Autrefois réservé à une « élite » de skieurs et/ou alpinistes chevronnés et limité chronologiquement au printemps, le ski de randonnée s’est largement démocratisé ces dernières années. Il se pratique désormais tout au long de l’hiver, aussi bien dans des espaces vierges et sauvages que sur les domaines skiables, notamment sur des parcours sécurisés aménagés par les stations elles-mêmes.
Le 7 novembre dernier, à Paris, se sont tenus les deuxièmes Trophées du ski de randonnée. Combloux a remporté le prix de la meilleure station pour le ski de randonnée, Chamrousse celui du meilleur itinéraire (pour la Croix de Chamrousse en nocturne), Font-Romeu le trophée de la meilleure offre découverte, alors que Sainte-Foy Tarentaise raflait le prix du jury, récompensant notamment la dynamique collective autour de l’activité.
Ce jury était composé du Syndicat national des moniteurs de ski français, de l’Union Sports et Cycles, de Domaines Skiables de France (syndicat des exploitants de domaines skiables), de France Montagnes (l’organisme de promotion des stations françaises) et du Community Touring Club, un « éco-système web-événements-expériences autour du ski de randonnée, qui met en relation pratiquants, stations, marques, magasins et professionnels de la montagne », selon son fondateur Jérôme Decisier.
Si ces trophées ont été créés, c’est parce que l’offre en matière de ski de randonnée a véritablement explosé depuis cinq ans. Ainsi, de quatre stations qui proposaient des parcours aménagés et sécurisés en France en 2014, on est passé à 59 aujourd’hui (dont 31 dans les Alpes du Nord).
Le principe de ces parcours ? La montée se déroule sur un tracé « hors-piste », mais jalonné et sécurisé, alors que la descente s’effectue sur une piste damée du domaine skiable alpin. « Une personne du domaine skiable est affectée à temps plein à l’entretien de ces parcours. Il y a forcément quelqu’un qui passe dessus tous les jours, et nos Traces (le nom donné à ces parcours, ndlr) sont ouvertes – ou non – le matin, et fermées le soir, à l’instar de n’importe quelle piste de ski alpin », explique Nicolas Blanc, président de l’office du tourisme d’Arêches-Beaufort, où ces parcours (un “bleu”, un “rouge” et un “pro” et une “trace nocturne”) existent depuis plus de huit ans.
Le ski de rando, « footing » du vacancier
Pour Jérôme Decisier, cette croissance rapide s’explique « parce qu’il y a une industrie qui pousse –trois ou quatre marques spécialisées il y a cinq ans, près d’une vingtaine aujourd’hui – et qui a besoin d’aires de pratique pour vendre ce matériel.
Au départ, les stations étaient sceptiques, mais elles se sont rendu compte de la complémentarité ski de rando/ ski alpin, et/ou de l’image de bien-être véhiculée par cette activité. » Nicolas Blanc note d’ailleurs que « certains vacanciers empruntent nos Traces tous les jours, comme on fait son footing le matin. On en a même certains qui choisissent Arêches pour leurs vacances grâce à cette offre de ski de randonnée ».
Il faut dire que la station du Beaufortain a mis le paquet pour promouvoir cette pratique, avec un vaste parc de matériel (au moins 150 paires en location dans les différents magasins de sports), des tickets randonneurs (une ou deux montées simples en télésiège pour accéder aux Traces ou à des itinéraires « classiques » tels que le Grand Mont, à partir de 6,60 €), mais aussi des animations comme l’Arêches Expériences, des randonnées de nuit encadrées par un guide.
Les événements autour du ski de randonnée sont aujourd’hui nombreux. À l’image du Millet Ski Touring à Courchevel (des courses nocturnes en montée sèche sur le parcours permanent de la station, long de 3,2 km et 500 m de dénivelé, tous les mercredis de l’hiver), les Avaline Trax à Val d’Isère (même concept qu’à Courchevel, les 14 janvier, 21 février, 3 et 4 mars), ou encore du Big Labo Ski, un grand salon du ski de rando avec test de matériel, dont la deuxième édition aura lieu les 28 et 29 mars à Oz-en-Oisans.
Bien sûr, le « business model » du ski de randonnée est encore à parfaire, mais cette pratique tend encore à se développer. « Ce sera peut-être comme pour le snowboard. Il y a 25 ans, les stations se demandaient comment accueillir les snowboardeurs. Aujourd’hui, plus personne ne se pose la question d’avoir ou non un snowpark, tellement c’est une évidence », conclut Jérôme Decisier.
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