Où l'on ne vous expliquera pas pourquoi P'tit Jeannot ou Jean Augé, parrain de la pègre lyonnaise dans les années 60, était également surnommé Jeannot la Cuillère. Ni le rapport que cela pourrait avoir (ou pas) avec le surnom de Nonoeil attribué à son comparse Pierre Rémond. A l'approche du festival des Quais du polar, plongée dans le Lyon criminel.
Tout commence dans les locaux de l'École Nationale Supérieure de Police, qui abrite le musée d'anthropologie criminelle de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or. Partez-y sur les traces du gangster Jules Bonnot, ex-chauffeur du romancier Arthur Conan Doyle, mécanicien le jour, anarchiste mondain la nuit. Aidé de sa «bande à Bonnot , il réalisa à Paris en 1911 le premier holdup en voiture de l'histoire, au détriment de convoyeurs de la Société Générale. Si son atelier de mécanique du 23 route de Vienne (Lyon 8) n'existe plus, vous trouverez exposée au musée l'authentique sacoche de cuir qui lui servit à transporter ses nippes et ses brochures anarchistes lorsque sa femme le jeta dehors. De squelettes de criminels en plaques de bois qui servaient à la construction des portraits robots, la visite du musée est une passionnante virée dans l'envers du décor de la criminologie. Si votre loupe penche plutôt du côté technique de la chose, c'est au palais de justice de Lyon qu'il faut se rendre. C'est là qu'en 1910, dans la mansarde au-dessous des toits, Edmond Locard établit le premier laboratoire de police scientifique de France, avec pour seul matériel «un microscope et un bec Bunsen». En service jusque dans les années 80, il n'en reste aujourd'hui qu'une plaque commémorative.
BRAQUAGE A L'ESPAGNOLE
Canal de Jonage, hiver 1951 : un promeneur découvre sur la rive une plaque d'immatriculation abandonnée dans un sac vers le pont de Cusset. Elle permettra aux autorités de repêcher la traction ayant servi pour un braquage. et la casquette de l'un des braqueurs. Une fusillade avait en effet éclaté quelques jours plus tôt devant le bureau de poste de la rue Duguesclin (Lyon 3), à l'heure où deux employés s'apprêtaient à convoyer la recette du jour. Les responsables : un gang d'anarchistes espagnols cherchant à financer les activités de la Fédération Anarchiste Ibérique. Un fait divers marquant qui pourra être l'occasion d'une balade urbaine en vélo le long des quais du Rhône jusqu’au canal de Miribel, les berges étant aménagées à cet effet. Une fois sur les rives de Rillieux-la-Pape, profitez en pour faire un saut au fort de Vancia, dont l’activité avait été classée secret défense jusqu'en 1939. Cette ancienne prison nazie devenu un temps centre d'entrainement pour sapeurs-pompiers, est aujourd’hui lorgnée de près par les ex-occupants de la Friche RVI.
LES GARS DU GANG
Entre braquages et impression de faux billets belges, Jean Augé régna en chef sur le milieu lyonnais avant l'apparition des gangs, dans les années 60. P'tit Jeannot, c'était 1m62 d'immoralité et de relations haut placées qui lui permettaient de s'entraîner à viser... au stand de tir de la police ! C'est quai Joseph Gillet, à l'emplacement de l'actuel hôtel Lyon Métropole, que tout s'arrêta pour lui. Il s'agissait à l'époque d'un complexe sportif, Lyon Plage, où il avait l'habitude de jouer au tennis. Il fut abattu de 11 balles en 1973 sur le chemin de l'entrainement. Le seul qui aurait pu élucider l’affaire, le Juge Renaud, figure de la lutte anti-gang, connut le même sort en 1975 montée de l'Observance (Lyon 1), où il fusillé en bas de chez lui, tel un de ces bandits dont il instruisait les affaires depuis plus de quinze ans. C'est à cette époque que le Gang des Lyonnais entre en scène. P'tit Jeannot cède la place au calibre supérieur, Gros Jeannot (Joanny Chavel). Rackets, fusillades en plein jour, proxénétisme : autrement plus violent que la bande à Bonnot, le gang sema la terreur dans le milieu lyonnais pendant près d'une décennie. Leur chauffeur Edmond Vidal, dit Zieux Bleus, en est l’unique survivant. Devenu personnage de cinéma, son rôle sera joué par Gérard Lanvin dans un film tourné à Lyon en 2010 par Olivier Marchal : Les Lyonnais, dont la sortie est prévue en novembre 2011. Un parcours sur les traces du grand banditisme lyonnais de la place Bellecour au palais de Justice en passant par le château de la Fléchères dans l'Ain, racheté en son temps par Joanny Chavel.
POUR QUELQUES FAITS DIVERS DE PLUS
Une personnalité : Deux braquages en dix minutes, à Bron puis Montchat ? Traverser les Pyrénées à pied seul, sous la neige avec une balle dans le ventre ? A Nonoeil vaillant rien d'impossible. Une fusillade au Café de la Mairie rue d'Enghien (Lyon 2), à quelques pas de l'actuel hôtel de police achèvera finalement l'as du braquage et légende vivante Pierre Rémond en 1969. Un braquage : Rue Adamoli, dans le premier arrondissement. Une bande de gangsters braque la fabrique de bijoux Boucoud en forant le plancher d'un appartement à l'étage supérieur en 1984. Butin : près de 60 000 euros Une tentative d'évasion : Le 27 mars 1987, André Fisher tente de s'évader de la prison Saint-Paul (Lyon 2) en faisant exploser son lavabo proche de la porte de sa cellule. Sa fiancée lui avait fait passer l'explosif au parloir en le dissimulant dans un préservatif quelques jours plus tôt.
Crédits photo : Raphaëlle PoyetInfos pratiques
Musée de Saint-Cyr - École nationale supérieure de Police 9 rue Carnot à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or / 04 72 53 18 50 Accès pendant les portes ouvertes ou restreint aux groupes de 25 personnes déjà constitués. Fort Vancia Chemin de Sathonay Village à Rillieux-la-Pape. Visites guidées organisées par la Mairie de Rillieux / 04 37 85 00 00 Hôtel Lyon Métropole 85 Quai Joseph Gillet, Lyon 4
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