Le Musée de Grenoble lance un nouveau format de visites à l’attention de celles et ceux qui souhaitent prendre leur temps : « les slow visites ». Un rendez-vous que nous avons eu le plaisir d’expérimenter et dont nous sommes ressortis aussi enrichis culturellement que détendus physiquement.
Dans un monde où travail et agitation ont tendance à se confondre et dans lequel la relation que nous entretenons avec le réel passe de plus en plus souvent par l’intermédiaire d’un écran, le secteur culturel est parfois enclin à basculer du côté obscur de la spectacularisation.
Entretenant ainsi l’illusion d’être dans le coup pour tenter de rester accessible au plus grand nombre, il concède du terrain à une forme de dictature du spectaculaire – comme si l’œuvre en soi n’avait d’intérêt que si elle était agrandie, projetée, animée, likée et partagée....
Heureusement, certains lieux culturels prennent le parti de nous rappeler qu’il n’est pas nécessaire d’être connecté pour être ouvert sur le monde et qu’il est même souhaitable de ne pas l’être pour se rendre disponible aux œuvres. En résistant à l’accélération constante qui agite nos sociétés, ces lieux valorisent ce qu’ils ont de mieux à nous apporter : du temps pour développer la sensibilité et la réflexion. C’est un peu ce que défend le Musée de Grenoble en lançant les « slow visites », format qui propose d’engager un rapport différent aux œuvres d’art.
Un lundi par mois, il est donc désormais possible de prendre le temps de découvrir la collection remarquable de ce musée, en dégustant les œuvres, tranquillement, une par une, accompagné d’une médiatrice qui nous aidera à nous rendre plus disponible et à aiguiser nos sens.
Les sens en éveil
En effet, il est étrange parfois d’observer que les visiteurs qui suivent une visite guidée passent plus de temps à regarder le/la conférencier.e que les œuvres d’art. Avec les « slow visites », c’est l’inverse qui nous est proposé. Après une courte séance « d’éveil des sens », la médiatrice choisit un petit nombre d’œuvres face auxquelles nous sommes invités à nous asseoir et, plutôt que nous assommer d’informations que nous aurons tôt fait d’oublier une fois sorti du musée, elle nous pose des questions et nous invite à prendre le temps d’explorer les œuvres du regard.
Ainsi, face à quatre natures mortes du XVIIe siècle réalisées par le peintre flamand Osias Beert, sa voix nous interroge : quels sont les sons qui pourraient survenir de l’environnement qui nous est dépeint ? Quels parfums imaginons-nous se dégager de ces tablées richement garnies de fruits et de légumes ? Quelles sont les sources de lumière ? Quels fruits souhaiterions-nous goûter ? Accompagnée de ces questionnements, notre attention est canalisée, nos sens en éveil et notre regard scrutateur explore les tableaux comme trop rarement il nous est permis de le faire – ceci d’autant plus que, luxe ultime, le musée est alors fermé au public, que le calme y est absolu et que nous pouvons même nous y promener pieds nus !
Pour chacune de ces visites, un thème est abordé, et si la vision dont nous avons fait l’expérience était orientée autour des cinq sens, ce sont les sons, la lumière et le mouvement qui serviront d’axe thématique aux prochaines séances. N’hésitez pas à réserver, les places ne sont pas nombreuses !
Crédits photo : Ville de Grenoble/Musée de Grenoble-JJ Lacroix
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