À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, jeudi 8 mars, partons à la recherche des lieux qui rappellent la mémoire des Lyonnaises célèbres.
2 % ! En France, seules 2% des rues portent le nom d’une femme. Ce simple chiffre, appuyé par de multiples travaux (comme ceux, par exemple, du géographe Yves Raibaud, qui montrent que l’espace urbain est conçu et aménagé par et pour les hommes), suffit à mettre en évidence combien l’histoire des femmes (et la mémoire de cette histoire) est encore à la traîne dans notre pays, en dépit des recherches de précurseuses, comme l’historienne Michelle Perrot. C’est pourquoi il faut chercher un peu pour trouver des traces des Lyonnaises (célèbres ou anonymes) qui ont fait l’histoire de la ville.
L’une des plus visibles (même si on ne connaît pas toujours son sens !) trône sur la place Louis Pradel. Cette dernière est ornée en son centre d’une sculpture de Jean-Robert Ipousteguy représentant la plus grande poétesse de Lyon, Louise Labé (1524-1566), accompagné de son contemporain, également poète et Lyonnais, Maurice Scève. Leur imprimeur, Jean de Tournes, a droit à sa rue dans la Presqu’île.
Non loin de la place Louis Pradel, c’est dans un immeuble situé place des Terreaux (celui qui fait face à l’Hôtel de Ville) que vécut, trois siècles après Louise Labé, une autre poétesse : Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859). La médiathèque de Vaise (9e arrondissement) porte aujourd’hui son nom.
À proximité, au n°13 de la rue Sainte-Catherine, une plaque rend hommage à Marie-Louise Rochebillard (1860-1936), pionnière du syndicalisme féminin (une allée lui est dédiée dans le quartier de la Confluence).
Un peu plus haut, l’ancienne école pour filles de La Martinière est l’occasion de se souvenir de Julie-Victoire Daubié (1824-1874), la première Française à obtenir le baccalauréat, en 1861… à Lyon ! Cette militante pour l’accès des femmes à l’éducation (mais aussi au droit de vote) est honorée par une école primaire dans le 7e arrondissement et par un bâtiment de l’Université Claude Bernard.
Des mesures prises pour féminiser les noms de voies
Juste à côté, place Sathonay, se dressait jusqu’à la Révolution un couvent, dans lequel fut élevée celle qui deviendra la plus célèbre des Lyonnaises : Juliette Récamier (1777-1849) (photo).
Un peu plus en hauteur dans les pentes de la Croix-Rousse, l’Amphithéâtre des Trois Gaules vit le martyre de Sainte-Blandine (vers 162-177).
Plus haut encore, au 10 de la rue des Carmélites, un autre couvent servait au XIXe siècle de lieu de travail pour les ovalistes. Quelques décennies après la révolte des canuts, ces ouvrières de la soie se mirent en grève au début de l’été 1869 pour exiger d’être payée autant que les hommes, soit 2 francs par jour. Une salle municipale (6 impasse Flesselles) rend hommage à leur combat.
On le voit, les Lyonnaises qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la ville sont nombreuses. Pourtant, la mémoire collective ne leur fait pas encore suffisamment justice, comme en témoigne par exemple la fameuse fresque des Lyonnais (Lyon 1er), qui ne compte que six femmes pour trente hommes.
Les autorités municipales semblent pourtant prendre conscience de cette occultation de la moitié de l’Humanité et tentent parfois d’y remédier. Ainsi, depuis 1995, le 8e arrondissement est à la pointe du combat pour une meilleure visibilité de l’histoire des femmes et «saisit toutes les occasions qui lui sont données pour féminiser les noms de voies, d’espaces ou d’équipements publics», comme l’explique la mairie sur son site Internet. Tout n'est pas perdu donc.
Crédits photo : Née à Lyon, amoureuse des arts, Juliette Récamier (ici peinte par François Gérard en 1805) accueillit dans son salon parisien, entre le Directoire et la Monarchie de Juillet, les plus beaux esprits de son époque. - DRInfos pratiques
L’association Filactions, qui milite pour l’égalité entre les sexes, et particulièrement contre les violences conjugales, organise régulièrement des visites guidées (gratuites) dans Lyon, pour partir durant une heure et demie sur les traces des Lyonnaises célèbres ou anonymes qui ont fait l’histoire de la ville. Plusieurs ont déjà eu lieu à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ou pour les Journées du patrimoine. Pour être informé de la prochaine visite guidée, rendez-vous sur leur site, www.filaction.org
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