« L’idée, lorsque nous avons lancé l’association, est de proposer une conception des objets pour contrecarrer l’obsolescence programmée des objets », explique Christophe André, l’un des fondateurs de l’association. Il a expérimenté, en tant qu’ingénieur, le pire du capitalisme : « On nous a demandé de fabriquer une fraise pour dentiste qui serait à usage unique », se rappelle-t-il. Une demande qui lui parait stupide.
Finalement, son diplôme en poche, il se dirige vers l’école d’art de Grenoble. Au bout de 3 ans naît Entropie, dont il pose les fondations avec Gabrielle Boulanger : faire du design accessible à tous. Ainsi, Entropie s’inscrit totalement dans la philosophie d’André Gorz (père de la décroissance) qui parle, dès 1980, de production autonome d’objets, en dehors du marché capitaliste. Le penseur ambitionnait même de briser le cycle consumériste de cette manière.
C’est ce que fait Entropie, au jour le jour. Depuis sa création, l’association a rassemblé ses créations dans des catalogues. Elle propose maintenant 35 notifications de construction qui ressemblent presque à des manuels de jeux de Legos.
Chaque étape est expliquée, les cotes de chaque pièce sont précisées. Le catalogue propose un four solaire, une marmite norvégienne qui permet d'économiser de l’énergie lors de la cuisson, ou encore une chaise de designer en bois. Mais Christophe ne s’est pas arrêté là : « désormais, nous formons des gens pour leur apprendre à fabriquer. » C’est ainsi que des apiculteurs ont pu les consulter, et s’initier à la construction de ruches.
Désormais, cette ruche est passée dans le domaine public. Leur prochain challenge sera de construire des meubles avec des SDF retrouvant un appartement, en lien avec le relais Ozanam. Ainsi, les nouveaux habitants pourront s’approprier les lieux, avec leurs propres meubles. « Leurs appartements sont assez exigus, donc nous allons construire des meubles adaptés. » Un nouveau défi pour Entropie, dans sa reconquête de l’indépendance.
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