Avec l’arrivée du soleil, le parc Paul Mistral est pris d’assaut par les volleyeurs du dimanche, les joggeurs invétérés et les slackliners qui cherchent à réchauffer leurs épidermes. On loue alors la beauté des lieux et la chaleur salvatrice, sans plus faire attention aux sculptures qui ornent les abords. Shame on you comme dirait Ophélie Winter, mais n’ayez crainte nous allons vous réconcilier avec l’art sculpturale, à travers une petite visite.
Les Mutants
(photo ci-dessus)
Un regard fuyant qui débusque, au détour d’un arbre, la dernière œuvre restante du fameux Symposium. Les Mutants de Maxime Descombin s’érigent tels de véritables monstres de béton. Cet artiste français use de la sculpture comme d’une exploration de la forme par le prisme de structure géométrique éclaté, lui permettant d’interroger la sérialité et d’évoquer l’artiste Piet Mondrian. Mais logée ainsi dans le creux du parc, Les Mutants semblent plutôt sortis de terre tels les monstres de Pacific Rim pour prendre possession du parc, ne cessant de se démultiplier depuis la base.
Résistance
Résistance d’Alain Kirili, réalisée en 2011, est située à l'est du Palais des Sports. Coutumier des sculptures fragmentées, l’artiste français a créé une œuvre en sept morceaux, chaque élément étant constitué d’un socle rectangulaire habillé par une forme abstraite, semblable à des lettres pour certaines. Le titre fait écho aux actes de résistance menés par les citoyens, sans préciser de quelle période il est question. Et l’artiste cite une maxime française qui dit que « la création est un acte de résistance et la résistance est un acte de création ». À nous de penser que la création est un acte de l’imagination, et que ces sept blocs de pierre de Bourgogne sont des dolmens irlandais, ou, pour boucler la boucle, disons qu’il s’agit d’un alphabet géant taillé par l’homme, dans cette matière alliant beige et rose avec subtilité, pour les dieux de l’Olympe.
Père et fils
Si l’on continue à travers le parc, on se retrouve face à une tout autre fabulation. Le Roumain Gregor Apostu a imaginé, toujours pour le Symposium, une sculpture en quatre parties intitulée Père et fils. Trônant fièrement au milieu de la pelouse, l’œuvre de pierre est formée d’un socle circulaire sur lequel trois totems, disposés selon un triangle, se répondent. Les colonnes blanches, massives et lisses, flirtent avec l’abstraction et on ne sait s’il s’agit d’un arc pour l’une, d’un jeu de Jenga pour l’autre ou du sommet d’un orgue pour la dernière. Ou tout simplement un père en plein discussion spirituelle avec ses fils, car il y a dans cette œuvre quelque chose de mystique, qui se dérobe à notre regard.
Petit Plaisir
Focus sur le Petit Plaisir de Joseph Wiss. C’est à l’occasion du Symposium de 1967, qui fut le premier congrès sculptural français, que l’artiste suisse conçu cette sculpture en trois parties. En résidence deux mois dans la capitale du Dauphiné, Joseph Wiss fait partie des quinze artistes sélectionnés pour habiller le parc. Placée sur le bord du chemin qui longe l’Hôtel de ville, l’œuvre de calcaire apparaît brute alors que le sculpteur a façonné la matière par le passage répété du ciseau. De la découpe surgit deux colonnes surplombées d’un bloc horizontal, tel un temple de la Grèce Antique, référence à l’histoire dont l’artiste est friand. Dans les piliers, il a grossièrement taillé des visages et dès lors on imagine le Petit plaisir que Antéros pouvait s’offrir avec des nymphes grecques dans le luxe des temples de jadis.
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