Sentir l'histoire résonner à chacun de ses pas, faire le vide en ayant la verdure pour seul horizon, rester quelques minutes interdit face aux immensités naturelle et mémorielle qui s'offrent à soi. Voilà des impressions qui méritent bien trois petits quarts d'heure de route, à la rencontre du Parc Naturel du Pilat et de l'un de ses joyaux : Sainte-Croix-en-Jarez, village de poche édifié par le truchement d'une étonnante reconversion.
Village d'à peine plus de 350 âmes, Sainte-Croix-en-Jarez est de ces coins rares où l'on ne serait pas surpris de croiser des fantômes, en l'occurrence ceux des moines qui y vivaient du temps où ce détenteur du label « Plus beau village de France » était une chartreuse tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Construite au cours du XIIIe siècle, elle fut la propriété d'une confrérie de moines marchant sur les pas spirituels de Saint-Bruno, fondateur de l'ordre des Chartreux, et ce jusqu'en 1792, date à laquelle ses membres en furent expulsés pour cause de Révolution française. On vendit par la suite les bâtiments lors d'enchères qui firent le bonheur de paysans du cru et donnèrent au lieu sa double identité actuel. <> Hiver oblige, l'accueil n'ouvre que l'après-midi. Aussi, bien qu'il soit possible de faire le tour du propriétaire sans assistance aucune, on vous conseille de patienter, par exemple en profitant du cadre naturel qui enserre votre destination. Vallonné et relativement sauvage, le coin est quadrillé par nombre de chemins et sentiers balisés dont les tracés ne manquent pas de charme. Ainsi, en montant en direction de Jurieu, vous croiserez deux sites d'intérêt : la Chapelle de Jurieux et les Roches de Marlin. La première, d'un grand âge (elle date du XIe siècle) mais habilement rénovée, est de caractère romane et est surnommée «La Chapelle des fous». Pourquoi ? A cause des Roches de Marlin, un site mégalithique dont le rocher le plus célèbre, «La Pierre qui chante», aurait été abandonné là par le Diable en personne et exercerait depuis une influence néfaste sur les environs. Ne vous laissez pas démonter par cette légende et profitez de la vue sur la vallée du Couzon, le Couzon étant un affluent du Gier, une rivière tenant elle-même le rôle d'affluent du Rhône. Heureuse coïncidence, si vous quittez Sainte-Croix-en-Jarez en direction de Rive-sur-Gier, vous tomberez sur le barrage du Couzon, l'un des plus vieux de France puisque sorti de terre entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe. Profitez-en pour vous promener sur les berges de la retenue d'eau correspondante, avant de revenir sur vos pas casser la croûte au Prieuré ou au Cartusien. Ensuite, en avant pour la découverte de Sainte-Croix. <> Mi-monument, mi-localité, Sainte-Croix-en-Jarez impressionne d'emblée par sa façade médiévale dont l'implacabilité est à peine atténuée par la clarté des lignes de l'entrée de type Renaissance qu'elle surplombe. Avant de vous y engouffrer, l'heure est venue de faire un crochet par l'accueil pour vous munir d'un plan des lieux, acheter le guide ludique «Arkeo Kid» ou prendre part à la traditionnelle visite commentée. Vous y seront présentés par le menu les spécificités architecturales et patrimoniales du lieu. Au-delà des deux cours rassemblant les logements des occupants des lieux, d'un côté les frères, de l'autre côté les pères (les prêtres), on distingue trois étapes clefs. Tout d'abord l'église paroissiale, remarquable pour ses stalles gothiques et érigée en remplacement de l'église primitive, incendiée au XVIIIe siècle et dont les vestiges abritent aujourd'hui des peintures murales du XIVe. Ensuite la cuisine des Chartreux, toute de voûtes vêtue et ornée d'une monumentale cheminée de style Renaissance. Et enfin l'ermitage, restauré du sol au plafond et aménagé de manière à reproduire les conditions de vie de ceux qui y vécurent. Ce circuit achevé, terminez par un petit tour à l'extérieur des murs de la Chartreuse. En la longeant, vous pourrez en apprécier les jardins suspendus, pas aussi mythiques que ceux de Babylone mais étonnants de par la hauteur à laquelle ils ont été aménagés. Chaque ermitage en possédait un, les pères s'y adonnant au jardinage entre deux Ave Maria. Notez au passage et pour finir le petit pont de pierre menant au cimetière, surnommé «La planche à cul». <> Que vous ayez exploré les environs en quatrième vitesse depuis l'aube ou que vous souhaitiez passer encore un peu de temps sur place, aucun problème, ce ne sont pas les distractions qui manquent dans le Pilat. D'un coup de voiture, vous pouvez notamment vous rendre à Mallevalle, village médiéval connu pour ses maisonnées aux noms mystérieux. Du côté de Condrieu, ce sont des maisons anciennes et des restes de fortifications qui retiendront votre attention. Vous pouvez aussi passer par Pélussin pour en admirer le château féodal, les chapelles, portes anciennes et autres halles, avant de faire le plein d'informations à la Maison du Parc Naturel du Pilat, installée dans un ancien moulin. Pourquoi terminer par cette collecte ? Parce que s'il est impossible de s'ennuyer dans le Pilat, il serait tout aussi impensable d'espérer en découvrir les richesses en une seule journée. A bon entendeur.
Infos pratiques
Itinéraire De Lyon, rejoignez l'A47, direction Saint-Etienne. Prenez la sortie 11, avant d'emprunter la D488 en direction de Rive-de-Gier. Traverserez La Madeleine et Grand Bief. Arrivés à Rive-de-Gier, prenez à gauche au rond-point la rue Dorian. Continuez sur la rue Antoine Marrel jusqu'à atteindre Sainte-Croix-en-Jarez. Accueil Ancienne chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez / 04 77 20 20 81 / chartreuse@saintecroixenjarez.com Dans les environs Saint-Chamond et l'usine Gillet-Thaon, La Terrasse-sur-Dorlay et la Maison des Tresses et Lacets, Rive-de-Gier et le site de Gourd-Marin, Saint-Jean-Bonnefonds et le Domaine Poyeton...
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