Favoriser la prise de conscience écologique : voilà la raison d’être du Festival international du film nature et environnement organisé par la FRAPNA. Ce rendez-vous culturel et militant propose une sélection de films contemplatifs ou engagés à découvrir du 27 novembre au 8 décembre.
La Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) a la réputation d’être intransigeante face aux atteintes à l’environnement. Mais c’est oublié aussi toutes ses actions de sensibilisation auprès des enfants et des adultes pour faire connaître, aimer et respecter la nature.
Deux volets d’actions à l’image du festival que l’association organise depuis 1976. La 32e édition n’a pas perdu de son mordant pour dénoncer et défendre, ni de son penchant pour les beautés naturelles.
La sélection de films joue sur les deux tableaux, avec, de plus en plus, des réalisations qui exhortent à agir. « Cette année en particulier, de nombreux films montrent des initiatives et des alternatives et expliquent ce que l’on peut faire pour changer les choses et comment s’y prendre » explique Marion Herbin-Sanz, chargée de communication pour l’association, qui a aussi vu évoluer le public. « Nous constatons qu’il y a de plus de jeunes adultes. Particulièrement lors des films de vulgarisation scientifique permettant de comprendre la nature et ce qui nous entoure. »
Comme si l’envie de passer à l’action se faisait de plus en plus pressante. « Mais de nombreux films invitent aussi tout simplement à s’immerger dans la nature, à vivre avec, tel un contemplatif. Ils donnent l’occasion de s’interroger sur notre place, en tant qu’être humain, dans notre environnement et dans le monde. »
Une manière d’inviter à changer de perspective et à déclencher le « changement sociétal pour préserver la planète » cher à l’Astrophysicien grenoblois Aurélien Barrau.
Les légumineuses au secours du climat
Avec la forêt, l’agriculture, à condition qu’on en change le modèle, pourrait être la seule activité humaine à pouvoir limiter les effets du changement climatique. C’est l’idée défendue par Marc Peyronnard dans son film Les légumineuses au secours du climat projeté pendant le festival. Où il est question aussi de notre alimentation.
Marc Peyronnard, votre film est peut-être le seul consacré aux légumineuses. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?
Pour des questions de climat et d’agroécologie, le sujet est d’importance capitale. L’agriculture est la seule activité humaine, avec la forêt, à pouvoir limiter les effets du changement climatique. Dans ce cadre-là, les légumineuses sont essentielles car elles permettent d’avoir une fumure (amélioration des terres par un fertilisant, ndlr) en azote sans dépense énergétique. En effet, les légumineuses fixent l’azote de l’air sans nécessiter de produits fossiles. En plus elles vont contribuer à accumuler du carbone dans le sol et à augmenter suffisamment le rendement des récoltes. Avec les légumineuses, on peut ainsi avoir une culture viable et beaucoup plus compatible avec le climat que les engrais azotés.
Quel est le problème des engrais azotés ?
Les engrais qu’on importe sont fabriqués avec du gaz ou du pétrole qui proviennent essentiellement de Russie. Cela créé déjà une dépendance stratégique malheureuse. De plus, quand ces engrais arrivent dans la terre, ils produisent des oxydes d’azote très pénalisant pour le climat, 280 fois plus impactant que le gaz carbonique. Ainsi la chaîne complète de l’agriculture est responsable de 30% des gaz à effet de serre.
On a donc intérêt à produire et à consommer plus de légumineuses ?
Oui, pour plusieurs raisons. 80% des céréales cultivées en France servent à nourrir les animaux. Ces céréales nécessitent des engrais azotés importés. Les ruminants produisent quant à eux du méthane, et doivent consommer des protéines de soja produites en Amérique de sud - culture responsable de la déforestation -, car il n’y en a pas assez en Europe ! On peut inverser tout cela en produisant et en consommant plus de légumineuses. Notre consommation de protéines devrait provenir à 50% de l’animal et à 50% du végétal.
Dans ces conditions, vous ne préconisez pas l’arrêt complet de la viande ?
Non. D’abord les ruminants peuvent valoriser, dans nos régions particulièrement, les prairies naturelles qui sont les plus riches en humus donc en carbone. Du coup le bilan carbone d’un ruminant nourrit avec l’herbe d’une prairie est bien meilleur qu’avec de l’élevage hors-sol. Il y a suffisamment de terre non cultivable en France pour faire de l’élevage à l’herbe. En d’un point de vue nutritionnel, ce serait une erreur d’aller d’un extrême à l’autre. Être purement végétarien peut déclencher des maladies qui sont le pendant des excès de viande chez les autres. Pour les personnes âgées, les protéines végétales sont plus longues à digérer. Enfin elles ne contiennent pas tous les acides aminés essentiels. Il faut les compléter avec des céréales en essayant d’atteindre un équilibre à chaque repas.
Crédits photo : D_autres-terres-plus-douces-MaxenceLamoureux
Infos pratiques
http://www.festivalfilmfrapna.com
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