Chaque année, c’est l’un des bâtiments lyonnais les plus visités durant les Journées européennes du patrimoine. Mais connaît-on réellement l’histoire de l’Hôtel de Ville ?
Et si le maire de Lyon siégeait aujourd’hui au Musée de l’Imprimerie ? C’est peut-être depuis là qu’il gérerait les affaires de la cité sans la construction de l’Hôtel de Ville. Entre 1604 et 1655, c’est en effet dans l’Hôtel de la Couronne (actuel siège, donc, du Musée de l’Imprimerie) que se réunissaient les consuls de Lyon, c’est-à-dire les notables, bourgeois et marchands qui dirigèrent la ville (de façon plus ou moins indépendante de la monarchie selon les époques) entre 1320 et 1790. En 1646, ceux-ci estimèrent que le bâtiment, trop petit, ne leur convenait plus ; ils le vendirent alors pour 52 000 livres et confièrent à l’architecte Simon Maupin la tâche de construire avec cette somme un Hôtel de Ville digne d’une cité prospère.
Les travaux durèrent 26 ans et ne s’achèverent qu’en 1672, après la mort de Maupin. Las, deux ans plus tard, le bâtiment fut ravagé par un incendie. Faute d’argent, il ne fut restauré qu’à partir de 1701. Durant la Révolution, alors que Lyon s’opposait au gouvernement révolutionnaire parisien, il fut bombardé et gravement endommagé par les troupes de la Convention (août-octobre 1793). Dix ans plus tard, le 14 juillet 1803, des lampions allumés sur la façade à l’occasion de la Fête nationale déclenchèrent un second incendie. L’Hôtel de Ville fut alors progressivement restauré tout au long du XIXe siècle, jusqu’à prendre l’apparence qu’on lui connaît aujourd’hui.
Sculptures chargées d’histoires
Il faut bien une visite guidée entière pour découvrir toutes ses particularités remarquables, ses différents salons, ses décors (de soieries, bien sûr), ses peintures… Parmi les ornementations les plus marquantes figure le cyclope à trois yeux qui se dresse depuis 1883 dans une des niches de la cour d’honneur. Une légende prétend que son sculpteur, Lucien Pascal, l’aurait par erreur représenté avec deux yeux, et qu’il fallut lui en rajouter un en catastrophe au milieu du front ! En réalité, les représentations des cyclopes avec trois yeux sont courantes et c’est bien ainsi que Lucien Pascal avait conçu son oeuvre dès le départ.
En revanche, le fronton de l’Hôtel de Ville, lui, a bel et bien subi des modifications. À l’origine, il était orné d’une statue équestre de Louis XIV, installée en 1704 et détruite durant la Révolution en 1792. De 1793 à 1810, elle fut remplacée par une composition en plâtre intitulée “Liberté et Égalité”. Ce n’est qu’en 1829 que fut installée la statue équestre de Henri IV que l’on peut voir actuellement, et qui commémore le mariage du “bon roi Henri” avec Marie de Médicis à Lyon en 1600.
Défilé d’hommes d’État
En tant que centre du pouvoir politique à Lyon, l’Hôtel de Ville a vu défiler de nombreux grands de ce monde. Et pas seulement les maires ou les Présidents de la République ! En 1658, Louis XIV a pu y admirer les peintures à sa gloire fraîchement réalisées. Le premier consul Bonaparte, qui entretenait un lien affectif très fort avec Lyon, y a logé deux semaines en janvier 1802 et son neveu Napoléon III y est venu plusieurs fois entre 1856 et 1865. Le 14 septembre 1944, le général de Gaulle vint saluer depuis le balcon une foule immense rassemblée place des Terreaux.
Plus près de nous, l’Hôtel de Ville a également accueilli les dirigeants des sept pays les plus industrialisés lors du G7 de Lyon, en 1996. Pour l’occasion, il avait subi une rénovation pour un coût total de 10,5 millions de francs. De quoi redonner tout son éclat à cet édifice, qui s’impose décidément comme l’une des constructions les plus emblématiques du paysage urbanistique lyonnais.
Crédits photo : Julien Moutonnet - FlickrInfos pratiques
Journées européennes du patrimoine, les 15 et 16 septembre / www.jep.grandlyon.com
L’Hôtel de Ville de Lyon, ouvrage collectif, éditions de l’Imprimerie nationale, 1998
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