par les barbares d’outre-Rhin, ils achèvent les travaux en 4 ans seulement. Le mur forme donc une boucle ovoïde de 1200 m, de la place Grenette à la place Notre-Dame.
Au sol de cette dernière, on remarque des dalles blanches qui signalent l’emplacement du mur romain. Le tram circule pile sous la porte Herculea, qui permettait l’entrée dans la ville. Elle était alors flanquée de deux tours demi-circulaires, et d’une poterne pour les piétons. Autre curiosité, dans le jardin du musée de l’ancien évêché, où le dos de la cathédrale actuelle chevauche encore le rempart romain.
Dans les entrailles de l’époque romaine
Il faut ensuite descendre dans les sous-sols sombres du musée de l’ancien évêché, pour arriver au niveau du sol romain. Là est conservée la base de l’une des 30 tours de l’enceinte (les historiens discutent encore de leur nombre).
La muséographie permet de mieux comprendre la construction du rempart qui était composé de deux murs de parements faits de solides moellons. Ensuite, les Romains l’ont rempli avec des restes d’amphores, de débris et même de pierre tombale, le tout étant stabilisé par un ciment rosé.
Le rempart s’étend ensuite sous les bâtiments jusqu’à la place Sainte-Claire, mais les traces ne subsistent qu’au 16 de la rue Lafayette. Un pan de mur apparaît là, anachronique. Il a été sauvé lors des fouilles de 1962 (pour construire le 11-15 rue de la République).
À cette occasion, les bases de trois tours du rempart sont mises à jours. Les archéologues découvrent aussi des tessons à l’extérieur du mur (ce qui pourrait être un dépotoir antique) et estiment que des maisons, construites dans l’enceinte, étaient accolées aux remparts.
En continuant le long de la rue de la République, on débouche sur la place Grenette et sur la Grande Rue. À l’entrée de celle-ci, la porte Iovia trônait, haute de 9m et encadré de deux tours.
Un jardin de ville pas romain
Pour retrouver le rempart, il faut ensuite se diriger vers le jardin de Ville, qui était alors exclu de l’enceinte. Tout de suite à droite, une inscription indique que la terrasse du musée Stendhal a été bâtie sur les restes du mur.
En remontant le jardin, il faut prendre un peu recul pour repérer les traces de l’époque romaine, qui sont visibles au niveau des jeux pour enfants. Enfin, le rempart réapparaît plus loin, dans la base de la tour Lesdigières.
En effet, rue Hector Berlioz, la mairie a fait percer une fenêtre sur le temps où l’on aperçoit la rusticité du rempart romain. L’enceinte forme un dernier virage, passe sous le Parlement puis sous les bâtiments de la rue Chenoise, côté impair.
Dix minutes suffisent pour faire le tour de Cularo, qui n’a finalement jamais été envahie. Le rempart, lui, a survécu bien après à la chute de l’Empire et fut peu à peu dépecé et réutilisé, jusqu’à la destruction de la porte Herculea en 1802. Rien ne se perd, tout se transforme."
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