Il paraît que les randonneurs sont de plus en plus connectés, que la technologie s’invite sur les sentiers, au poignet ou dans les sacs à dos des jeunes et des moins jeunes adeptes de grands espaces et de nature sauvage. Pourquoi ? Et comment les marques répondent aux attentes de ces geeks des hauts sommets ? Notre guide vous explique tout.
Croiser un randonneur avec une montre hi-tech, un bracelet connecté, un smartphone sera de plus en plus fréquent si l’on se fie aux déclarations de l’ensemble de nos interlocuteurs. La fédération française de randonnée pédestre a sorti une étude réalisée en 2014 auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes.
Un état des lieux de la randonnée pédestre en France où l’on apprend que 64% des pratiquants possèdent un smartphone mais que « seulement » 29% l’utilisent pour leur pratique (toutes catégories confondues), chiffre qui grimpe à 39% chez les 15-24 ans et 53% parmi les CSP aisées. Ces données devraient croître, d’après les grandes marques actives sur ce marché.
D’ailleurs, Quechua a créé il y a deux ans la cellule Connected Hicker pour coller à cette tendance. Jean-Charles Laügt, responsable de la cellule : « Nous observons énormément les pratiquants. Le connecté ne s’arrête plus au bord des vallées, il va en montagne. Les gens ont besoin et expriment ce besoin d’être connectés ».
La connectivité fait mouche
Suunto, fabriquant réputé de montres de baroudeurs, dont la célèbre Vector, confirme : « on ressent cette tendance par la nature et l’environnement du marché. Nos concurrents se développent comme nous sur le même schéma. Les consommateurs recherchent les objets connectés pas seulement pour faire geek, mais pour disposer de fonctions utiles à leur pratique » explique Hervé Riffault directeur commercial de la marque en France.
Du côté du Vieux Campeur de Grenoble, Maxime, au rayon instrumentation, entérine : « de plus en plus de fonctions de connectivité font mouche auprès de nos clients ».
Il parle même d’une forte évolution en quelques années, notamment chez les plus jeunes. « Même si les prix ont évolué vers le haut, le segment est très porteur. Les montres GPS et connectées sont le segment le plus dynamique en termes de recherche et développement. Un nouveau modèle sort tous les six mois. »
Être connecté, c’est quoi ?
Connecté, connectivité… Les marques en parlent de manière prometteuse mais au juste, ça veut dire quoi ? Un GPS ou un téléphone n’étaient-ils pas déjà connectés ? « La connectivité s’entend entre appareils et essentiellement avec son téléphone portable.
C’est le fait de pouvoir avoir un lien filaire ou bluetooth entre son produit sportif et son smartphone. Les bracelets ont ouvert la porte, et maintenant ce sont les GPS et les montres » explique Maxime au Vieux Campeur.
Ainsi, les produits, mis au point pour les traileurs, soucieux de suivre leurs performances, ou les personnes souhaitant évaluer leur condition physique, sont désormais adoptés par les randonneurs technophiles.
Être connecté, pourquoi ?
Du côté des randonneurs qui possèdent un smartphone, l’étude de la FFRP montre qu’une grande majorité se contente de l’utiliser pour prendre des photos (67 %) pour éventuellement les partager, et que seul 29% d’entre eux estiment que les nouvelles technologies pourraient les aider pour leur pratique.
Les marques, de leur côté, tiennent un discours beaucoup plus enjôleur sur l’intérêt de ces objets ou de ces applications. Trois besoins ont été identifiés.
La sécurité avec la possibilité de se géolocaliser rapidement et de transmettre ces données par téléphone en cas de nécessité de secours, par exemple ; le partage de photos, de données et d’émotions avec quelques commentaires bien sentis, et surtout la gestion des données.
Ainsi, en transmettant à son smartphone les paramètres d’une randonnée enregistrés par son GPS ou sa montre, ceux-ci deviennent beaucoup plus lisibles, exploitables par l’utilisateur quand il rentre chez lui, ou même directement sur le terrain pour, par exemple, mieux gérer son effort.
L’inverse est aussi possible : « grâce au smartphone, on va pouvoir paramétrer aisément son objet, changer ses fonctionnalités et l’adapter au plus près de son utilisation » indique Hervé Riffault de Suunto.
Les applis gagnantes
Autour de ces promesses et de ces attentes, chacun développe ses produits ou ses applications. La FFRP parie, elle, sur la numérisation des itinéraires. Un cas concret est en cours dans l’Allier avec le GR 470. L’application RandoMobile GR 470 offre, étape par étape, la carte de la randonnée, les conseils pour suivre l’itinéraire, les points d’intérêt sur le parcours, mais aussi des conseils pratiques et des adresses utiles.
Les « rando-fiches » sont téléchargeables sur un site internet dédié. Au niveau national, la FFRP devrait éditer, d’ici fin 2015, une application mobile gratuite permettant d’identifier tous les parcours de randonnées possibles à proximité d’un lieu donné. Une fois l’itinéraire sélectionné, une autre appli, payante celle-là, donnera accès à une cartographie, avec positionnement GPS et informations touristiques.
Auteur de la sortie remarquée d’un smartphone tout-terrain en 2013, Quechua s’est repositionné en lançant en novembre dernier, sous Android, l’appli mobile Quechua tracking. « Une application sur laquelle on construit les promesses qu’on va apporter aux randonneurs : sécurité, confort et partage d’émotions possible » explique Jean-Charles Laügt.
L’appli, qui comporte des fonctions gratuites et d’autres payantes, permet d’enregistrer les données de son parcours sous forme d’un carnet de rando (hikebook) avec photos, que l’on peut partager sur les réseaux sociaux. La position GPS de l’utilisateur apparaît, elle, sur une carte OpenStreetMap-Landscape. « Cela permet d’avoir une carte complète du monde et toujours mise à jour car collaborative ».
Le mobile tout-terrain oui, mais…
Timides mais tout de même perceptibles, les ventes de mobile tout-terrain décollent aussi de leur côté. Tout-terrain car waterproof et résistant aux chocs. MTT, Caterpillar, Crosscall et, dans une moindre mesure, Sony et Samsung en proposent. En embarquant avec eux boussole, altimètre, baromètre, des cartes et les fonctions d’un smartphone, ils ont l’avantage de la polyvalence.
« Ces appareils fonctionnent bien mais les antennes GPS ne sont pas au niveau d’un vrai GPS. 80% de ma clientèle préfère acheter un GPS classique qui fasse bien le job, quitte à avoir un téléphone à côté » indique Maxime du Vieux Campeur. Autre point noir de ces tout-en-un pour baroudeur : l’autonomie. Plus de batterie signifie plus de téléphone, mais aussi plus de GPS, de cartes ni d’altimètre. Oups !
L’heure est à la montre
Le best-seller annoncé des objets connectés pour baroudeur est la montre multifonctions. « Le problème d’autonomie est réglé car GPS, altimètre et baromètre sont indépendants du smartphone. Le produit est donc plus fiable et plus durable » indique Hervé Riffault de Suunto.
Garmin et Suntoo ont déjà sorti leur modèle, respectivement la Fenix3 et l’Ambit3. Toutes deux prennent aussi en charge le signal GPS mais leurs fonctions ne s’arrêtent pas là. On peut recevoir à son poignet ses messages, SMS et des alertes… à condition d’avoir du réseau ! « L’intérêt réel, c’est d’avoir un produit hybride entre le GPS classique et la montre altimètre traditionnelle, mais dans un format montre très pratique » assure Maxime qui annonce la sortie prochaine de la montre Garmin Epix.
« Ce qui manquait jusqu’à présent sur ces montres, c’est la cartographie. Avec l’Epix, on l’a. C’est une mini révolution ». Symbole de l’avenir de ces produits : même les fabricants de montres traditionnelles comme Tissot, Tag Heuer ou Breitling se positionnent sur ce créneau, tout comme Apple, dans un autre domaine, à grand renfort de publicité.
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