Les plus anciennes datent du III siècle. Rondes, rectangulaires, octogonales, elles rappellent le passé militaire de la ville ou témoignent de la noblesse d’une maison. Et nous les croisons souvent sans vraiment les connaitre, tant ces tours et échauguettes jalonnent Grenoble.
Mais avant de commencer le parcours, petite précision lexicale. Tour ? Échauguette ? De quoi parle-t-on vraiment ? Si une tour peut être défensive ou ornementale, les échauguettes (qui apparaissent majoritairement aux XVIe et VIIe siècles), elles, répondent uniquement à un usage militaire et ne sont jamais directement posées sur le sol. Munies de meurtrières, elles couronnent les angles d’une enceinte et permettre aux soldats de tirer à l’extérieur sans s’exposer.
ELLES MONTENT LA GARDE…
Grenoble garde l’emprunte de sa première enceinte gallo-romaine. Edifiée au IIIe siècle, la muraille comptait 39 tours défensives semi-cylindriques d’un bel appareillage en roche calcaire. Certaines demeurent, notamment au 3, rue Lafayette (côté rue de la République) ; au sous-sol du musée de l'ancien Evêché dans l'espace archéologique ; au chevet de la cathédrale Notre-Dame…
Dans la rue Hector Berlioz, la Maison de l’International (ancien Hôtel de Lesdiguières) s’appuie sur la Tour de la Trésorerie, surélevée au XIVe siècle, puis encore modifiée au XVIIe.
De facture très différente, aux abords du Musée de Grenoble, se trouve la Tour de l’Isle : seul vestige marquant des fortifications médiévales à l’est de la ville (XIVe siècle). Achevée en 1418, cette construction massive et rectangulaire, surmontée par des mâchicoulis, fut appelée ainsi car construite non loin du ruisseau le Verderet qui se jetait alors dans l’Isère, donnant ainsi l'impression d'un site insulaire.
Elle a servi de premier hôtel de ville jusqu'à la prise de Grenoble, à la fin du XVIe siècle. Le duc de Lesdiguières la réquisitionne et la transforme en arsenal tandis qu'il édifie tout autour une citadelle militaire, dont subsiste une élégante échauguette, à l'angle du quai Jongkind et de la place Lavalette.
C'est à cette époque que furent percées les fenêtres à meneaux plats que l'on observe toujours sur les façades de la tour (depuis 1994, la tour est reliée par une passerelle moderne au musée de Grenoble, dont elle est une extension.) Il suffit, ensuite, de lever la tête pour apercevoir un autre souvenir militaire.
Sur les contreforts de La Bastille, une échauguette octogonale peinte alternativement en rouge ou en bleu (rituel consacré des étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts) attire le regard. Il s’agit là encore, d’un héritage du Duc de Lesdiguières.
…SYMBOLISENT LA PUISSANCE ET LA NOBLESSE
Lorsqu’elles ornent une maison seigneuriale, les tours sont là pour montrer l’importance et la richesse du clan. Le plus souvent rondes, elles abritent alors un escalier hélicoïdal et peuvent parfois comporter ouvertures.
Elles sont désormais l’apanage de certaines habitations privées : rue Chenoise, rue Saint-Laurent, rue Brocherie, etc. Dans la rue Pont-Saint-Jaime, sur la droite, se dresse une haute tour en briques, érigée sur une base en maçonnerie : la Tour de Sassenage (XIIe siècle). Elle appartint aux seigneurs de Chaulnais, puis aux seigneurs de Sassenage.
Au XXIIe siècle, elle est définitivement englobée dans un hôtel particulier. Plus surprenant, au 17-19 Grande Rue, c’est au cœur d’un commerce que l’on peut voir un très bel exemple de tour à vis du XVe siècle au soubassement en pierres de tuf.
ET ONT GRANDI AU FIL DES SIÉCLES
Impossible de finir sans évoquer la Tour de Clérieux, place Notre-Dame, que montrent directement les personnages au sommet de la fontaine des Trois-Ordres. Rescapée de l’enceinte gallo-romaine, elle est unique car surélevée d’abord au XIIIe siècle, puis au XIXe pour réaliser une terrasse panoramique !
Elle fut un haut lieu touristique de notre ville puisque que pendant un siècle, elle seule offrait une vue à 360° sur Grenoble ! Voilà de quoi excuser le malencontreux enduit moderne qui masque les pierres d’origine.
Infos pratiques
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