Des Amériques aux Indes, les descendants des canuts ont disséminé la culture lyonnaise bien au-delà de leur presqu’île natale. Présentation d'une paire de ces Lyonnais aventuriers.
Le trait d'union entre Lyon et New-York se nomme Jean de Verrazane et vous pourrez admirer son profil juste à côté de celui Puvis de Chavanne sur la Fresque des Lyonnais. Si le mystère perdure quant à son lieu de naissance (Lyon ou Florence), il est avéré qu’il est lié par sa mère, Giovanna, à l’une des plus grandes familles de notables lyonnais, les Gadagne. Nous sommes alors en 1524. Affrétée par François 1er, la caravelle Le Dauphiné part du Havre, Jean de Verrazane à son bord. A une époque où l’expression « être riche comme Gadagne » était monnaie courante, inutile de préciser qu’une partie de l’expédition, destinée à ouvrir les horizons des lyonnais Outre-Atlantique, fut financée par sa famille maternelle. Le 17 avril, à la recherche d'une nouvelle route vers les Indes, elle accoste sur une côte inconnue que Verrazane baptise Terre d'Angoulême en l'honneur de son souverain. Il la décrit comme « un endroit agréable, situé entre deux petites collines, où coule une très grande rivière qui vient se jeter dans la mer » (La Fresque des Lyonnais, un patrimoine mis en scène, Lyonnaises Eds, 2006). Renommée New Amsterdam en 1620, sa découverte prendra son nom définitif en 1664 : New York. La fin de Jean de Verrazane, dévoré par un peuple cannibale sous les yeux de son équipage en 1528, est à la hauteur de ce destin. Il aura entre temps reconnu le cap de Bonne Espérance et le détroit de Magellan, aidé de son frère cartographe. Aux États-Unis, un pont suspendu de 208 mètres de long porte son nom : le Verrazzano-Narrows Bridge qui, vibrant sous le vent de la côte Est, relie Brooklyn à Staten Island. A Lyon, c'est une place qui perpétue son souvenir, la place Verrazzano. Difficile, cependant, de vous conseiller son exploration : sise au cœur d'un quartier de bureaux, elle n'a qu'un petit buste à offrir au regard. Maigre récompense. Un Major à la Martinière Claude Martin nait en 1735 dans une pittoresque venelle du 1e arrondissement qui porte désormais son nom. En 1750, il s‘engage dans la Compagnie des Indes, avant de rejoindre la compagnie anglaise du même nom, suite à une mutinerie liée à la capitulation de l'armée française à Pondichéry. Dès lors, il grimpe avec brio les échelons militaires anglais jusqu’à être promu Major-général en 1795, toujours en Inde. Cet apprenti canut en profite pour donner dans le négoce de fruits et légumes et de belles étoffes, en parallèle de ses activités de militaire. Un don qui lui permet de vivre comme les nababs locaux dans un palais qu’il a nommé Constantia. A sa mort, il lègue une grande partie de sa fortune à sa ville natale à des fins éducatives. Sont alors créés, progressivement, les établissements de la Martinière à Monplaisir, La Duchère et Diderot, en presqu’île. Ces lieux novateurs ont d’ailleurs donné naissance, en pédagogie, au procédé La Martinière, ou PLM, que vous avez déjà dû expérimenter en calcul mental : il consiste à faire noter sur une ardoise le résultat d’un calcul énoncé par le professeur, chaque élève brandissant ensuite sa réponse. Une pédagogie en accord avec la devise du Major, « Labor & Constantia », gravée sur la façade de chacun de ces établissements mais aussi en Inde où quatre écoles du même nom ont été créées après sa mort, plus précisément à Lucknow, où il résida de son vivant, et à Calcutta. Pour joindre le portrait à l’anecdote, rendez-vous à l’angle des rues Hypolite Flandrin et des Augustins, où son buste en médaillon orne l’une des anciennes annexes du lycée La Martinière. D’un monde à l’autre A sa mort en 1800, le Major Martin se fait enterrer à Lyon, au cimetière de Loyasse. A l’époque, pour accéder à ce havre de repos sur les sommets de Lyon, les cercueils sont tractés par des attelages de chevaux qui peinent à gravir l’ardue montée de Choulans. Cent ans plus tard, une ligne de tram aérienne est ouverte pour relier Fourvière au cimetière de Loyasse, assortie d’une ligne de funiculaire assurant la liaison depuis la gare de Saint-Paul. Avec ses emplacements réservés aux cercueils, cette ligne a longtemps été surnommée la ficelle des Morts. Tombées dans l'oubli en 1938, ces installations ont été réhabilitées en 1993 sous les coups de crayons des architectes Manuelle Gautrand et Marc Malinowski. La passerelle des Quatre Vents, promenade piétonne qui s’appuie sur la structure métallique de ce tram qui faisait passer d’un monde à l’autre, date de cette époque. Elle vous permettra de vous balader entre les blocs du peu commun cimetière de Loyasse, équivalent lyonnais du Père Lachaise où Maître Philippe, guérisseur miraculeux auréolé de mystère, soigne depuis sa tombe les blessures des aventuriers de passage. Crédits photo : Raphaelle PoyetInfos pratiques
BUSTE DE JEAN DE VERRAZANE Place Verrazzano, Lyon 9 LYCÉE LA MARTINIERE DIDEROT 43 Cours Général Giraud, Lyon 1 LYCÉE LA MARTINIERE MONTPLAISIR 41 Rue Antoine Lumière, Lyon 8 LYCEE LA MARTINIERE DUCHERE 300 Avenue Andreï Sakharov, Lyon 9
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