L’offre de ski actuelle n’a plus grand-chose à voir avec celle de nos parents. Aujourd’hui, les amateurs de sports d’hiver ne veulent plus se contenter d’enquiller les kilomètres de piste jusqu’à plus soif. Ils veulent d’abord vivre des expériences de glisse, et privilégient la qualité à la quantité. Les stations l’ont bien compris. Elles apportent un soin particulier à l’aménagement de leurs snowparks et autres espaces ludiques.
Si vous avez prévu de séjourner à Arc 1800 cet hiver, vous risquez fort de ne pas reconnaître le front de neige. Un nouvel espace, baptisé « Mille 8 », y a en effet été aménagé. Desservi par la nouvelle télécabine 8 places des Villards (600 mètres de long, 119 m de dénivelé et un débit de 2700 personnes/heure), il se présente comme une mini-station au cœur de la station.
On y trouve plusieurs pistes à thèmes : les « bosses » (un parcours ludique freestyle avec modules et sculptures de neige), les « cabanes » (une piste découverte en forêt scénarisée, illuminée et protégée des autres flux de skieurs), le « cube » (un espace débutant avec tapis de ski couvert et espace sécurisé), les « pingouins » (espace enfants dédié aux tout-petits, avec structure pour luge, igloos et baby snowpark), une piste de luge et un centre aqualudique de 3780 m², équipé d’un bassin extérieur, un bassin couvert ludique avec des jets massants, des lits de massage à bulles, bains à remous, cascades, grottes…, des espaces avec jeux d’eau pour les enfants, un espace bien-être (hammams, saunas) et un espace fitness… Il sera ouvert en journée comme en soirée (jusqu’à 19h30, et même 20h30 le jeudi).
Skier en vivant une histoire
Sur le site web des Arcs, Mille 8 est présenté comme « un nouvel espace d’expériences inédites ». Cette communication est symptomatique de l’offre de glisse actuelle de la majorité des stations françaises. Si toutes apportent un soin particulier à la préparation et au damage des pistes « classiques », elles ne se contentent plus, comme quelques années en arrière, de mettre en avant uniquement la taille de leur domaine skiable.
Elles ont bien compris que la majorité des skieurs recherche aujourd’hui bien plus que l’accumulation pure et simple des kilomètres de pistes et de dénivelé négatif. « On veut que nos clients vivent une expérience, éprouvent des émotions. Pour cela, une piste de ski lambda ne suffit pas. C’est pour cela qu’on a développé les pistes Opoualand dans nos stations (lire encadré).
Il ne s’agit plus uniquement de dévaler une piste, mais de vivre une histoire, c’est ça qui plaît aux enfants. Dans la même optique, nous proposons aussi d’autres expériences, visant à découvrir les coulisses d’un domaine skiable.
Il peut s’agir de faire l’ouverture des pistes en compagnie des pisteurs, ou d’aller faire un tour dans une dameuse », explique Jean-Yves Remy, le pdg du groupe Labellemontagne, l’exploitant de 8 domaines skiables de taille moyenne : l’Espace Diamant (Praz-sur-Arly, Notre-Dame-de-Bellecombe, Flumet et Crest-Voland) ; Saint-François-Longchamp, Orcières-Merlette / Serre-Eyraud, Manigod, Risoul, Pralognan-la-Vanoise, La Bresse-Hohneck/ La Schlucht et Bardonecchia (Italie).
Souriez, vous êtes filmés
Vous vous dites sans doute que ces « pistes à thème » et autres « espaces ludiques » existent déjà depuis de nombreuses années, sous la forme des snowparks. Certes, mais ceux-ci se sont nettement améliorés.
Prenons l’exemple des snowparks labellisés « Freestyle Park », qui existent dans dix stations en France, dont l’Alpe d’Huez. Grâce à son forfait « mains libres », le skieur (ou snowboardeur) s’identifie à une borne située à l’entrée du snowpark. Il déclenche ainsi trois caméras installées dans différents endroits du snowpark. La vidéo de ses exploits est visible quasiment instantanément sur un écran placé à l’arrivée du snowpark.
En indiquant son numéro de téléphone portable, chaque rider peut instantanément et gratuitement recevoir la vidéo sur son smartphone, avec en prime la possibilité de la partager sur les réseaux sociaux. « Nos pistes de réflexion sur l’avenir portent non seulement sur la possibilité de vivre de nouvelles expériences, mais aussi sur la possibilité de les partager via les réseaux sociaux.
C’est aussi une façon de prolonger ses vacances », estime Jean-Yves Remy. Offrir des sensations en toute sécurité Si elle était à l’origine destinée presque exclusivement aux freestylers purs et durs, l’offre de pistes à thème a depuis élargi son spectre.
Exemple aux Deux-Alpes avec les « zones slides », entre 2900 et 2600 mètres d’altitude. On y trouve des canyons, des corniches (avec une plateforme en bois inclinée de façon progressive, pour des hauteurs variant de un à cinq mètres) ou encore des « cascades », sorte de piste « à l’ancienne » avec de nombreux mouvements de terrain naturels. En résumé, ces « zones slides » ont pour vocation d’offrir des sensations qu’on ne peut normalement éprouver qu’en milieu 100 % naturel, tout en contrôlant la prise de risques.
« The Stash », du côté d’Avoriaz, s’inscrit un peu dans la même optique, à mi-chemin entre freeride et freestyle. Créé en 2008, cet espace de 1,3 km de long pour 470 mètres de dénivelé est un snowpark qui ne ressemble pas à un snowpark, avec des modules 100 % naturels dispatchés sur une piste jamais damée.
On y trouve ainsi des souches et troncs d’arbres, tables en bois sur lesquelles on glisse, des sauts de chemins et rochers… Le concept de « The Stash » a été inventé par Jake Burton, le créateur de la marque de snowboard éponyme.
Constatant l’absence de structures de glisses pour les riders « seniors » (qui avaient commencé le freestyle il y a une vingtaine d’années), il a imaginé un espace où l’on puisse pratiquer le freeride comme le freestyle, idéal pour partager les joies de la glisse entre parents et enfants.
Né aux Etats-Unis, le concept a ensuite été exporté à Avoriaz, où The Stash compte désormais quelque 120 modules (dont 20 nouveaux cet hiver).
La convivialité avant tout
On le voit, les nouvelles zones ludiques s’adressent autant aux adeptes du freeride que du freestyle. Lancées à Tignes il y a quelques années – où elles n’existent plus désormais - les zones de « freeride sécurisé » se sont développées depuis dans de nombreuses stations.
La Rosière, Sainte-Foy-Tarentaise ou encore Montgenèvre proposent ainsi aux skieurs d’évoluer en poudreuse sur des pistes qui ne sont pas damées, mais sécurisées (avec des déclenchements préventifs d’avalanche) et balisées avec des jalons.
À force de développer ces zones ludiques, les stations ne risquent-elles pas de se transformer en « Disneyland à la montagne » ? Jean-Yves Remy ne le pense pas : « On ne pourrait pas être dans un espace totalement artificiel. Il faut un mélange entre les éléments artificiels et naturels.
Dans la conceptualisation des pistes ludiques, il faut faire des rappels aux éléments naturels. Par exemple, dans les nouveaux Opoualand que nous installons cet hiver à Orcières-Merlette et à Manigod, nous allons installer des animaux stylisés comme des bouquetins, des renards ou des marmottes.
Mais au-delà de ça, nous voulons créer des espaces où on peut se faire filmer, se chronométrer, se challenger en famille ou entre amis… bref on souhaite mettre en avant la notion de convivialité. »
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