Je suis au bord de l’Isère pour une pause avant mon prochain rendez-vous et j’ai envie d’échapper à la ville. Je ne peux pourtant pas espérer faire une promenade à la campagne ni monter jusqu’au sommet de la Bastille. Pas le temps. Le meilleur choix se trouve juste devant moi : la montée Chalemont.
Le temps est magnifique et j’entame sous le soleil, la très jolie montée Chalemont par l’escalier situé à droite de la fontaine du Lion, rue Saint Laurent à Grenoble. Ce passage, à l’origine raide et difficile d’accès, a été créé au XIVe siècle pour sortir de la ville par la colline du Rabot. Il restera jusqu’en 1620 la seule sortie possible en direction de Saint Martin le Vinoux.
C’est le duc de Lesdiguières qui ouvrira les premières voies par les quais de l’Isère. La montée s’est d’abord appelée Scala Montis (l’escalier de la montagne). Prononcez : Chcala Montis. On montait à cette époque, sous le passage situé sur le quai, à gauche de la fontaine après la boulangerie.
Utilisé jusqu’au siècle dernier, on peut encore lire sur le mur Montée du belvédère. L’escalier que l’on emprunte aujourd’hui remplace une maison qui a été détruite au début du XXe siècle et dont on a gardé l’escalier droit.
Couvent à l’abri des crus
Après la première terrasse, au petit carrefour, je laisse à droite la montée Cularo pour continuer à gauche sur la volée de l’escalier qui mène à une porte voûtée en pierre et surmontée d’une statue qui sera installée au XIXe siècle au temps des sœurs Ursulines.
La montée continue jusqu’au couvent (aujourd’hui le musée dauphinois) construit autour des années 1620 après l’arrivée des sœurs de la Visitation. Les visitandines s’étaient installées sur les hauteurs pour être protégées par les enceintes fortifiées de Lesdiguières et à l’abri des crues.
Elles possédaient aussi une réserve d’eau potable et quand le quartier en bas était inondé, la population se réfugiait chez elles.
Dans les années 1920, ce quartier animé mais devenu insalubre, où les enfants jouaient dans l’escalier a été réaménagé. Les maisons qui bordaient la montée à gauche ont été détruites pour faire place à des jardins. La seule maison qui reste, était à l’origine celle des prêtres qui officiaient dans la chapelle et qui ne pouvaient pas, on imagine, cohabiter avec les sœurs.
Par mauvais temps, ils utilisaient un passage qui part de la terrasse de la maison, passe sous la montée et rejoint le couvent de l’autre côté par un escalier intérieur.
Prison, école, caserne…
Cette montée si calme, charmante et de laquelle je peux très rapidement admirer les toits de Grenoble et les jardins, a mené au fil des âges à un couvent, une prison, une école religieuse, une caserne, des logements insalubres pour 150 familles italiennes venues de Corato et monte maintenant au musée Dauphinois.
L’entrée actuelle du musée qui a été percée lors de la réhabilitation du couvent en 1968, est en réalité l’arrière des bâtiments. L’entrée historique est située en pleine montée dans les escaliers. C’est une belle terrasse, derrière un portail, qui dessert l’entrée de la chapelle à droite et du couvent à gauche.
Un peu plus haut, une autre terrasse, plus petite, offre un point de vue sur Grenoble avant d’entamer la dernière partie des escaliers. La montée Chalemont qui suit la trace de l’ancienne voie romaine m’a charmée. Ce grand escalier à pente douce avec ses paliers réguliers, m’a invitée à flâner.
Ce matin d’hiver ensoleillé, en quelques minutes au-dessus de Grenoble, j’ai savouré cette pause de silence et de rêverie avec vue sur Belledonne.
Crédits photo : J.T.Infos pratiques
Remerciements à Stéphanie Julien et Vincent de Taillandier de l’Office du tourisme pour leur accueil et leur aide.
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