Tous les regards sont tournés vers le Salon de l’Agriculture, véritable instrument de la campagne présidentielle de 2012. Mais saviez-vous qu'à la croisée du divertissement à grande échelle, de la culture et de la politique, une poignée de lieux insoupçonnables a elle aussi rythmé les affaires lyonnaises ?
Dès le XIXe siècle, c’est dans un sixième arrondissement en pleine évolution que prennent place les grandes expositions culturelles et commerciales lyonnaises. Promis à un riche avenir, les alentours du Parc de la Tête d’Or et son enceinte elle-même ne sont alors pas sans rappeler un quartier en pleine émergence aujourd’hui : celui de la Confluence. En 1894, Le Parc de la tête d’Or crée ainsi le vélodrome George Préveral, spécialement pour l’exposition Universelle et Coloniale. Le petit monde des affaires lyonnais se mobilise pour faire oublier le fiasco de la précédente exposition de 1872, organisée dans la précipitation. Trois lignes de tramways sont achevées pour rejoindre le parc et un énorme pavillon est érigé sur l’actuelle «Pelouse de la Grande Coupole» : quatre ascenseurs, un promenoir suspendu, une hauteur de cinquante-cinq mètres… Ce qui suscite la plus grande admiration est toutefois la débauche d’électricité utilisée pour éclairer le lieu : « dès l’entrée du parc de la Tête d’Or, l’œil est ébloui par la clarté qui règne dans toutes les allées qui avoisinent la Coupole» (Le Progrès Illustré du 4 novembre 1894). Concours de tirs, fêtes nautiques, démonstrations de bicyclettes dernier cri et feux d’artifices se succèderont sous la coupole et les palais coloniaux de l’Expo ne désempliront pas, et ce malgré l’assassinat du président Sadi Carnot le 25 juin, à la sortie d’un banquet organisé par la Chambre du Commerce.Ouvrez les guimets
Enfant, on allait y chasser le squelette du mammouth de Choulans à quelques pas du Parc de la Tête d’Or. Le musée Guimet était, à la base, destiné à accueillir une collection permanente d'art asiatique. Des trésors de voyages rassemblés par celui qui a donné son nom à l’ancien fief dominical des familles lyonnaises : Emile Guimet, qui qualifia son projet «d'usine scientifique». On retrouve aujourd'hui cette collection initiale à Paris dans un jumeau de notre institution des Gaules, le Musée National des Arts Asiatiques. Avant d'arriver boulevard des Belges en 1879, les premières pièces du musée Guimet sont passées par un pavillon de l'Hôtel de Ville de Lyon et aussi par l'actuel musée des Beaux Arts (à l'époque Palais du Commerce et des Arts, pillé pendant la Révolution Française). Revendu en 1889, le musée Guimet, avant de redevenir Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon, changera maintes fois de peau, devenant tour à tour une brasserie, une salle de théâtre... et même une patinoire ! Ses collections sont aujourd’hui stockées dans un lieu inaccessible au public, et seront exposées dans le futur musée des Confluences, défi de taille qui scellera la pérennité culturelle d’un quartier en pleine émergence. Pour la petite histoire, le père d’Emile Guimet était l'inventeur du bleu outremer (ou bleu Guimet) l'ancêtre industriel du bleu Klein. Son usine était installée dans la région, à Fleurieu-sur-Saône.C’est la Foire dans la Cité
Quel est le lien entre le centre Pompidou de Paris et les jolis kiosques à fleurs de la place Maréchal Liautey dans le sixième ? Leurs concepteurs ont tous deux œuvré, à des époques différentes, pour le rayonnement de l’actuelle Cité Internationale. En 1916, la Foire de Lyon cherche un port d'attache. Après plusieurs siècles d’hibernation, Edouard Herriot veut redonner un nouvel élan à cette manifestation née sous Charles VII. La ville lui concède alors une immense parcelle de terrain située entre le Parc de la Tête d'Or et le Rhône. En 1918, le chantier du Grand Palais est lancé. Il sortira de terre en 1926. Les architectes aux commandes : Charles Meysson (à l'origine des kiosques de la place Maréchal Liautey, mais aussi de la Bourse du Travail) et Camille Chalumeau. Sur une allée centrale couverte d'une quinzaine de mètre de large, les pavillons se succèdent dans un espace qualifié de «piranésien» (revue Le Mot Dit, octobre 1989, n°5). Comprendre : une architecture foisonnante où piliers, escaliers, vitrines et galeries suspendues s’entremêlent. Sept halls d'exposition seront édifiés par la suite, avant que la Foire de Lyon ne soit transférée à Eurexpo en 1984. L'architecte italien Renzo Piano (prix Pritzker d'architecture en 1998 et co-concepteur du centre Pompidou à Paris) remportera l'appel d'offre lancé suite à ce déménagement. Si le lieu a été entièrement repensé pour accueillir un pôle d’affaires comprenant casino et hôtels de luxe, on peut encore y admirer la façade du pavillon central de l’ancien Palais, laquelle dissimule désormais le Musée d’Art Contemporain de Lyon.Crédits photo : Raphaëlle Poyet
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