Le Beaujolais ne manque pas de coquetterie. Rouge lorsqu'il est en bouteille, doré là où le département du Rhône ressemble à la Toscane, il possède également dans sa garde-robe une splendide teinte verte. Laquelle s'offre au regard dans le Beaujolais Vert, notamment à Ranchal, minuscule village où les marcheurs sont rois.
Commençons par une nécessaire mise en garde : avant de prendre la route de Ranchal, consultez impérativement les prévisions de Météo-France. Au-delà des risques de précipitation et de températures relativement fraîches qui caractérisent son climat, la région est en effet parfois enveloppée d'un épais brouillard à même de transformer une promenade bucolique en une inquiétante traversée de forêt hantée. Sachant qu'il faut compter une grosse heure de route pour gagner Ranchal, avouez que ce serait ballot. <> D'une certaine façon, la visite débute dès la fin du trajet, à mesure que l'on grimpe en altitude et que la route serpente, reliefs moelleux, denses amas de conifères et aplats de végétation tranchant radicalement avec les paysages traversés auparavant. Au cœur de cette immensité de jade, Ranchal a d'ailleurs des allures de work in progress, comme si l'édification du village avait été interrompue. Autant dire que vous en aurez vite fait le tour : un coup d'œil à son église du XVIIe siècle, un autre aux bâtisses en granite rouge qui le caractérisent et font la fierté de ses trois cents habitants, et c'est terminé. Ce n'est à vrai dire pas plus mal au regard de ce qui vous attend, le bourg étant le point de départ de nombreux sentiers balisés d'un indiscutable intérêt patrimonial et naturel, à l'image du Parcours des croix. Celui-ci, comme son nom l'indique, relie 34 croix (de fer, de bois ou de pierre) érigées dans les hameaux et chemins des environs, chacune portant la mémoire d'un fait historique ou religieux. La Croix rouge, par exemple, marque l'emplacement d'une guillotine qui sévissait sous la Révolution française, tandis que la Croix Beurron honore un marchand de beurre réputé pour sa constance en matière d'itinéraires. La découverte de ces anecdotes se décline en trois formules plus ou moins exhaustives et donc plus ou moins physiques, le circuit le plus complet tablant sur 4h de marche pour une petite vingtaine de kilomètres. <<Ô MARIE, SI TU SAVAIS...>> De fait, à moins de bien calculer votre coup et de rentrer à temps pour vous assoir à la table du Genêt d'or, unique restaurant du village, on vous suggère de vous munir d'un pique-nique que vous pourrez notamment déguster au pied de Notre Dame de la Rochette, chapelle de poche surmontée d'une imposante statue de la vierge, laquelle veille sur le village et sa vallée depuis la fin du XIXe siècle. Le XIXe siècle, c'est également l'époque à laquelle ont été édicté les fondements de la géodésie, une science qui s'attache (entre autres) à mesurer la taille de notre planète par la triangulation de repères fixes. Ranchal en dénombre quatre et leur recherche est l'occasion de découvrir autant de coins sympas : le Col de Favardy, où s'élève l'arbre le plus haut du village, le Mont Pinay... Sachez pour finir que l'endroit est idéal pour s'essayer au geocaching, cette pratique empruntant tant à la course d'orientation qu'au jeu de piste et qui consiste à s'armer d'un GPS pour débusquer des « caches » renferment objets et livre d'or. Ranchal en abrite deux et les coordonnées et indications permettant de mettre la main dessus sont à récupérer sur Internet. Bref, Ranchal est un petit paradis de verdure dont vos pieds et poumons reviendront ragaillardis (ou engourdis, si vous optez pour le tracé de 7h30 menant au Lac des Sapins), surtout que ses proches environs ne sont pas en reste question feuillages et vieilles pierres. <> Les alentours de Ranchal ont beau irradier d'une force tranquille qui n'aurait pas déplu à tonton Mitterrand, il se cache sous leurs manteaux de sapins des cicatrices d'une époque moins clémente, à savoir l'occupation allemande. Non loin du village, c'est ainsi tout un campement qui a enduré les épreuves du temps pour témoigner de cette sombre période de l'histoire. Construit en 1942 à l'initiative d'un général du nom de Kammhuber avec le concours de riverains dépossédés de leur emploi par la guerre, il fut démantelé en 1944 lorsque les soldats allemands en eurent assez d'être harcelés par les maquisards de la région. Il en subsiste d'intéressants vestiges, impassibles au milieu des fougères et résineux : des réservoirs d'eau, un escalier, des bases de radar ou encore une cheminée. De quoi, d'un même élan, faire travailler son imagination et réviser ses fondamentaux.
Infos pratiques
Itinéraire Au départ de Lyon, gagner l'A6 en direction de Roanne. Prendre la sortie 33 en direction de Limonest. Passer par Limonest puis Dardilly et rouler en direction du Bois d'Oingt, avant de poursuivre sur Saint-Nizier-d'Azergue et, enfin, Ranchal. Renseignements Office de tourisme de la Haute Vallée d'Azergues / 04 74 03 13 26 Rue du Vieux pont à Lamure-sur-Azergues Dans les environs Tarare et son viaduc, Amplepuis et le quartier Déchelette, Thizy et sa chapelle, Lamure-sur-Azergues et le massif de la Pyramide, Cours-la-Ville et l'étang du barrage du Berthier, Monsols et le Mont Saint-Rigaud, le Lac des Sapins, le Beaujolais des Pierres Dorées...
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