D’Eybens à Grenoble, c’est le dernier torrent qui traverse la vallée, sur 6 kilomètres, avant de rejoindre l’Isère. On l’oublie presque, le Verderet, puisqu’il a été artificialisé à l’extrême. Il n’en reste pas moins un vif souvenir de la puissance des éléments.
La vallée est un gigantesque delta, réunissant les trois rivières, dont le Drac, qui s’étend en plusieurs bras. Une multitude d’autres ruisseaux et torrents descendent des montagnes et forme le paysage grenoblois, il y a quelques millénaires.
L’homme, n’étant pas réputé pour être amphibie, a tout de même choisi cet emplacement précis pour poser ses huttes. Il s’est donc employé à artificialiser les sols et à assécher les différents cours d’eau et les marais. Or, le Vederet est l’un, voire le dernier ruisseau de Grenoble, a avoir réchappé à la nécessité humaine de maîtriser les flots. Enfin, n’exagérons rien : le Verderet n’est pas sorti indemne des derniers siècles.
La maîtrise totale
Au XIXe, le Verderet est alors un torrent qui déborde pas mal, et qui traverse Grenoble. Il coule encore sur 3 m au début du XXe, mais provoque de nombreuses épidémies : le gros ruisseau est devenu une sorte d’égout à ciel ouvert lors de l’industrialisation de la ville.
Ainsi, à la suite de politiques hygiénistes, il est en partie (puis sur tout son long) recouvert. Aujourd’hui, il n’apparaît qu’une fois dans la ville : au Musée de Grenoble, lorsque le filet d’eau se jette dans l’Isère. Une vie souterraine finalement récente qui caractérise bien la relation crispée qu’ont les Grenoblois avec l’eau.
La fin d’un torrent
L’aventure du Verderet commençait pourtant sauvagement. Au nord de Brié-et-Angonnes, au lieu-dit Tavernolles, plusieurs ruisseaux importants se rejoignent : celui de Laprat et celui de la Gorge du Moulin vont ainsi former le Verderet.
Son lit le mène à Eybens, où le ruisseau est particulièrement surveillé. En effet, l’impétueux n’a pas dit son dernier mot. L’inondation du 24 décembre 1968 lamine le bourg avec 50 cm d’eau. En 1991, rebelote, un peu moins fort. Pour maîtriser le flux, les installations se sont multipliées.
Il passe d’abord par quatre bassins de désensablement et de désengravement, qui permettent de clarifier l’eau. Plus loin, il coule dans la ville dans un lit artificiel, non loin du vélodrome qui peut servir de bassin de rétention (son utilité fut vérifiée lors de la crue de 1991).
C’est le premier lieu de débordement (18 000 m3) possible pour le Verderet. Plus tard, le Verderet suit l’Avenue d’Échirolles, et se distingue avec les arbres abreuvés par ses eaux. L’autre parc de rétention se trouve à l’Ouest, au parc des Ruires, qui peut recueillir 55 000 m3 d’eau
Il disparaît
Après cette bouffée d’air, le ruisseau se dirige vers la ZA des Ruires, où il fait partie des décors. En ce début d’été, les berges sont florissantes et les hautes herbes le font disparaître. Jusqu’au long tunnel. Ainsi, avant de s’engouffrer dans l’égout de 2,5 m de large, il est une dernière fois filtré.
Du polystyrène et emballages plastiques y sont retenus, tout comme les déchets végétaux, qui pourraient obstruer ce ruisseau que l’homme s’est approprié. C’est à se demander dans notre toute puissance, si nous n’aurions pas dû le dessécher. Pour finir le travail, en somme !
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