C'est une vieille dame fragile et, à ce titre, elle fait l’objet d’une surveillance constante. En fin d’année dernière, la tour Perret a "bougé" de manière inédite. Des travaux d’urgence y sont donc menés actuellement. Martin De Kerimel
Les Grenoblois ont désormais pris l'habitude de voir la base de la tour Perret encerclée par une palissade colorée. Depuis le 25 décembre dernier, des barrières métalliques matérialisent un autre périmètre de sécurité, plus large, autour de l'édifice. Pas de panique : il ne risque pas de s'effondrer, car il est resté stable. Cependant, du fait de mouvements détectés au sommet, des chutes de matériaux peuvent subvenir.
Afin de bien comprendre les causes de ce phénomène inédit, la tour a régulièrement été "auscultée" par François Botton, l'architecte en charge de sa restauration. C'est lui qui, début février, a constaté l'apparition d'un jour entre un pilier de la tour et ses claustras, dans une zone située entre 68 et 75 mètres d'altitude. Face à cette menace, il a été recommandé une intervention d'urgence pour conforter le bâtiment.
Des contraintes spécifiques
Ces travaux imprévus sont en cours, dans des conditions climatiques souvent difficiles : les ouvriers se mettent à la tâche tôt le matin et doivent s'interrompre dès que le vent est trop fort. Ils sont trois à travailler dans une petite nacelle et six en tout à se relayer. Jusqu'à présent, leur rythme est bon, ce qui laisse espérer que leur mission aboutisse rapidement. Le chantier de réhabilitation proprement dit, décidé par la municipalité fin 2016, pourrait par la suite reprendre ses droits. Les équipes espèrent ne pas rencontrer d'autre difficulté majeure, mais ce n'est jamais à exclure dans un bâtiment quasi-centenaire et si particulier.
« Pour Auguste Perret qui l'a édifiée, la tour était un manifeste, souligne François Botton. Il y avait à l'époque une concurrence presque philosophique entre les partisans du béton armé et ceux qui privilégiaient la pierre. Restaurer un tel monument nécessite véritablement d'avoir une intimité avec lui, que l'on ne peut acquérir qu'au fil du temps passé à y travailler. »
Des méthodes qui rappellent celles de la police scientifique ! Des études et diagnostics avaient bien sûr été réalisés avant le lancement de la campagne de restauration, mais les experts n'ont encore que peu de recul sur la manière de traiter le béton armé. Bonne nouvelle : l'exemple de la tour Perret pourrait donc servir, à terme, pour d'autres bâtiments. Fermée au public depuis plus de soixante ans, la vieille dame grenobloise devrait, elle, rouvrir d'ici 2024. Avec un objectif ambitieux : accueillir 30 000 visiteurs par an.
Crédits photo : Jérémy Tronc
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