Pouvons-nous imaginer alors que le soleil nous offre de belles promenades dans les rues paisibles de Grenoble en ce printemps 2015, qu’il fut un temps où la peur régnait et où les rafles étaient courantes ? C’était sous l’occupation allemande de 1943 à 1944. Revisitons quelques lieux de la ville quand la Résistance luttait pour la liberté.
Le 22 août 1944, Grenoble est libérée. Les mois précédents, la ville a été le théâtre d’actes héroïques pour résister à l’occupation allemande. Arrêtons-nous aujourd’hui dans quelques rues.
Rue Palanka, non loin de la place Grenette où les allemands se divertissent dans un club, une sentinelle assure la sécurité des militaires qui se sentent menacés par les résistants. Le 6 octobre 1943, l’ingénieur André Abry rentre chez lui. Au moment où il met la main dans sa poche pour chercher sa clé, il est abattu par la sentinelle.
Au 5 de la rue, habite aussi le Docteur Valois, chef des Mouvements Unis de la Résistance qui est arrêté le 27 novembre 1943 et emmené au 28 cours Berriat, siège des renseignements allemands. Après avoir été torturé pendant 10 h, épuisé, de retour dans sa cellule il s’ouvre l’artère du bras avec ses lunettes pour mourir sans avoir rien avoué.
Place Pasteur dans la maison des Etudiants, l’Etat-major de la Wehrmacht héberge la Gestapo, police secrète d’Etat. Devant, se trouve un terrain vague entouré de barbelés. A quelques mètres de là, Place Paul Mistral, le 11 novembre 1943, une manifestation de commémoration, officiellement interdite, rassemble 2000 manifestants, mécontents et excédés par les rafles, devant le monument des Diables Bleus élevé à la mémoire des chasseurs alpins morts en 14-18.
Soudain, une fusée est tirée, soldats allemands et police secrète encerclent les manifestants. Certains s’enfuient mais une grande partie est parquée dans le terrain vague. Les plus jeunes sont arrêtés et 390 d’entre eux déportés en camps de concentration en Allemagne. Seulement 120 en reviendront. Leurs témoignages sont au musée de la Résistance à Grenoble.
Rue des Martyrs, à l’emplacement de l’actuel CEA, le Polygone d’artillerie est la réserve d’armes de l’armée allemande. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1943, le résistant Aimé Requet (adjoint du commandant Nal, chef des groupes francs de l’Isère) qui travaille dans l’arsenal, fait sauter 200 tonnes de munitions. Les allemands entreposent alors la réserve d’armes qui ont été sauvées à la Caserne de Bonne. Le 2 décembre 1943, un résistant polonais, Aloyzi Kospicki, enrôlé de force dans la Wehrmacht, fait sauter le bâtiment. L’explosion est si forte qu’elle détruit les bâtiments alentours et toutes les vitres de la gare.
Rue Bizanet, Isaac Schneersohn, un juif français crée, le 28 avril 1943, le centre de documentation juive contemporaine (CDJC) pour témoigner de la persécution juive. A cette date, Grenoble est encore occupée par les forces italiennes qui ne déportent pas les juifs. La zone est alors assez sûre. Après septembre 1943, c’est aidé de militants et de résistants qu’il recueillera de nombreux documents et témoignages.
Le square des fusillés. Le 14 août 1944, en représailles d’un attentat, vingt jeunes résistants du Vercors sont transportés en camions jusqu’au square. Ils y sont fusillés au fur et à mesure qu’ils descendent des camions. Les noms des victimes sont inscrits sur le monument des fusillés. Nombre de lieux à Grenoble ont été témoins de ces moments historiques.
Dans le nouveau quartier de la Presqu’île, a été inaugurée une nouvelle place de la Résistance, lieu de mémoire et de commémoration.
Crédits photo : Square des fusillés / ©J.T.
Infos pratiques
> Course de la Résistance, le 8 mai 2015 : course de 10 km à Grenoble passant par les lieux emblématiques de la Résistance Informations et inscriptions : www.isere.fr / Renseignements : françois@idee-alpe.fr/ 04 76 40 19 22
> Balades à vélo : la visite « Résistance », les 21 mai et 25 juin à 16h30 et le 8 mai à 14h / Durée 2h00 Renseignements : office du tourisme/ www.grenoble-tourisme.com / 04 76 42 41 41
> Musée de la Résistance et de la déportation, 14 rue Hébert, Grenoble/ Entrée libre /04 76 42 38 53
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