EXPOSITION / Tout quitter pour partir à l’autre bout du monde et rencontrer un peuple méconnu. Certains en rêvent, d’autres le font. C’est le cas de Viviane Lièvre, Jean-Yves Loude et Hervé Nègre. Entre 1976 et 1990, le trio lyonnais est parti à la rencontre des Kalash du Pakistan et a rapporté des milliers de photos, d’écrits et autres témoignages. Construite sur la donation de ce fonds documentaire au Musée des Confluences, une exposition permet, pour la première fois en France, de mettre en lumière ce peuple qui ne compte plus aujourd’hui que 3000 représentants. Plus de détails avec Héléna Ter Ovanessian, chef de projet de l’exposition.
Quel est le but de l’exposition ?
L’idée est, pour la première fois en France, de mettre un coup de projecteur sur la population des Kalash, un peuple à part et inconnu du grand public. C’est notre rôle, en tant que descendant du Musée Guimet, de proposer un regard ethnographique et objectif sur cette population.
Qui sont les Kalash ?
C’est un peuple installé dans l’arc himalayen. Ils sont montagnards, polythéistes et vivent des ressources naturelles : ils élèvent des chèvres, cultivent la terre pour le maïs, le riz et d’autres céréales.
L’exposition présente les Kalash comme une société très ritualisée, c’est-à-dire ?
Effectivement, c’est un peu comme ce qui se passe dans la plupart des sociétés païennes où la vie est rythmée par les saisons et les fêtes qui en découlent. Chez les Kalash, ces célébrations sont très importantes, notamment celles du printemps et de l’hiver.
La fête de l’hiver n’est-elle pas la plus importante ?
Tout à fait. Lors de cette fête, les Kalash demandent aux dieux le retour du soleil. Isolés par la neige de l’hiver, c’est aussi à cette occasion qu’ils se retrouvent entre eux, qu’ils se réaffirment en tant que peuple. C’est à cette période que se déroulent les rites de passage des enfants. Pendant un mois, la fête est ponctuée de rites. Le premier d’entre-eux consiste à allumer un grand feu et à faire brûler des paniers en genévrier symbolisant les disputes et autres accrochages passés. Un autre jour, les femmes se mettent à insulter les hommes et personne ne doit mal le prendre, c’est la tradition. Le but de tous ces rites est d’évacuer les tensions.
L’exposition présente tous ces rites captés par le trio lyonnais jusqu’en 1990. Aujourd’hui la situation a changé. Comment évolue la société kalash ?
L’exposition est un état des lieux à une époque donnée. Évidemment, les choses ont changé aujourd’hui. Les Kalash perdent peu à peu le sens de leurs rites. Le dernier chamane censé faire le lien avec le divin est mort en 2002. On assiste à une sorte de délitement culturel mais les jeunes Kalash en ont conscience et essaient de faire le maximum pour préserver et défendre leur culture en faisant des études notamment.
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Une BD sur les traces des aventuriers lyonnais
À l’occasion de l’exposition, le musée des confluences et La Boîte à Bulles ont co-édité une BD intitulée Fêtes himalayennes, les derniers Kalash. En 96 pages, le dessinateur Hubert Maury, dont le trait rappelle les classiques de la ligne claire (Tintin), plonge les lecteurs dans les pas de Viviane Lièvre, Jean-Yves Loude et Hervé Nègre. Ainsi, ils pourront partir à la découverte des Kalash comme l’a fait le trio lyonnais dans les années 70.
> Fête himalayennes, les derniers Kalash / 96 pages / Disponible au musée des Confluences et en librairie à partir du 2 janvier / 18 €.
Crédits photo : ©Hervé Nègre
Infos pratiques
> Au musée des Confluences (Lyon 2e) / Du mardi au dimanche / De 5 à 9 € / www.museedesconfluences.fr
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