L’heure de la rentrée a sonné, et déjà l’air ambiant est chargé par le doux regret des vacances passées en compagnie de Francky Vincent. Un seul remède à ce mal universel : une belle balade. Et en ces temps de crise, rien de mieux qu’une promenade aux accents patriotiques pour raviver notre amour pour le territoire français. Cela tombe bien, à Grenoble, deux sites réunissent tous ces éléments : le jardin des Dauphins et la porte de France.
Tous deux situés sur la rive droite de l’Isère, le jardin des Dauphins, accolé à la porte de France, sont chargés d’histoire. À l’heure où le ministère de l’Éducation nationale revoit sa formation, revoyons un peu nos classiques historiques. Le jardin des Dauphins a été aménagé par les frères Dolles, qui ont bâti leur fortune grâce au commerce avec les Antibes.
Début du XXe siècle, l’espace a été réhabilité par le paysagiste Ginet le bien nommé. C’est à cette époque que la statue de Philis de la Charce (1645-1703), héroïne dauphinoise pour avoir stopper l’invasion des troupes de Victor-Amédée de Savoie en 1662, fût installée à l’entrée du jardin. Que de bravoure, pour cette Marianne à cheval. La défense, c’était également la fonction première de la porte de France, autrefois nommée la Porte Royale.
Construite en 1620, elle perdit sa vocation plus de deux siècles plus tard lors des dernières extensions de fortification autour de Grenoble. Aujourd’hui devenue monument aux morts, la construction a subi plusieurs modifications notamment au niveau de la toiture. Aujourd’hui, Dauphins et Français communient en harmonie dans cet espace peuplé d’animaux survitaminés et de végétation verdoyante.
Bestioles en tous genres
En effet, le jardin ne manque pas d’allure avec toutes ces plantes au charme exotique. Si l’entrée est somme toute assez banale avec ces fleurs de mamies, dès la statue de Philis passé, le chemin nous guide au plein bois méditerranéen. Si en pleine journée, le promeneur lambda profite des hauts arbres pour se protéger du soleil, à la tombée de la nuit l’allée se transforme en sentier ténébreux duquel, il n’est pas rare, voir quasi permanent, de croiser cette créature suante aux muscles saillants communément appelé le joggeur.
Ici, le dauphin courant possède toutes les qualités des espèces végétales avoisinantes : diversité, couleur et parfum. C’est ainsi que s’effectue l’ascension du jardin des Dauphins : entre corps sculptés en mouvement et bois vêtu de parterre fleuris. Plus loin, les bosquets laissent place à des barres rocheuses sur lesquelles les cactus sont légions. Les possibilités pour poursuivre son chemin sont diverses, de la tour vertigineuse au parcours caché derrière les buissons.
Véritable labyrinthe boisé, c’est une autre espèce qui fleurit sur les hauteurs : le couple d’amoureux profitant du panorama imprenable sur Grenoble. Des bancs se dissimulent dans chaque recoin du parc, si bien que vous pourrez effectuer une pause discrète et espiègle. Emprunt d’un univers spécifique à chaque étape, le jardin se métamorphose tour à tour en jungle, en bois du Petit Chaperon rouge et en oasis bariolée, si bien qu’on entendrait presque résonner les fruits de la passion.
Royale, la porte
Et c’est non loin de cette faille multi ambiances que se tient la porte de France. Et là, changement de décor. Retour de la fleur de balcon au pied d’une construction pour le moins massive, au milieu d’une valse de voitures.
Si elle en a perdu le nom, la porte demeure royale par son architecture qu’il est préférable d’admirer au coucher du soleil, lorsque les rayons viennent effleurer le toit. Au creux des quatre murs, les inscriptions rendent hommage aux personnes victimes de la guerre et les détails ornementaux séduisent autant que les spécimens du jardin, entre finesse de la typographie et sculptures imposantes. Si vous n’avez pas réussi à séduire votre conquête, amenez la donc à la porte de France, on s’y sent comme au centre de l’univers, pourtant juste à l’entrée de Grenoble.
Crédits photo : Daniela Petrel - www.danielapetrel.com
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