Se blesser ou se perdre dans un milieu montagnard sauvage et isolé peut vite prendre une tournure dramatique et alarmante. Comment gérer son stress ? Comment réagir ? Quels sont les bons réflexes ? On a interrogé Denis Tribaudeau, spécialiste de la survie dans tous les biotopes du globe.
Denis Tribaudeau, quelles sont les caractéristiques de l’étage alpin ? (entre 2200 et 3000 m d’altitude, ndlr)
C’est un des milieux les plus dangereux au monde. N’importe qui peut y accéder assez facilement en voiture et se retrouver ainsi à arpenter, sous équipé, ce milieu exigeant. Les risques d’accident augmentent alors et le moindre aléa peut vite devenir dramatique car on n’a rien pour y parer. Les dangers sont nombreux : si la météo est défavorable, le froid arrive très vite, il y a le risque de glissade quand c’est humide ou sur les névés, les dangers liés aux chutes de pierre. On peut aussi facilement se perdre. Tout cela ensemble augmente les risques de se retrouver dans une situation de survie.
Que préconisez-vous alors ?
On peut déminer 99% des situations de survie à venir dans la préparation. Il faut déjà être prêt physiquement, c’est important, en ayant fait quelques randonnées ou des sorties vélo. Il faut aussi vérifier très sérieusement la météo et prendre l’essentiel dans son sac. Le téléphone portable est le meilleur outil de survie qui soit. Il peut vous sortir de la merde 90% du temps mais il faut penser à donner le code PIN à ses compagnons. Deux sources de feu sont indispensables : un briquet et un firesteel. Le briquet est plus simple mais peut ne plus fonctionner à cause de l’humidité ou du froid, alors que le firesteel marche à tous les coups. On pensera à prendre une bâche la plus colorée possible. Elle servira à faire un abri pour la pluie, à se protéger du vent et permettra d’être vu de très loin. Enfin un couteau et des pastilles pour purifier l’eau sont très utiles. Dans le cadre de la randonnée sauvage, il est très important d’informer le plus précisément possible son entourage de son itinéraire. Si jamais vous n’avez aucun recours pour appeler les secours, seul l’entourage saura où vous avez disparu. Donnez une heure d’arrivée n’est pas une bonne idée. Si jamais vous êtes en retard pour une raison ou une autre, vous allez vouloir vous hâter et les risques d’accidents augmentent. C’est pour cela qu’il faut partir le plus tôt possible et avoir une marge de manœuvre confortable.
Si une situation de crise survient, quels sont les bons réflexes ?
Que l’on se perde ou que l’on se blesse, le stress va surgir et vous empêcher de réfléchir correctement. Pire, il pourrait vous faire prendre de mauvaise décision, perdre vos moyens, vous énerver contre vos compagnons. Souvent c’est le leader ou l’organisateur qui ramasse alors qu’il faudrait l’encourager. Première chose : arrêtez-vous, posez-vous, respirez pendant une minute, faites descendre votre rythme cardiaque. Pour faire travailler correctement son cerveau et trouver la moins pire des solutions, il faut être calme, éviter le phénomène de tunnelisation, c’est-à-dire quand on se focalise sur un problème qui n’est pas le bon. Il faut faire confiance au collectif pour trouver des solutions, que chacun mette de côte son angoisse, ses peurs, ses bobos et qu’il réfléchisse à ce qu’il peut faire d’utile pour le groupe et mettant les problèmes dans le bon ordre. Il faut croire en ses capacités intellectuelles et physiques et en celles des autres, et là, c’est quasiment gagné.
L’art de la survie
Nous avons délaissé l’aspect pratique de la survie : construire un abri, lutter contre le froid ou la chaleur, allumer un feu, se signaler et se déplacer, etc. Cela nécessite bien plus qu’un simple article. On trouve de nombreux conseils et techniques sur internet ou dans des livres comme celui écrit par Denis Tribaudeau : Survie mode d’emploi aux éditions Courrier du livre. Denis Tribaudeau organise et encadre des stages de survie en France et dans tous les biotopes du globe. Ses conseils dans cet article s’ajoutent bien entendu à une randonnée très organisée, avec le bon équipement, et au traditionnel sac bien préparé du randonneur (avec fond de sac, carte, boussole, eau, nourriture, affaires chaudes, etc). Faire appel à un guide ou à un accompagnateur pour apprendre et connaître la montagne, ou envisager une course délicate, est la meilleure des protections possibles.
> www.stage-survie-tribaudeau.com
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