Le tournoi bouliste de pentecôte s’est tenu mi mai place Bellecour. L’occasion de revenir sur cette pratique qui envahit les places de la ville aux premiers rayons de soleil et qui a un écho particulier à Lyon.
On vous prévient tout de suite : attention aux amalgames entre la pétanque et la boule lyonnaise. D’abord, cette dernière est officiellement considérée comme un sport puisqu’elle possède un championnat du monde, contrairement à la pétanque.
Quoique la Confédération mondiale des sports de boules (CMSB) est candidate pour inscrire la pétanque aux Jeux Olympiques de 2024. Arguant que cette discipline compte davantage de pratiquants réguliers que le golf, qui sera pourtant représenté aux Jeux de Rio cette année.
Mais revenons à nos moutons. Le jeu à la lyonnaise est codifié depuis 1927 par l'Union Nationale des Fédérations Boulistes et se développe mondialement sous le nom de “sports boules”. Deuxième différence, les caractéristiques techniques divergent, comme les dimensions du terrain ou le poids des boules (la Lyonnaise est plus lourde). On peut tout de même noter que la boule lyonnaise se joue en 11 ou 18 points, contre 13 points à la pétanque.
Comme son nom l’indique, la première est née à Lyon, plus précisément au Clos Jouve à la Croix-Rousse, boulodrome “berceau” de la discipline. La toute première société officielle de jeu de boule y est fondée en 1850.
C’est aussi d’ici que vient l’expression “être Fanny” ou “embrasser Fanny” quand on perd une partie en ne marquant aucun point.
Fanny était une jeune femme du quartier assistait aux parties du Clos Jouve et consolait les perdants en relevant ses jupons pour leur montrer son postérieur.
La tradition a perduré et chaque club qui se respecte recèle dans ses locaux une statue ou une affiche de Fanny. Les plus perfectionnées sont accompagnées d’une cloche, pour inviter tous les parages à assister à l’humiliation (de n’avoir marqué aucun point), et d’un tapis pour éviter de se râper les genoux.
Tous les chemins mènent au cochonnet
Ceci étant dit, le jeu de boule est vieux comme le monde et il serait prétentieux de se vanter de l’avoir inventé.
Dès l’Antiquité, les Romains faisaient rouler des pierres rondes sur les dalles du quai Pierre Scize. Puis les Gones s’amusaient avec des boules de buis appelées “bauches”. Tant et si bien qu'en 1369, le roi Charles V, inquiet de voir les jeunes déserter l’église le dimanche matin et de préférer cette activité aux sports guerriers, interdit la “boulerie”.
Les jeux ont de tout temps inquiété les gouvernements qui ont, époque après époque, tenté d’interdire ou du moins réglementer cette activité souvent liée à l’argent et donc considérée comme dangereuse. La palme revient à François Ier qui voulut interdire en 1552 les jeux de hasard mais seulement aux comptables.
La tradition a perduré jusqu'à nous, puisque aujourd’hui le plus grand tournoi bouliste se tient chaque année sur la place Bellecour. Et ce depuis 1900.
A l’époque, les inscriptions étaient limitées à 512 quadrettes mais enregistraient jusqu'à 1500 demandes.
La manifestation s’est considérablement developpée au fil des années et fêtait en 2012 sa centième édition !
D’autres places sont réputées pour les jeux de boules, bien qu’aucune compétition officielle ne s’y déroule, comme la place Sathonay, dans le premier arrondissement. Le revêtement du sol se rapproche des vrais terrains, même s’il est loin d’être plat. De grands marronniers procurent l’ombre nécessaire et quand il était encore là, le Café de la Mairie prêtait même des jeux de boules pour accompagner l'apéritif.
Sur le plateau de la Croix-Rousse, la place Tabareau est aussi très prisée. Elle est même devenue le repaire du club La Pétanque des Canuts.
Alors, on se tire ou on se pointe ?
Crédits photo : Alain BachellierVIDÉO
Infos pratiques
Le site officiel du Tournoi Bouliste de Pentecôte www.tournoi-bouliste-pentecote.com
La pétanque des Canuts www.petanquedescanuts.com
Le site officiel de la candidature des sports de boules aux Jeux Olympiques de 2024 www.boules-sport.org
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