Les travaux continuent à la Capsule de l’association Cap Berriat, rue Boucher de Perthes. Un café-resto devrait y être installé : le Bouillon, engagé notamment dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. On est allé rencontrer Adrien Cougnon et Arnaud Deshayes, à l’initiative du projet. Martin De Kerimel
« On s’est rencontré… autour d’une bouffe ! » Clin d’œil du destin ou pas, Adrien se marre franchement à l’évocation de ce souvenir. Cette simple phrase suffit pour convaincre qu’Arnaud et lui ont un point commun décisif pour leur projet : ils apprécient la bonne chair !
Les deux trentenaires se sont connus fin 2019 et sont voisins de palier dans une grande maison de Meylan, divisée en appartements et dotée d’un jardin partagé. Après avoir sympathisé, ils se sont rendu compte que leurs ressemblances dépassaient le goût culinaire : l’un et l’autre souhaitaient donner une nouvelle orientation à leur vie professionnelle, plus proche de leurs valeurs.
« C’est marrant, parce qu’on a connu des parcours parallèles, raconte Arnaud. On a fait des études, lui comme ingénieur, moi un peu plus dans le design. Et, après des expériences courtes et pas forcément désagréables, on n’a pas eu envie de poursuivre dans ces domaines. Du coup, on a voyagé, lui en Australie, moi en Nouvelle-Zélande. C’est là que, personnellement, je me suis demandé comment je pourrais allier ma passion pour la cuisine, ma fibre sociale et mes convictions environnementales. »
Une démarche sociale et solidaire
Adrien, lui, avait déjà envie « de faire quelque chose dans la restauration », en montant un food truck par exemple. « J’avançais, mais pas forcément rapidement, freiné par pas mal de contraintes éthiques. » Les deux garçons avaient d’ailleurs une petite expérience dans ce milieu, grâce à des liens familiaux. Leur projet commun s’est structuré sur cette base, petit à petit, et après qu’Arnaud a découvert, à Lyon et Paris, des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Le concept du Bouillon s’organise aujourd’hui autour de trois valeurs cardinales. « L’écologie d’abord, explique Adrien, et tout particulièrement la lutte contre le gaspillage alimentaire. On compte récupérer des fruits et légumes invendus ou invendables auprès des producteurs locaux et éviter de nous fournir auprès de magasins qui proposent des produits suremballés. »
C’est Arnaud qui nous a parlé de la fibre sociale : « On aura des repas à 8-10, 12 et 15 euros, adaptés à toutes les bourses. Le prix minimal couvrira nos charges. Ensuite, si les gens mettent un peu plus, on pense travailler avec les maisons des habitants ou CCAS pour proposer des repas suspendus, pour renforcer notre idée de mixité au sein de l’établissement. »
Troisième valeur : la transition environnementale : « Si, en fin d’exercice comptable, il reste de l’argent, on aimerait soutenir, à notre petite échelle, d’autres projets : la visite d’enfants dans une exploitation bio, le passage d’un producteur à la traction animale, l’installation d’un agriculteur… »
« Notre pierre à l’édifice »
C’est une association qui structure aujourd’hui le début d’activité du Bouillon. Adrien et Arnaud espèrent que le restaurant pourra ouvrir d’ici septembre, dans les locaux de la Capsule de Cap Berriat. Ils se disent très heureux de bénéficier de cet espace et de collaborer avec cette autre structure associative, ainsi qu’avec Les Mijotées, dans la logique de l’échange de bons procédés.
« On est attaché au principe du non lucratif, avec l’idée d’apporter notre pierre à l’édifice de la transition, tout en créant chacun notre propre emploi. L’asso déterminera nos orientations et, quand le Bouillon commencera vraiment, nous serons ses deux salariés, payés au SMIC. »
our le reste, les garçons pensent s’appuyer sur des bénévoles, autour d’un établissement au look de cantine, grandes tablées et plats partagés. Aujourd’hui, ils attendent les résultats d’un concours pour obtenir un financement, espèrent recueillir des dons en matériel venus de particuliers ou de professionnels, et envisagent de lancer prochainement une campagne de financement participatif.
Ils communiquent avec leur site Internet et leurs pages sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram (avec le soutien logistique d’étudiantes d’Infocom). Dans leurs poches, un atout important : le soutien et quelques bons tuyaux d’un chef d’origine iséroise parti travailler en Normandie, Florian Barbarot, quart de finaliste d’une célèbre émission culinaire à la télé. L’un des ingrédients, on l’espère avec eux, de leur réussite future.
Crédits photo : Martin De Kerimel
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