Avec deux cours d’eau, Lyon est une ville où l’on traverse sans cesse un pont. Entre des courants aussi tumultueux que peut l’être parfois l’Histoire, ces enjambées entre deux rives ont beaucoup à raconter. Visite guidée le long de la Saône.
Le départ aurait presque pu se faire à Fourvière, si ce projet fou avait été réalisé : relier par un pont suspendu la colline qui prie à celle qui travaille (la Croix-Rousse). Envisagée dès 1847 et jusqu’un 1990 (date du dernier concours), cette idée a fait l’objet de nombreuses recherches à grand renfort d’architectes et d’ingénieurs, dont Gustave Eiffel.
En près de 150 ans, environ 45 projets ont été proposés. Si la ville de Lyon a montré de l’intérêt pour cette entreprise, elle n’a jamais donné suite notamment au vu de la facture que cela engendrerait.
Vous imaginez, pouvoir passer de la Croix-Rousse à Fourvière en ligne droite, sans descendre et remonter les pentes ? Vous imaginez, un pont à hauteur des collines ?
Ce n’est pas pour demain donc on se contentera de traverser la Saône au ras de l’eau.
Depuis le quai Saint-Vincent, côté premier arrondissement, prenez la passerelle du même nom, et savourez la vue des deux côtés. Dirigez-vous vers la petite place pavée droit devant, celle de l’église Saint-Paul, puis rejoignez la gare et le Vieux Lyon.
Un petit crochet avant de s’arrêter place du Change, vous pourriez tout aussi bien longer les quais mais c’est plus joli par ici.
Vestiges et projets fous
Saviez-vous qu’il a existé un pont reliant la place du Change et l’église Saint Nizier ? C’était même l’un des premiers à franchir la Saône.
Sa “première version” (comme tous les ponts il fut mis à mal par les éléments ou les guerres) comportait sept arches, dont “l’Arche merveilleuse” un chef d'oeuvre technique. Celle-ci était surmontée d’habitations. Des maisons allant parfois jusqu’à trois ou quatre étages. Oui, un peu comme le Ponte Vecchio de Florence.
Les orfèvres y logeaient, du côté de Saint-Nizier. Moins romantique, c’était aussi le théâtre des éxecutions capitales. Un trou dans le pavement permettait de plonger les condamnés à la noyade dans la Saône.
Aujourd’hui, il ne reste que les gradins en face de Saint-Nizier pour marquer le site. On va se répéter mais, vous imaginez la majestuosité d’un pont reliant cette belle église à la jolie place pavée entourant le temple du Change ?
Quand vous aurez fini de rêvasser, poursuivez votre chemin jusqu’à Saint-Jean, et même jusqu’à Saint-Georges. On aurait pu intituler cette balade “ponts et églises”, tiens. Mais puisqu’on se concentre sur les traversées, empruntez la passerelle face à l’église, appelée Paul Couturier.
Ce dernier était un prêtre lyonnais œcuméniste, qui a donc contribué à rassembler les divers courants du christianisme. D’ici, vous pouvez longer la rivière vers le sud.
Saurez-vous retrouver les traces du pont d’Ainay, lui aussi disparu ? Il y en a quai Tilsitt et quai Fulchiron au niveau de la voûte d’Ainay, dans le prolongement de la place. Egalement appelé pont Carron ou de l’Arsenal, il fut plusieurs fois endommagé par les crues, par le siège de Lyon en 1793 et l’explosion de l’arsenal à la suite de quoi les habitants le dépecèrent pour récupérer son bois. Il fut finalement détruit en 1944.
Si vous avez le courage, poussez jusqu’à la Confluence pour emprunter le tout dernier pont de Lyon, nommé Raymond Barre, dédié aux modes doux (piétons, cyclistes et tramways), au pied du déjà célèbre et plébiscité musée des Confluences !
Crédits photo : Thierry llansadesInfos pratiques
> LE SAVIEZ-VOUS ?
En 1944, tous les ponts de Lyon ont été détruits, à l’exception des passerelles Saint-Vincent et de l’Homme de la Roche.
> EXPOSITION “LYON EN COULEURS” qui propose de nombreuses photos des ponts de Lyon, prises avec les premières pellicules couleurs, entre 1943 et 1945.
Au CHRD, 14 avenue Bethelot, Lyon 7e.
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