Lyon, qui compta au XIXe siècle plus de 3 000 sociétés secrètes, a une riche histoire en lien avec l’occultisme, dont on retrouve aujourd’hui encore les traces un peu partout dans la ville.
Le soir d’Halloween, pour marcher dans les pas des ésotéristes, mages et autres empêcheurs de reposer (éternellement) en paix, commencez si vous l’osez par une promenade nocturne le long du boulevard de la Croix-Rousse. À son emplacement s’élevait autrefois une muraille qui fermait la ville de Lyon au nord. C’est du haut de ce rempart qu’en 1840, un soldat dit avoir aperçu à plusieurs reprises une « dame blanche ».
C’est dans ce quartier décidément sulfureux de la Croix-Rousse que se déroula, entre 1742 et 1745, l’une des dernières affaires de sorcellerie en France. Une sombre histoire mêlant messes noires et traités d’alchimie qui se conclut tout de même par la condamnation à mort d’une dizaine de personnes (dont d’anciens prêtres) qui périrent sur le bûcher.
En contrebas du boulevard, la rue Masson (Lyon 1er) tire vraisemblablement son nom des francs-maçons qui, comme on le sait, sont solidement implantés à Lyon. Le bâtiment qui fait l’angle avec la montée des Carmélites abritait d’ailleurs au XVIIIe siècle une loge baptisée « la Sagesse ».
C’est ici qu’en 1784, Joseph Balsamo, mieux connu sous le titre de comte de Cagliostro, tenta d’introduire à Lyon son rite maçonnique, dit « égyptien ». Au cours d’une séance de spiritisme qui fit grande impression sur les personnes présentes, l’aventurier peu scrupuleux réussit, dit-on, à faire se manifester l’âme d’un magistrat lyonnais, Antoine-François Prost de Royer, mort quelques mois plus tôt.
Satan l’habite
En continuant à descendre les Pentes de la Croix-Rousse, vous frissonnerez devant l’Amphithéâtre des Trois Gaules en songeant au martyre de Blandine et de cinq de ses coreligionnaires lors d’une persécution anti-chrétienne à l’été 177.
Si la défense inflexible de sa foi par Blandine en fit un modèle pour toute la chrétienté, on ne peut pas en dire autant de l’abbé Boullan, qui vécut bien des siècles plus tard à quelques centaines de mètres de là, au n°7 de la rue de la Martinière.
Ce prêtre défroqué, condamné pour satanisme, arriva dans la capitale des Gaules en 1876 et tenta de prendre la succession d’un autre gourou lyonnais tout aussi illuminé, Eugène Vintras, qui prétendait n’être rien de moins que la réincarnation du prophète Élie. Les mœurs pour le moins dissolues de l’abbé lui attirèrent bien des inimitiés dans le milieu des occultistes lyonnais et il mourut en 1893, persuadé d’être victime d’une sorte de magie noire.
Mais la plus fameuse affaire de possession à Lyon remonte au XVIe siècle et se déroula à l’abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains, le bâtiment (reconstruit depuis) que l’on connait aujourd’hui sous le nom de Palais Saint-Pierre et qui accueille le Musée des Beaux-Arts. Dans les années 1520, une jeune religieuse du nom d’Antoinette de Grolée se plaignit à sa mère supérieure d’une mystérieuse présence dans sa cellule, disant avoir reçu un baiser sur la bouche durant son sommeil.
L’esprit frappeur se fit connaître comme étant celui d’Alis de Thélieux, ancienne sacristine de l’abbaye qui aurait été l’amante d’Antoinette. L’affaire se conclut en février 1527 par un exorcisme conjoint de la défunte et de sa victime. Il en fallait plus toutefois pour chasser toute trace de surnaturel à Lyon, qui allait rester durant bien des siècles encore une ville très prisée par les occultistes de tout poil !
Crédits photo : Corentin MossiereInfos pratiques
Auteur, conférencier et guide professionnel, Nicolas Le Breton propose des visites guidées à travers Lyon sur de nombreux thèmes, dont celui de la sorcellerie et de l’occultisme (durée : 1h30 environ).
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