FESTIVAL / Ville historique des murs peints, Lyon accueille la première édition de Peinture Fraîche, un festival consacré au street art lancé par le groupe Unagi* et le street-artist lyonnais Cart1. Ce dernier, directeur artistique de Peinture Fraîche, détaille la programmation de cette première.
Qu’est-ce que va être ce festival ?
On veut que Peinture Fraîche soit un instantané de ce qu’est la création dans le street art aujourd’hui. Ce qui n’est pas une mince affaire car les organisateurs de festivals et les artistes eux-mêmes ont chacun une définition, une vision de ce qu’est ce mouvement artistique. Peinture Fraîche sera un instantané de ce que nous, on perçoit du street art avec de la peinture, des installations, des collages, des sculptures etc.
Le live aura-t-il sa place dans le festival ?
Ce sera même un élément central ! L’idée est de ne pas présenter que des oeuvres déjà faites comme on peut voir par ailleurs mais surtout des oeuvres en train de se faire. On veut valoriser le processus de création et également montrer la différence entre les oeuvres créées sur les murs et celles créées en atelier. Ce sont deux manières différentes de travailler, d’aborder les supports.
Peinture Fraîche présentera 68 artistes dont beaucoup de gros calibres...
Oui, on peut même les qualifier de super-stars. On utilise bien ce terme dans la musique ou le cinéma. Ce sont des gens qui déplacent les foules, comme Inti, qui est, pour moi et pas mal de monde, considéré comme le pape du muralisme actuel. Il est spécialisé dans les fresques de très grande dimension. D’ailleurs, il va nous faire une peinture sur une façade de sept étages juste à côté de la Halle Debourg, où se tient Peinture Fraîche. On aura aussi des artistes comme le Portugais Bordalo II, qui fait des bas-reliefs à partir d’encombrants qu’il fixe au mur et repeint. Et, juste pour nous, on le verra créer, alors que d’habitude, les gens voient son travail fini.
On est loin de l’image d’Epinal où l’on imagine les street artists comme des délinquants qui graffent des wagons de train…
Exactement ! On va voir des gens reconnus. Aujourd’hui, ce sont des artistes qui sont cotés qui vendent sur le marché de l’art et qui sont recherchés. Mais ils ont gardé leur âme de petits cons et continuent de faire des actions dans la rue. Et c’est cela ma vision du street artist. S’il abandonne son lien avec la rue, il devient alors un artiste, et je respecte les artistes, mais il ne sera plus un street artist. Et pour Peinture Fraîche, on aura 99.9% de street artists.
Allez-vous aussi mettre en avant nos pépites locales ?
J’organise des festivals en Colombie, en Thaïlande ou encore en Slovaquie et je laisse toujours la part belle aux locaux, car ce sont eux qui font la culture d’une ville. On a invité 34 street artists locaux. On pourra voir OakOak, un Stéphanois qui fait des micro installations in situ, des pochoirs et des collages. Les curieux pourront découvrir InTheWoop, un Lyonnais qui colle des petites mosaïques inspirés de Mario, le héros de jeux vidéo. Il y aura aussi Don Matéo, un autre Lyonnais qui fait du papier découpé et collé. Ou Don TWA, qui n’est autre que le plus vieux graffeur lyonnais. La liste est encore longue et, au-delà des techniques utilisées, ce sont surtout les styles extrêmements variés que j’ai voulu mettre en lumière. Car on me dit souvent “le street art, c’est de la peinture”. Je réponds que Picasso et Dali sont aussi des peintres, et pourtant, leurs oeuvres n’ont rien à voir entre elles. On ne pourra pas dire qu’on a fait du street art cliché ici.
Est-ce que les spectateurs pourront mettre la main à la patte ?
Oui bien sûr mais tout se fera sur pré-inscription afin de gérer le public qui, j’espère, viendra nombreux. On proposera des ateliers de customisation avec des graffiti artists, de la sérigraphie, de la réalité virtuelle etc. J’ai envie que les gens puissent être actifs.
Combien de façades extérieures vont être peintes et, surtout, sont-elles vouées à rester dans le temps ?
On aura une façade près de la Halle Debourg mais pas seulement. On a eu aussi l’autorisation de peintre l’autopont de l’A7 juste à côté du Musée des Confluences. Il sera peint par Kid Creol et Boogie, deux artistes réunionnais. Et tout cela va rester ! On va littéralement poser notre empreinte sur la ville et l’idée est d’en rajouter chaque année. Lyon était une pionnière dans les années 80 puis s’est un peu endormie et a un peu raté le virage du street art. On essaye de rattraper le temps perdu.
Infos pratiques
Du 3 au 12 mai à la Halle Debourg (Lyon 7e).
De 10h à 20h en semaine et de 10h à 22h les vendredis et samedis.
Entrée : 4 € par jour / Pass festival à 10 € / gratuit - 12 ans.
www.peinturefraichefestival.fr
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