La nouvelle exposition du Musée dauphinois met le cap sur le Grand Nord, au-delà du 55e parallèle, à la découverte d'une culture ancestrale façonnée par la rudesse du climat polaire.
Le parcours de « Nunavik, en terre inuit » débute par une drôle de rencontre : une fois l'entrée franchie, le visiteur tombe nez à nez avec un ours blanc empaillé (emprunté au Muséum d'histoire naturelle), « l'animal emblématique de l'Arctique, le plus redouté par l'homme, mais aussi le plus admiré », explique Chantal Spillemaecker, conservatrice en chef et commissaire de l'exposition. Pour les Inuit, il est un redoutable chasseur et un intermédiaire avec le monde des esprits.
Au côté de l'ours, sont exposés un traîneau, tiré par les chiens sur la glace, un flotteur qui servait à éviter que les proies harponnées ne soient englouties dans les eaux gelées, des vêtements faits de peau de phoque ou de caribou. « Avant que les Blancs n'arrivent, tout était fabriqué à partir de matériaux trouvés sur place », détaille Chantal Spillemaecker. Plus loin, un espace évoquant l'igloo donne à voir de nombreux objets de la vie courante, parmi lesquels des « lunettes de neige » taillées dans l'os pour se protéger de la réverbération du soleil sur la banquise.
Une deuxième partie consacrée à l'arrivée des Occidentaux montre sur de grandes cartes d'époque les territoires explorés, à partir du 17e siècle, par les baleiniers et les aventuriers venus prospecter sur Nunavik, la « grande terre ». Suivent au 19e siècle les missionnaires, de jeunes prêtres qui se targuent de « sauver les âmes égarées » de ces « mangeurs de caribou ». Contre des peaux, les marchands de fourrure troquent aux autochtones leurs premiers biens manufacturés : tabac, farine, armes. La troisième partie explique ce basculement vers une économie de dépendance, la sédentarisation et l'assimilation des années 1950-1960.
Pour subsister, les Inuit deviennent sculpteurs et se racontent en modelant du bout des doigts leur quotidien, leurs croyances, leurs aspirations. En guise de passage vers la dernière partie de l'exposition, une aurore boréale est projetée au mur. Puis ce sont les Inuit d'aujourd'hui, montrés par une série de portraits photos et d'extraits vidéos, qui livrent leurs espoirs et leurs préoccupations, au sujet des rapports avec le Sud, du réchauffement climatique ou de la perte de repères des nouvelles générations. La scénographie ludique de cette exposition, conçue en partenariat avec les musées de la civilisation de Québec et l'Institut culturel Avataq, constitue un remarquable hommage à « l'ingéniosité de cette culture du froid ». Une plongée dans le temps et dans l'espace qui devrait captiver toute votre tribu.
Crédits photo : Coll. Musée des Civilisations, QuébecInfos pratiques
« Nunavik, en terre inuit » / Musée dauphinois / Du 24 mars 2016 au 2 janvier 2017 / 04 57 58 89 01 / www.musee-dauphinois.fr
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