Chiner signifie chercher. Ou plutôt re-chercher, et il est vrai que Grenoble est en pointe dans ce domaine. Et pour être efficace, il faut aimer déambuler dans les allées chargées d’objets et d’histoire, perdre son temps, et parfois ne rien trouver. Quand l’ennui commence à poindre, alors l’objet tant convoité apparaît. Pour multiplier ces plaisirs de la « chine », nous avons recherché les lieux où chercher.
En arrivant à la Remise, le 35, rue Général Ferrié est encombré de nombreuses et modestes voitures, feux de détresse allumés. L’un des conducteurs sort le nez de son coffre, les bras chargés de dons.
En ce mardi matin, le Remise, une association sur le créneau de ressourcerie spécialisée dans la collecte, le tri et la redistribution de vêtements, accueille les dons. Et ils sont nombreux, les habitants de la vallée, à venir ici se débarrasser d’objet et de vêtements, pour leur donner une deuxième vie.
Le va-et-vient incessant des voitures qui se garent et des donateurs semble ne jamais s’arrêter. À la réception, Neiga est presque débordée face à l’afflux. La nouvelle employée — elle est arrivée il y a 3 mois — accueille avec un sourire une dame venue déposer quelques vases, la remercie vivement, et s’occupe du prochain « client ».
Neiga, un carton et un superbe flacon à whisky dans les bras, souffle : « J’ai encore la fosse à vider », désignant la benne où les dons sont déposés quand la Remise est fermée. Derrière elle, les employés, masques sur la bouche, trient les arrivages parfois poussiéreux et garnissent des cintres par centaines, avant d’envoyer le précieux butin de seconde main aux divers lieux de l’association.
Fringues à prix cassés
La Remise est divisée en 7 installations différentes. Il y a le magasin (29 rue Général Ferrié) où les habits pour toute la famille sont présents.
Dans ce premier magasin, très riche en vêtements divers, les enfants gambadent quand les mamans inspectent les rayons.
Au n° 35 de la même rue, la braderie et le magasin « sélection » (où se trouve les plus belles pièces) complètent la proposition. Ici, des mannequins sont habillés pour présenter les habits, des bijoux en nombre, et de belles chemises (on retrouve Façonnable ou Pierre Cardin, dans des coupes vintages des années 80, chères aux jeunes modeux grenoblois.)
Chaque année, 350 tonnes de textile trouvent une solution de revalorisation par le marché de la seconde main, ou du recyclage industriel. Créée il y a une trentaine d’années, la Remise se porte bien.
Dans ce domaine de la fripe pas chère, Emmaüs est évidemment une référence. Les Grenoblois devront, pour accéder au très (très) large choix, prendre le vélo et rouler une demi-heure le long des berges de l’Isère afin d’atteindre le Graal, à Sassenage.
Ici, les vêtements que les grands-parents pensaient démodés sont aujourd’hui portés par de jeunes gens. Un espace est réservé, à l’étage et recel des merveilles.
Évidemment il faut suivre quelques règles pour chiner efficacement, comme revenir très régulièrement pour voir l’évolution des « collections », et des arrivages. Entre les rayons, les « compagnons » (des gens de tous les horizons accueillis au sein d’Emmaüs) parcourent les rayons, rangent ou aident les clients.
Un emploi solidaire
Mais des chantiers d'insertion, il y en a peu à Grenoble. L'un des principaux, la Remise, travaille réellement pour tenter de réinsérer des employés. Tout comme Ulisse, installé rue Hyppolite Muller. Ainsi, Ulisse fonctionne sur le même modèle, sous forme de chantier d’insertion.
« L’idée est que les gens, parfois des primo-arrivant, exercent différentes activités pour engager dans un parcours d’insertion sociale et professionnelle », résume Nordine, qui s’occupe de la ressourcerie Ulisse.
Cela permet aux personnes en insertion de se confronter au monde du travail, et de se resocialiser : « ils commencent par le tri des objets qu’on a récupérés, puis peuvent passer à la mise en rayon, ou à la caisse, en étant petit à petit en contact avec les clients.
De plus, nous avons toute une équipe qui assure le suivi des personnes en insertion, qui vont pouvoir les conseiller dans les stages ou des formations et leur permettre de trouver leur propre projet professionnel. » Cette partie sociale est au cœur des préoccupations des différentes structures.
La Ressource, elle, fonctionne sur un autre modèle : l’association d’insertion. « Nous ne touchons pas de subvention, donc nous sommes obligés d’être rentable », nous assure Michel, directeur depuis quelques années qui assure que ses employés vont facilement trouver un travail ensuite : « Nous allons au bout des choses, en revalorisant un maximum et les personnes qui travaillent avec nous voit toute la chaine de valeur : du sac poubelle, où l’on récupère des objets, jusqu’à sa vente en magasin », défend le dynamique directeur qui dispose d’un très bon taux d’insertion. Cette partie sociale est au cœur des préoccupations des différentes structures. Ainsi, à Fontaine, le chantier d’insertion de Cycle n’ Go est en train de renaître.
Vélo : du neuf avec du vieux
Ainsi, à Fontaine, le chantier d’insertion de Cycle n’ Go est en train de renaître. Là, ce sont une quinzaine de personnes, en réinsertion, qui se penchent sur le mécanisme des bicycles. Ils revendent ensuite à un prix raisonnable les bécanes, des vélos de tous types, 100% opérationnels, créés à partir d’anciennes carcasses.
Et comme souvent, le taux de réinsertion, après leur passage dans la structure, fait l’objet d’un suivi. Et ce sont 70 % des gens passés par le chantier qui réussissent ensuite à retrouver un emploi. L’activité a débuté sous le nom « Repérages », mais suite à différents problèmes de gestion, l’activité a failli péricliter.
L’association qui renaît sous une nouvelle identité propose maintenant des vélos venus hollandais, donnant une impression de survoler la ville. Une manière d’oublier la voiture, en réalisant un achat « solidaire ».
Infos pratiques
Cycle & Go
« Des vélos pour petits et grands, réparés par des travailleurs en insertion ».
- 15, rue de l’Abbé Vincent à Fontaine
Grenoble Solidarité Ulisse
« Une ressourcerie implantée dans toute l’agglomération »
- Grenoble Solidarité : 2, rue Hippolyte Muller, à Grenoble
- La brocante de Mamie à Saint Martin d’Hères (17, rue du pré Ruffier) et Échirolles (13, rue Clément Ader).
La Ressource :
« Un marché aux puces permanent où l’on trouve livres, jeux, jouets, meubles, outils, hifi, vêtements, vaisselle, chaussures… »
- 3, rue Emile Zola à Grenoble.
Emmaüs
« La mère de toutes les ressourceries »
- 33, avenue de Valence, à Sassenage
- Emmaüs Connect, 7, allée du Jardin Hoche
La Remise
« Les fripes que l’on peut trouver sur sept sites différents »
- Bee So : 15, rue Jean-Jacques Rousseau à Grenoble
- Le magasin : 29 rue Général Ferrié à Grenoble
- Sélection : 35, rue Général Ferrié à Grenoble
- Le magasin : 122, avenue Jean Perrot à Grenoble
L’Île aux Trésors
« Une brocante de passionnés »
- 2, place des tilleuls à Grenoble
L’Office des curiosités
« Un lieu réduit rempli jusqu’à ras bord d’objets variés »
- 35, rue Thiers à Grenoble
Le fil rouge
« Les vêtements des années 70 retrouve une nouvelle, et belle, vie. En plus, le magasin fait aussi bar. »
- 1, rue Gabriel Péri, à Grenoble
Vintage by Fabichka
« Chiner tranquillement du mobilier et des objets déco vintage, rétro, old-school, voir kitch. »
- 22, rue Charrel, à Grenoble
Troc'Mod
Magasin d'articles d'occasion
- 3 Avenue Rhin et Danube
Le Pêle-Même
Boutique solidaire gérée par la Régie de Quartier Villeneuve.
- Place du marché de la Villeneuve.
Ma Petite armoire
Créé par la Croix Rouge. Vêtements d'occasion sélectionnés, invendus de magasins, jouets...
- 5, rue Maginot à Grenoble
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