En 1870, la France se prend une bonne branlée par les Allemands lors du conflit franco-prussien. En cause : une armée ennemie mieux préparée et un système défensif, à l’est, désuet, quasiment inchangé depuis Vauban. Après le désastre, le gouvernement doit revoir son système défensif. Le fort de Comboire a été construit dans ce contexte-là…
Au lendemain de cette défaite, la France se réveille avec une gueule de bois monumentale, d’autres avec des jambes de bois. Une défaite nette et rapide portée par un ennemi mieux préparé.
Les places fortes historiques n’ont pas rempli leur fonction et sont tombées comme des dominos les unes après les autres, malgré quelques améliorations apportées dans les années 1830-1840.
L’évolution de l’artillerie vers 1858 est un des éléments majeurs de la défaillance des fortifications : canon plus précis, portée plus longue, obus à charge explosive provoquent de gros dégâts dans les forts conçus pour protéger les hommes et le matériel contre… des tirs de boulets !
La défaite française a pour conséquence la chute du Second Empire et de l’empereur Napoléon III, et la perte de l’Alsace-Lorraine.
Il faut revoir sa copie
Toutes les places fortes à l’est étant perdues, le gouvernement décide de revoir en intégralité son système défensif. Un programme de réorganisation et de construction est lancée de la frontière belge à la méditerranée, rien que ça.
L’Italie s'engageant en 1870 dans la triple alliance avec l’Autriche et l’Allemagne, il faut donc aussi renforcer la frontière alpine par des forts d’arrêt au débouché des vallées traditionnelles d’invasion. Grenoble n’est pas sur la frontière, mais c’est la base principale de l’armée des Alpes et elle doit être à l’abri de toute attaque. Les travaux de fortification de la ville se dérouleront de 1875 à 1885.
6 forts pour défendre Grenoble
Un ensemble de 6 forts, aux rôles différents, est ainsi construit autour de Grenoble (Saint-Eynard, Bourcet, Murier, Quatre Seigneurs, Montavie et donc Comboire). La construction de ce dernier débute en 1882 et s’achève 2 ans plus tard. Son rôle : interdire le débouché des vallées du Drac et de la Gresse et assurer la protection du fort de Montavie (au-dessus de Bresson).
Un armement puissant
Bâti selon les préconisations du général et ingénieur militaire Raymond Adolphe Séré de Rivières – surnommé le Vauban du XIXe siècle -, le fort est adapté au relief et semi enterré afin d’offrir peu de surface visible à l’ennemi (il est quasiment invisible de la vallée).
Il doit aussi être puissamment armé de canons positionnés en plein air sur la couverture de l'ouvrage. Celui de Comboire sera doté d’une artillerie à longue portée (11 km) composée de 4 canons longs de 155 mm et de six canons longs de 120 mm.
Pour sa défense rapprochée, il reçoit deux mortiers de 220 mm et deux de 150 mm. En outre, les profonds fossés qui l’entourent sont défendus par 4 caponnières – ouvrages en saillie qui permettent de tirer en enfilade dans les fossés – équipée de canon-revolver.
Costaud le fort !
Le fort était prévu pour accueillir un effectif de 308 hommes. L’enceinte de 570 mètres est percée de nombreuses meurtrières en plus des 4 caponnières. Elle entoure 4350m² de locaux, eux-mêmes couverts d’une importante couche de terre les protégeant des obus.
C’est sur cette couverture qu’est disposée l’artillerie du fort. La grande façade est ouverte à l’ouest, face au Vercors, orientation qui tourne le dos aux tirs ennemis. Malin. Elle abritait trois bâtiments. Celui au centre regroupait les logements de la troupe et des sous-officiers, les cuisines, la boulangerie, deux magasins de vivre et 3 magasins de matériel.
Dans la partie gauche, on trouvait au premier étage le bureau du télégraphe, la chambre des officiers et l’infirmerie, et au rez-de-chaussée, le corps de garde, les bureaux des commandants de l'artillerie et du génie, mess et cuisine des officiers, le bureau du médecin, la salle de visite et d'opération et la pharmacie.
Enfin toute la partie de droite comprenait le magasin à poudre (50 tonnes), les magasins aux munitions, de l'artillerie et du génie. Le fort restera en l’état jusqu’à la guerre de 1914 où sa garnison et son armement iront renforcer le front du nord-est, ne laissant sur le site qu’une garnison de gardiennage réduite à quelques unités. Puis, après la guerre, il ne servit plus que de dépôts de matériels ou de munitions.
Infos pratiques
Des visites du fort sont organisées par l’association Les amis du fort de Comboire.
Prochaine visite : le dimanche 6 novembre
07 50 87 18 21
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