Ma fille me dit au téléphone : « on se retrouve à VH ! » Moi, je veux bien mais « c’est quoi VH ? » «Place Victor Hugo ! ». En 1885, quand la place fut terminée, les rues n’avaient pas encore de nom et la place se nommait : Place C. La même année, après le décès de Victor Hugo, Edouard Rey, alors maire de Grenoble, décide de lui rendre hommage et la place C devient place Victor Hugo.
Que vous veniez du bord de l’Isère, de la gare, des boulevards ou des vieux quartiers, vous avez toutes les chances de traverser la place Victor-Hugo.
Située en plein centre de Grenoble, elle montre une ambiance en contrastes : population hétéroclite et de toutes générations ; entourée de commerces de luxe mais aussi de fast-food et barbes à papa ; voie de passage du tram, des voitures et des piétons ou square pour lézarder au soleil, se reposer sur un banc et boire un verre en terrasse.
Variété aussi au fil des saisons avec le festival le Millésime, le marché de Noël et la fête de la musique. Enfin, les immeubles à l’esthétique « haussmannienne », qui bordent la place Victor Hugo sont les témoins d’un quartier aisé et moderne qui fut construit en 1889 entre la place Grenette et la gare pour devenir le nouveau centre-ville.
Un quartier militaire
Avant 1885, la place qui n’existe pas encore est occupée, entre le bassin actuel et l’église Saint Louis du côté du tram, par le couvent des Carmélites fondé en 1636 et transformé en caserne en 1792. En face, du côté de la statue de Berlioz, se trouvent deux grandes casernes construites en 1730 et 1768.
Ainsi, durant quelques années, soldats et carmélites sont voisins au grand dam des sœurs qui reçoivent des soldats, par-dessus les murs d’enceinte, des messages qu’elles n’ont pas le droit de lire.
Du milieu de la place, jusque vers le Bd Jean-Jaurès, la zone est complètement dégagée jusqu’aux pieds des remparts de la ville pour assurer une surveillance en toute sécurité. De l’autre côté des remparts, en 1858, un quartier s’est développé autour de la gare mais les fortifications l’isolent du reste de la ville.
Alors, en 1883 les casernes sont déplacées, reconstruites dans l’actuel quartier de Bonne et la fortification est détruite. À la place, le maire Edouard Rey fait dessiner entre l’église Saint-Louis et la gare, un nouveau quartier qui deviendra le nouveau centre de Grenoble.
La place Victor Hugo d’où partent les nouvelles avenues va devenir un trait d’union entre la vieille ville et les quartiers qui se développent à l’ouest.
De l’eau à tous les étages
Les immeubles « hausmanniens » respectent un gabarit strict de 4 étages mais la décoration est libre. Si vous levez la tête vers les façades, vous verrez de nombreuses moulures sous les balcons voire des sculptures comme le majestueux griffon au sommet de l’immeuble, à l’angle de la rue Molière et du Bd E. Rey.
À la fin du XIXe siècle, ce nouveau quartier attire les familles bourgeoises. Les appartements sont confortables et sont les premiers à être construits avec des salles de bain. Un nouveau réseau d’adduction d’eau est donc mis en service ce qui aura pour conséquence une tarification de l’eau, jusque-là gratuite puisque fournie par les fontaines de la rue.
Comme il n’est plus besoin d’aller chercher l’eau, on construit au milieu de la place, le premier bassin d’agrément.
Hommage
Situé du côté Bd E. Rey, le monument au Général de Beylié a été inauguré en 1913. Mécène et collectionneur, le général a donné de nombreuses œuvres d’art au musée de Grenoble.
Plus loin, la statue Berlioz a été inaugurée en 1903 à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur né à la Côte Saint André.
Crédits photo : Daniela Petrel - www.danielapetrel.com
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