Au moins quatre controverses sur des itinéraires VTT inquiètent une partie de la communauté des vététistes grenoblois. À cause d’aménagements sauvages, de conflits d’usage et de dégradations qu’ils condamnent majoritairement, les pratiquants redoutent une interdiction des vélos sur les sentiers concernés. On vous propose de faire le point sur la situation.
Sur les forums, ou lors des sorties VTT entre potes, la question que l’on se pose le plus souvent est qui ? Qui s’est permis les dangereux aménagements (bosses et sauts) sur un sentier très fréquenté par les VTT dans les Vouillants sur les hauteurs de Fontaine ? Qui est allé casser à la masse les rochers dans les épingles du sentier du Bec du Corbeau du Mont Rachais ? Qui coupe la trace principale et taille les arbres du single du Bois du Mollard au-dessus de Meylan ? Personne n’a la réponse.
En tout cas, ces aménageurs qui ont l’air d’être plutôt bien équipés sont loin de faire l’unanimité chez les vététistes. Les agencements ne collent pas à l’esprit qu’ils se font de leur pratique. « Arrêtez le massacre. Allez en station au lieu de modifier et d’aseptiser les singles » postait Slyeb, un membre du site singletrack.fr, « la prochaine étape c’est quoi ? Un peu de goudron ? » ironisait un autre.
Vincent Huin, créateur des sites singletrack.fr et www.grenoblevtt.com s’étonne, en ce début de saison, de l’apparition de nombreux « dossiers » inquiétants. « Il y a aussi les conflits avec des propriétaires de terrains, près de Challes-les-Eaux, à la Croix de Justin au-dessus de Die ou dans le Bois du Mollard. Cela fait beaucoup de problèmes qui surgissent simultanément » remarque Vincent Huin qui rappelle pourtant que les conflits entre les vététistes et les autres usagers sont extrêmement rares.
De fait, en même temps que fusent les critiques, monte une inquiétude quant au devenir de ces chemins. « Ce qui nous pend au nez, c’est l’interdiction de tous les sentiers autour de Grenoble » s’inquiète, comme beaucoup d’autres, un vététiste sur le forum de www.grenoblevtt.com.
Ce ne serait pas une première. Celui du col de la Faïta a été interdit aux VTT par arrêté municipal après la mort d’un pratiquant. Celui du GR9 du Mont Rachais aussi suite à deux décès, avant d’être autorisé à nouveau grâce à l’action de la Mountain Bikers Foundation.
Kostia Charra, directeur de la MBF : « Je dis aux personnes qui m’écrivent pour me faire remonter les problèmes qu’il y a la possibilité de faire quelque-chose de vraiment intéressant sur Grenoble. S’il y a des porteurs de projets, l’association est prête à les soutenir et à les accompagner, en travaillant avec le Conseil Général à qui est confiée la gestion des sports de nature. »
Une des solutions évoquées, c’est l’inscription de la pratique du VTT au Plan départemental des espaces, sites et itinéraires (PDESI). Le porteur de projet peut ainsi voir sa pratique reconnue, « officialisée », sur un secteur déterminé, et du coup voir pérenniser l’accessibilité des espaces aux pratiquants. D’autres, dans le milieu des vététistes, évoquent l’idée de créer officiellement des pistes à profil descendant réservées aux VTT, comme aux 7 Stanes en Écosse, un site de référence mondiale. Là, 75% des 82 km de sentiers ont été spécialement créés pour les VTT. « L’ennui c’est de se voir ensuite refuser l’accès aux autres entiers, qu’on nous dise qu’on ne veut plus nous voir ailleurs » craint Vincent Huin.
Plutôt que d’injecter de grosses sommes d’argent dans ce genre de projet, MBF travaille pour promouvoir l’entretien et la protection des chemins existants, comme certains vététistes le font déjà en posant des « anti-coupes» dans les épingles. «Un sentier, c’est quelque-chose d’artificiel créé par l’homme. On le fréquente, tant mieux, mais ça laisse des traces, on le sait. Il faut donc l’entretenir, réparer l’érosion. Il y a déjà beaucoup à faire en étalant le budget sur l’entretien des sentiers existants, comme le font les marcheurs. »
MBF travaille dans ce sens en organisant dans toute la France des travaux d’entretien avec des bénévoles. « On peut rouler sur les sentiers, mais il ne faut pas perdre de vue qu’on ne se comporte pas de la même manière sur une piste de descente réservée aux VTT que sur un chemin partagé. Il faut tolérer les autres usagers. » Bien-sûr, la réciproque est vraie pour tous les usagers de la nature.
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