Street art ou art urbain, cet art souvent éphémère, discret ou monumental, rassemble de nombreuses pratiques telles que pochoir, affiche, collage, mosaïque, photo, sculpture, graffiti, création numérique, muralisme… À Grenoble, son histoire commence en 1979 avec l’artiste Ernest Pignon-Ernest.
Grenoble avait déjà fait un pas vers l’art dans la rue avec le symposium international de sculpture en 1968. En 1972, l’artiste Ernest Pignon-Ernest réalise une fresque de 5 mètres de haut et 14 de large sur le mur de la nouvelle bourse du travail dans le quartier Villeneuve, à côté de Grand-Place.
Ce projet est un questionnement de l’artiste sur les conditions de travail et les préoccupations des travailleurs. Il a notamment utilisé pour cette fresque des reproductions d’affiches politiques et syndicales. Artiste engagé, il est aujourd’hui considéré comme un pionnier du Street art.
Car si la fresque a été financée par la maison de la culture, ses interventions par la suite se feront de sa propre initiative et il installera ses collages sans autorisation. On pourra ainsi voir dans les villes, sur les murs au détour d’une rue, des personnages au réalisme époustouflant.
Le Street art
Discret ou monumental et international, le Street art se développe dans les espaces publics. Les artistes investissent l’espace urbain dans toutes ses dimensions et sur tous ses éléments. La rue devient alors un lieu privilégié où l’on peut voir ces œuvres qui explorent de nombreuses techniques et des sujets traités dans une grande liberté.
Des œuvres impressionnantes : militantes, figuratives, animalières, pleine d’humour, empreintes du design des jeux vidéo, exploratrices… Le passant a tout le loisir d’interpréter, d’admirer ou encore de rêver. Vous avez, par exemple, sûrement vu à Grenoble les moutons de The Sheepest. Ils ne sont pas installés au hasard. L’artiste joue avec l’architecture. Comme Ernest Pignon-Ernest, ses collages peuvent être décollés s’ils ne plaisent pas.
Grenoble Street Art Fest
D’abord créé à Grenoble en 2003, ensuite à Bayonne en 2007 et à Lyon en 2009, par Jérôme Catz, commissaire d’exposition et conférencier, Spacejunk est un lieu d’expression pour les plasticiens des cultures émergentes.
En 2015, son équipe organise la première édition du Grenoble Street Art Fest pour montrer l’ensemble des pratiques du Street art. Cette année, ce sera du 8 au 26 juin avec des réalisations d’œuvres dans le centre-ville et à Villeneuve, des expos à l’ancien musée de peinture ou encore des conférences sur cette discipline qui commence à être reconnue par les institutions de l’art.
Des artistes locaux et internationaux seront présents : l’australien Anthony Lister, les français Monkey Bird Crew, l’argentine Animalitoland et plein d’autres encore à aller voir sans réserve, la liste est longue.
Une mission de restauration délicate
Dans le cadre de cette deuxième édition du Street Art Fest, Spacejunk veut restaurer la fresque d’Ernest Pignon-Ernest à Villeneuve, considérée comme patrimoine historique de Grenoble. L’enduit sur lequel elle est posée ne tient plus et elle se désagrège.
La fresque restaurée sera inaugurée en présence d’Ernest Pignon-Ernest.
La restauration de l’œuvre est complexe et coûte 50 000 euros. Il faudra refaire le mur, retrouver des images d’archives, numériser l’œuvre, l’imprimer sur une toile qui sera marouflée sur le mur et enfin la protéger. La fresque restaurée sera inaugurée en présence d’Ernest Pignon-Ernest.
Afin de réaliser ce projet, Spacejunk fait une demande de financement participatif avec des contreparties telles que des sérigraphies de l’artiste.
Une fresque, un artiste
Réalisant ses premiers collages dès 1971, Ernest Pignon-Ernest s’est illustré à plusieurs reprises à Grenoble par des interventions restées dans la mémoire collective. Seule cette fresque réalisée en 1979 atteste encore de sa venue dans la capitale des Alpes.
C’est la plus ancienne des deux dernières fresques de l’artiste encore visibles aujourd’hui, l’autre ayant été réalisée à Belfort en 1986 et restaurée en 2012.
Cette œuvre gigantesque a été réalisée à la main et rehaussée par un procédé de sérigraphie à la verticale pour les lettrages. Interrogé sur son intention, voici ce qu’en dira l’artiste : "A cette époque, je m'interrogeais sur le rôle de l'artiste.
Peu à peu s'est imposé un thème lié à la dégradation de l'organisme dans certains postes de travail, les agressions invisibles, lentes qui rongent l'organisme pendant des années, fumées, bruits, pollutions diverses..." Né à Nice en 1942 Ernest Pignon-Ernest créé depuis 1966 des images éphémères sur les murs des grandes villes, qui se font l'écho des événements qui s'y sont déroulés. C’est un des initiateurs de l’art urbain en France.
Infos pratiques
Financement participatif :
Edition 2016 Street Art Fest du 8 au 26 juin
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