Une cave de rockeurs, un domaine de canuts, un faune qui rentre de soirée : entre coutumes inédites et traditions viticoles, Lyon est loin d'être une fillette.
Si les coteaux du Lyonnais sont riches de caves et domaines de renom, une généreuse culture viticole est implantée entre les murs de la capitale des Gaules. Il suffit de se pencher un peu sur les personnages qui animent la fresque des Lyonnais célèbres pour s'en rendre compte : Frédéric Dard qui trinque avec un verre de Beaujolais, Paul Bocuse qui pose fièrement devant un fût de chêne... Bernard Pivot, qui sort sagement de la Fnac un bouquin à la main, n'est pas en reste. L'auteur du Dictionnaire amoureux du vin rappelle en quelques mots que «le vin, c'est de la culture. La culture de la vigne, mais aussi de la culture pour l'esprit». Il consacre d'ailleurs dans son encyclopédie un article à Gnafron, le nez rouge le plus célèbre de l'histoire lyonnaise. Un cordonnier de métier (un gnaffre, en patois lyonnais) qui serait inspiré du père Thomas, violoniste-comédien gouailleur, l'un des associés du marionnettiste Laurent Mourguet. Le tandem se sépara à cause de l'amour du père Thomas pour le nectar de Bacchus : restent des insultes hautes en couleur qui alimentent le folklore viticole lyonnais. Peut-être a-t-il croisé, au petit matin, dans le cloître du musée des Beaux-Arts, ce faune sculpté qui rentre d'une soirée bien arrosée. Un bronze sobrement intitulé «Retour de la fête de Bacchus» et réalisé par le sculpteur Louis Cugnot en 1853. Une amphore posée sur l'épaule comme une stéréo, quelques feuilles de vignes bien placées, est-ce un hasard si cette célébration de Dionysos nargue la sculpture d'Apollon, elle aussi présente dans le cloître ? En philosophie et en mythologie, les deux divinités s'opposent comme le ying et le yang, l'un incarnant la raison et la maîtrise de soi, l'autre la folie plus ou moins douce. La spiritualité s'en est aussi mêlée du côté de Caluire, où une ancienne propriété religieuse est aujourd'hui reconvertie en mystérieux domaine viticole. Un coin d'initiés au fond d'une ruelle, qui trouve un écho plus laïque de l'autre côté de la Colline qui travaille. <Crédits photo : Raphaelle Poyet Tenneroni
Infos pratiques
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LYON 20 place des Terreaux, Lyon 1 RÉPUBLIQUE DES CANUTS rue Chazière, Lyon 4 ANTIC WINE 18 rue du Boeuf, Lyon 5e
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