Du simple monastère bénédictin à la basilique, de la puissante abbaye au grenier à blé, il n’y a que quelques pas que Saint-Martin d’Ainay a tous allègrement franchis au fil des siècles. Retour sur l’histoire méconnue de ce monument lyonnais.
Ainay était autrefois la limite sud de la presqu’île, au confluent du Rhône et de la Saône, jusqu’au projet d’extension mené par l’ingénieur Perrache au XVIIe siècle. C’était aussi un territoire religieux puisque le quartier correspondait en fait au domaine de l’abbaye, aujourd’hui devenue basilique Saint-Martin d’Ainay. L’entrée est aujourd’hui située au n°11 de la rue Bourgelat.
C’est la seule église romane encore conservée à Lyon, ce qui fait d’elle aussi la plus ancienne de la ville. Son architecture peut paraître surprenante par son côté éclectique et ramassé, mais elle est surtout le témoin d’une histoire mouvementée. Datant du XIe siècle, elle est construite sur les bases d’un ancien monastère bénédictin.
Dès le XIIIe siècle, l’abbaye se développe considérablement et devient l’une des plus puissantes du royaume de France. À la Renaissance, le monastère est composé de plusieurs dépendances, cloîtres et vignes et possède également un port. L’abbé habite un palais et reçoit des hôtes prestigieux. Plusieurs rois de France y séjournent, comme Henri IV à l’occasion de son mariage avec Catherine de Médicis à la cathédrale Saint-Jean.
L’abbaye est aussi propriétaire de la grande prairie qu’était à l’époque la place Bellecour, utilisée pour les exercices militaires ou les parties de jeu de paume, ainsi que des îles ou “brotteaux” du confluent au sud. Le domaine est délimité par des remparts, érigés dès 1313 pour protéger la riche abbaye. Ils s’avèrent toutefois peu efficaces face aux huguenots (protestants des guerres de religion de 1562) qui parviennent à endommager l’église et les archives. Ils sont finalement détruits pour permettre l’agrandissement du territoire au sud en 1777. L’île Mogniat, séparée de la ville par un bras du Rhône, devient le nouveau quartier de Perrache.
Comme son nom l’indique, la rue des remparts d’Ainay mais aussi la rue Bourgelat correspondent au tracé des fortifications disparues. On peut même voir l’emplacement d’une ancienne porte de l’enceinte : vous apercevrez la voûte d’Ainay depuis la place d’Ainay en direction des quais de Saône.
Vestiges antiques
Après avoir été rasée pendant la Révolution, sauf l’église qui servait de grenier à blé, l’abbaye est menacée de destruction au XIXe siècle. Elle est finalement sauvée et bénéficie d’une restauration importante. Les deux chapelles de style néo-roman sont ajoutées à cette époque.
Classée monument historique en 1844, elle est élevée au rang de basilique par le Pape en 1905. À l’intérieur aussi, son architecture réserve des surprises. Autour du choeur se trouvent quatre colonnes romaines à l’origine particulière : elles ont été récupérées sur les ruines du sanctuaire des Trois-Gaules (sur les pentes de la Croix-Rousse).
Les gallo-romains avaient fait venir d’Égypte, en l’an douze avant J-C, deux colonnes en granite gris, que les constructeurs ont visiblement jugées réutilisables. Ils les ont donc sciées en deux puis embarquées sur la Saône pour rejoindre Ainay. Le système D de l’époque !
Crédits photo : Maciek PoltorakInfos pratiques
> HORAIRES
La basilique est ouverte au public de 9h à 12h et de 14h30 à 18h (sauf funérailles).
> VISITES DE LA BASILIQUE
Des personnes se tiennent à disposition des visiteurs pour répondre aux questions ou proposer une présentation de la basilique : le mercredi de 15h à 17h et le samedi de 10h à 11h30 (rendez-vous à l’accueil). Visites en groupes possibles.
> LITTLE
Pour se réchauffer après la visite, ce charmant salon de thé est parfaitement situé au 30 de la rue des remparts d’Ainay. La maison est spécialisée dans les cupcakes.
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